Un projet de recherche appliquée sur l’intelligence artificielle réunit un laboratoire de recherche et la startup Califrais pour optimiser les flux de Rungis.
Un nouveau projet, baptisé LOPF (Large-scale optimization of products flow), vient d’être sélectionné dans le cadre d’un appel à projets par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) qui le soutiendra financièrement pendant cinq ans. C’est un projet d’intelligence artificielle appliquée à l’optimisation logistique en temps réel sous contraintes (date limite de consommation, stockage…). Les données historiques d’achat de la clientèle de la startup Califrais concernant 4 000 références de produits frais vont permettre d’entraîner l’algorithme.
Califrais est une startup d’optimisation des flux logistiques pour la clientèle du marché de Rungis. Elle a été cofondée en 2014 par trois amis, dont Simon Bussy, le directeur technique. Celui-ci avait fait sa thèse de doctorat sur le machine learning sous la direction de Stéphane Gaïffas, enseignant-chercheur en mathématiques appliquées et en sciences des données au Laboratoire de probabilités, statistique et modélisation (LPSM), commun au CNRS et à l’Université de Paris. Ils sont à nouveau réunis dans le projet LOPF.
Simon Bussy explique l’intérêt de ce projet de recherche appliquée pour sa startup : « Nous voulons conserver notre qualité de service, remettre à plat nos méthodes, en créer de nouvelles, plus innovantes avec des experts du champ académique. Notre équipe technique soutiendra les chercheurs d’un point de vue technique, dans la gestion des données. » Stéphane Gaïffas ajoute : « Le laboratoire commun LOPF créé dans le cadre du projet va réunir plusieurs chercheurs du LPSM, des doctorants et post-doctorants, ainsi que Califrais. Les bénéfices seront aussi académiques, grâce aux publications qui seront réalisées. »
Digitaliser la chaîne de valeur de Rungis
Ce projet de valorisation de la recherche scelle ainsi un partenariat entre la recherche publique et une startup innovante. Califrais avait à sa création il y a sept ans fait le constat suivant : la chaîne de valeur de Rungis avait besoin d’être digitalisée pour être optimisée. En effet, les flux de marchandises du marché international de Rungis (Val-de-Marne) sont gigantesques, estimés à trois millions de tonnes par an. Ils portent sur de nombreuses références (produits alimentaires frais, fleurs, plantes, articles de décoration). Califrais a développé quatre objectifs :
– modéliser les flux de données afin de prédire les cours des produits et leur volume de demande ;
– optimiser les stocks et lutter contre le gaspillage alimentaire ;
– émettre des recommandations personnalisées aux clients ;
– modéliser la satisfaction client
Pour ce faire, Califrais a développé des outils fondés sur l’apprentissage automatique et une plateforme web permettant aux clients de passer commande et de se faire livrer en optimisant leurs approvisionnements. Califrais dispose en effet d’une équipe logistique interne et sous-traite une partie du transport.
La startup a 400 clients actifs, essentiellement des restaurateurs, sa cible d’origine. Depuis la crise sanitaire, elle a développé la cible des traiteurs et de la restauration collective. Elle va prochainement viser la grande distribution. « Au lieu de traiter avec six fournisseurs qui ont autant de système de gestion différents, ils passent par la plateforme pour se faire livrer les produits de différents segments (boucherie, crèmerie, produits frais…) », explique Simon Bussy. Nous leur faisons gagner du temps, de l’énergie et de l’argent, en agrégeant les volumes et en mutualisant les livraisons. Dans le cadre de notre développement, le projet LOPF apporte de la valeur à notre entreprise et à ses clients. »
Christine Calais
