Salle de classe itinérante et connectée, ce container aménagé est un projet conçu par Close The Gap, déployé par Simplon.co et financé par Huawei.
« Notre préoccupation est d’aller rencontrer des publics qui ont besoin des compétences numériques fondamentales pour les leur apporter et peut-être identifier des personnes intéressées pour aller plus loin, sur un métier du numérique », a confié à Solutions Numériques Guillaume Trouille, directeur de Simplon.co Hauts de France, première région où le DigiTruck est mis en oeuvre depuis ce mois-ci. « La crise sanitaire nous a montré que la fracture numérique est de plus en plus importante et nous essayons de mettre en place un maximum d’actions dans les quartiers prioritaires de la ville, ou à destination des jeunes ou encore des personnes de plus de 70 ans. On sait que ces publics ont parfois du mal à accéder à Internet, n’ont pas forcément les équipements et ne savent pas vraiment les utiliser ». Il s’agit également de réduire les inégalités face à l’emploi des personnes éloignées géographiquement ou matériellement du numérique.
Le DigiTruck dispose de 20 postes de travail équipés de tablettes et de claviers, d’un réseau local, d’un rétroprojecteur, ainsi que de smartphones Huawei. ATRenew, une plateforme axée sur le recyclage d’appareils numériques, a fait don des tablettes et smartphones. L’installation est alimentée par l’énergie solaire grâce à des panneaux installés sur le toit du camion.
Des cours d’une heure et demie à deux heures sont dispensés trois à quatre fois par jour par un formateur de Simplon.co. Ils permettent notamment aux élèves d’apprendre comment bien utiliser un service de messagerie, une clé USB, joindre une pièce à un e-mail, rejoindre une visioconférence ou encore quelles techniques suivre pour mettre en forme un CV ou un document administratif…
Les Hauts de France et l’IDF pilotes du DigiTruck
Pourquoi le choix des Hauts de France pour commencer la tournée ? « C’est une terre d’innovation avec des agglomérations et des collectivités très intéressées par ce type d’action qui permet de reprendre contact avec les publics, explique Guillaume Trouille. Quand on a imaginé les premières régions pilotes avec Huawei, deux d’entre elles nous ont paru prioritaires : les Hauts de France où la Digitruck va faire 9 étapes de juillet à novembre, puis l’Ile de France ». En 2022 le DigiTruck parcourra de nouvelles régions de France.
Simplon.co travaille déjà avec les Hauts de France dans le cadre du plan régional de formation en groupement avec le GRETA. « Nous avons tout un programme pour former les demandeurs d’emploi à la programmation, aux réseaux mais aussi à des domaines comme l’intelligence artificielle ou la cybersécurité », indique-t-il.
Le DigiTruck, qui est en train de se modéliser en Hauts de France, fait l’objet d’une préparation avec chaque collectivité au moins deux mois avant son arrivée sur les lieux.
« Nous rencontrons les différents partenaires, Pôle emploi, les missions locales pour les jeunes mais aussi tous les acteurs de proximité situés à quinze minutes autour du truck, puisqu’on sait qu’au delà il est compliqué pour les publics de se déplacer, explique Guillaume Trouille. Nous proposons ces ateliers qui complètent les actions de sensibilisation déjà existantes en essayant de toucher par le côté événementiel du DigiTruck des personnes qui ne sont pas déjà en contact avec le centre communal d’action sociale, la maison de quartier ou l’association de proximité ».
Mobiliser les publics éloignés du numérique
Cependant, Guillaume Trouille en fait le constat, mobiliser le public reste compliqué. « Le numérique est un peu lointain, il paraît surtout inaccessible par son côté technologique alors qu’on le voit bien, dès qu’on commence à le pratiquer, les notions s’apprennent assez facilement. Proposer ces ateliers demande donc un gros travail de mobilisation en amont des acteurs des quartiers. Ensuite, certains publics viennent spontanément par le bouche à oreille ou par curiosité ».
Entreprise sociale internationale, Close The Gap exploite déjà des DigiTrucks au Kenya, en Afrique du Sud, en Tanzanie et en RDC. Selon la société, le plus grand avantage du Digitruck est la possibilité de cibler des communautés difficiles à atteindre en terme de géographie (régions éloignées) ou d’isolement social. Nul besoin d’électricité, de connectivité, ni d’infrastructure pour organiser des classes informatiques avec ce camion itinérant autonome.
Patricia Dreidemy