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Agir face à un monde qui change

Assurer la croissance d’une entreprise dans un contexte incertain requiert des expertises commerciales et techniques pointues

L’accélération numérique et l’innovation technologique en continu caractérisent notre époque. Celle de la diversification des missions pour une même fonction et des environnements professionnels en mutation. Les nouvelles régulations se substituent à un rythme effréné aux plus anciennes voire parfois se juxtaposent. Les injonctions sont incessantes et les changements de stratégie se multiplient. Face à ces bouleversements, l’agilité des managers devient clé pour la survie des organisations. Plus une situation devient complexe et incertaine, plus l’homme retrouve sa place par son aptitude à décider dans un contexte fluctuant.
Acteur clé de ces bouleversements, Didier Lejeune, PDG du 1ergroupe informatique privé d’Europe, nous livre son témoignage et son analyse.

À la Direction Générale de SCC depuis 2000, quel regard posez-vous sur ces 20 dernières années ?
Au-delà d’une accélération, nous avons assisté à une véritable révolution soutenue par des changements technologiques rapides et sans précédent, qui ont permis à l’ensemble des entreprises de ce secteur économique de se développer.
Le monde de l’IT et de la high-tech a énormément évolué. Nous sommes passés d’une informatique qui était considérée comme un outil d’automatisation des processus, un centre de coûts, à une informatique qui est un outil stratégique. Il s’agit désormais d’un support essentiel de la transformation digitale de nos entreprises, d’un élément clé du développement et même de la survie de celles-ci.

Dans ce nouveau paysage, quelles principales innovations retenez-vous ?
Tout d’abord l’apparition et le développement de l’internet, qui a été possible grâce à un déploiement extraordinaire des réseaux, notamment grâce à la fibre optique. Le développement de la mobilité va encore s’accélérer avec l’apparition de la 5G. Tous les utilisateurs souhaitent dorénavant avoir accès à leurs applications de n’importe où et à n’importe quel moment.
La dématérialisation, et plus spécifiquement l’avènement du cloud, a permis aux entreprises d’utiliser des solutions d’infrastructure sans les posséder. Les données ainsi stockées deviennent disponibles partout et à tout instant, à condition de disposer d’une simple connexion Internet. Le développement de l’intelligence artificielle et du machine learning, la voiture connectée bientôt autonome, le management de la donnée et l’émergence des data scientists, sont autant d’innovations annonciatrices d’une nouvelle ère. N’oublions pas également le développement de l’IoT, l’internet des objets, troisième révolution de l’internet, qui va amener des avancées importantes dans l’industrie, les transports, l’environnement, l’e- santé ainsi que le développement des smart cities.
Durant toute cette période, nos clients ont considérablement évolué tout comme SCC.

Quid des réseaux sociaux ?
L’accélération de la circulation de l’information et l’apparition des réseaux sociaux professionnels ont des répercussions sur le fonctionnement des entreprises, notamment sur leur communication. Ils offrent également l’opportunité de valoriser la marque employeur et de faciliter le recrutement de nouveaux talents.
Il est donc désormais impératif d’inclure dans sa charte de communication un volet médias sociaux qui doit être évolutif et encadrer l’utilisation de ces nouveaux médias au sein de l’entreprise. Il doit s’appliquer aux canaux officiels de la marque ainsi qu’à l’utilisation personnelle et professionnelle de ces réseaux par les employés.

Comment SCC s’est adapté à ces bouleversements ?
Durant cette période, le chiffre d’affaires de SCC a été multiplié par 3. Les effectifs ont plus que doublé. Nous avons crû chaque année sans discontinuer. Nous sommes aujourd’hui le leader incontesté de notre marché et l’acteur de référence dans un certain nombre de domaines.

Pourquoi ?
Nous avons tout d’abord une très bonne lecture du marché, de ses tendances et des opportunités nouvelles qui se présentent. Nous participons aux boards partenaires des principaux constructeurs IT et des éditeurs au niveau mondial, et pouvons discuter en amont des stratégies et des programmes. En fonction de ces tendances, nous investissons donc sur de nouvelles technologies ou de nouveaux domaines, à travers des Business Unit innovation ou incubation, qui ont une grande liberté de développement et de moyens. Quand le marché considéré gagne en maturité, nous redéployons les équipes dédiées dans les structures adéquates de SCC, en accroissant notre niveau d’expertise et le nombre de collaborateurs certifiés. Cette méthode nous permet d’être extrêmement agiles et de nous adapter à l’évolution de la demande client.
Un facteur clé de succès est notre appartenance à un groupe familial international, le groupe Rigby. Cela nous donne une vision stratégique à moyen terme qui n’est pas obsédée par les résultats à très court terme comme beaucoup d’acteurs dans l’IT. Nous sommes également un observatoire de choix de la qualité des solutions informatiques proposées par les différents constructeurs, car nous comptons plus de 6000 clients en France.

Quels sont les atouts du groupe que vous dirigez ?
L’évolution du marché va d’un marché d’investissement vers un marché de consommation à l’usage, un marché « as a Service ». Outre, analyser les offres de nos principaux partenaires, nous pouvons proposer une offre originaire alliant les meilleures technologies du marché. Depuis des années, nous avons développé les capacités industrielles constituant une telle offre : des architectures de haut niveau, des capacités de déploiement nationales et internationales, des capacités de maintien en conditions opérationnelles et de services via notre filiale Flowline technologies, ainsi que des solutions de financement interne avec notre filiale Rigby Capital.
Enfin, des capacités d’économie circulaire à travers notre filiale entreprise aidée Recyclea. Nous sommes en mesure soit de reconditionner les produits pour les redéployer chez des clients souhaitant acquérir des matériels de 2ème main, soit de les détruire en respectant les normes écologiques de traitement des matériaux.

Comment concilier transformation numérique et informatique écoresponsable ?
Principalement par la prise en compte des impacts sociaux et environnementaux, tels que la durée de vie des équipements et leurs empreintes environnementales. Ainsi, nous accompagnons nos clients sur des stratégies d’économie responsable pour renforcer leur performance, tout en en facilitant leur transformation digitale. Nos propositions mettent en œuvre des solutions basées sur l’économie de fonctionnalité privilégiant l’usage à la possession, ainsi que sur la gestion de la fin de vie des équipements, via notre filiale entreprise adaptée agrée ESUS (Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale). Nos centres de services basés en France proposent un accompagnement lié à ces transformations auprès de nos clients.

Est-il encore possible de comprendre son marché dans un monde incertain ?
Oui bien sûr, mais le marché évolue de plus en plus rapidement. Nous avons besoin d’expertises commerciales et techniques pointues pour nous adapter à ces changements d’environnement. Notre taille, ni trop grande, nous permettant d’être à l’écoute de ceux-ci et d’adapter nos offres de façon extrêmement rapide, ni trop petite, nous permet là aussi de faire des investissements importants, notamment dans des outils puissants (portails personnalisés, EDI…) et sur des technologies émergentes.

Peut-on encore élaborer des stratégies sur le moyen terme ?
Oui, je le pense. Ainsi je vous ai parlé de tendances fortes du marché qui entraînent un adressage différent d’une partie de notre marché. Les organisions spécifiques, les capacités de service nouvelles nécessitent plusieurs années et beaucoup d’efforts dans leur mise en œuvre. Ce sont donc des choix stratégiques sur le moyen terme (3/5 ans), mais avec une adaptation constante à la vitesse de pénétration dans le marché.
Pour élaborer des stratégies, il est nécessaire d’avoir une vision pragmatique à moyen/long terme avec une mise en pratique très concrète, ainsi que des investissements prudents et mesurés au fil des résultats.

Sur un marché en tension, comment palliez-vous au déficit de main-d’œuvre dans le numérique ?
Effectivement le marché de l’emploi est en très grande tension dans le marché IT, particulièrement sur les technologies nouvelles. C’est d’ailleurs mon problème numéro 1 pour développer plus rapidement l’entreprise. Le système éducatif de la France ne produit pas assez d’ingénieurs et de techniciens, particulièrement dans ces domaines. Nous essayons de pallier ces difficultés avec différentes stratégies. La principale est de recruter des alternants qui parachèvent leur formation chez SCC, aussi bien dans les fonctions techniques que commerciales, des niveaux bac +2 jusqu’au master 2. Nous allons ainsi en recruter 100 de plus dans les deux ans et travaillons également sur la création de notre propre école destinée à préparer à des formations diplômantes.

L’incertitude favorise-t-elle l’innovation ?
Oui et non, je m’explique :
• Oui, l’incertitude pousse à entreprendre plusieurs voies d’innovation, car on n’est jamais sûr de celle qui aura le succès escompté.
• Non, car toutes les théories démontrent que l’économie se développe lorsqu’un climat de confiance s’instaure et que les agents économiques sont sûrs du ROI qu’ils auront sur leurs investissements.

En tant que PDG, quels premiers enseignements tirez-vous de cette crise sanitaire ?
Il faut être prêt à réagir à de nouvelles réalités qui n’étaient absolument pas prévues, et dont l’importance est considérable pour la société et l’économie. SCC a su faire en amont les investissements nécessaires pour être très résilient.
Par exemple, tous nos centres de service sont dans le cloud. Nous avons donc pu rendre immédiatement le service à tous nos clients, car les agents ont pu travailler de chez eux du jour au lendemain. Il était capital dans tous les domaines du service d’être particulièrement réactif et supportif.

Quels impacts sur votre activité ?
En termes de distribution, nous avons connu une très forte croissance, particulièrement dans le secteur public et sur un certain nombre de grands comptes privés. Les ETI ont été plus prudentes. Certaines ont connu de grosses difficultés. Des secteurs comme l’hôtellerie, l’automobile, l’aéronautique ou encore le voyage ont été considérablement impactés. Si le secteur du service informatique en France a décru, SCC a néanmoins réussi globalement à tirer son épingle du jeu en finissant flat à fin mars

Avez-vous observé une baisse de la productivité ?
Pas vraiment, la productivité a plutôt augmenté lors de la première phase de cette crise. Maintenant, le télétravail devient un poids pour beaucoup et les gens se lassent. On risque d’assister à une chute de la productivité si l’on ne revient pas à des normes de télétravail plus classiques. Il apparaît essentiel d’échanger avec ses collègues et ses managers, pour éviter une baisse de moral et un délitement progressif de l’attachement des salariés à l’entreprise.

Comment avez-vous accompagné vos managers dans ce management en distanciel?
Entre le chômage partiel, les salariés en garde d’enfants, les personnes en maladie et celles en congés, le pilotage de 2500 personnes s’est complexifié. La DRH a mis en place un accompagnement tout particulier des managers via différentes formations.
Ainsi, les managers ont pu s’adapter et l’utilisation accrue d’outils collaboratifs tels que Teams a facilité les échanges. Néanmoins rien ne remplace l’interaction en présentiel, notamment dans des phases de créativité nécessaires à la réponse à des appels d’offres complexes.

Dans un monde post pandémique, les nouveaux modèles d’organisation mis en place vont-ils perdurer ?
Nous avions déjà une politique de télétravail de 2 jours par semaine avant la COVID. Nous allons progressivement revenir à cette disposition initiale. Parallèlement, nous travaillons sur la réorganisation de nos locaux, afin de favoriser davantage le Coworking et le Flex desk.

Au sein de SCC et fort de ces enseignements, comment allez-vous faire évoluer votre entreprise ?
J’ai bâti un business plan jusqu’en 2025. Nous nous engageons dans un important projet de transformation digitale (développement d’un nouveau système de portail, un CRM plus puissant et l’installation d’une solution PIM /Product Information Management). L’objectif est d’avoir un MVP d’ici 6 mois sur un périmètre restreint.
Nous allons également revoir notre système d’information et nos différents processus afin de gagner en efficacité, en agilité et pour servir au mieux nos clients demandant constamment de nouvelles évolutions. Je veux faire prendre de l’avance à l’entreprise par rapport à nos compétiteurs sur ces sujets.