Désertées pour des raisons sanitaires nos tours de bureaux seront-elles les vestiges historiques monumentaux du 20e siècle ? Dispersée, sans véritable quartier général, l’entreprise perd-elle son identité et risque-elle de devenir virtuelle ?
Le malaise est net chez les dirigeants, les managers : 37% admettent avoir du mal à maintenir le lien et un esprit d’équipe face au travail à distance généralisé. Car le “travail hybride” va se pérenniser, il amène une métamorphose de l’entreprise elle-même.
Près de 77% des entreprises françaises ont mis en place une politique de travail à distance, contre 15% en 2019. Notons cependant que les salariés français souhaiteraient en moyenne, selon la même étude travailler les deux tiers de leur semaine dans l’entreprise*.
Devenus en majorité des SBF (sans bureaux fixes), nous avons expérimenté que l’on pouvait travailler sans aller au bureau tous les jours. On y venait pour l’ordinateur, le téléphone et les réunions. Maintenant que ces commodités sont possibles à distance, il n’y a pas de raison pour que, dans l’“après-guerre” sanitaire, l’entreprise ne reste pas décentralisée, hybride.
Après la révolution des open space dans les années 80, il est prévisible que les bureaux de 2022 seront réduits en surface, avec un rôle de lieu de rencontre, équipé pour des réunions hybrides, en voix et visio avec les autres membres de l’équipe à distance, et les clients. Partager avec les co-équipiers et avec les managers sera la raison d’être de ces visites au siège, à côté du temps de travail productif à distance. C’est ce lien entre les gens qui permettra à l’entreprise de garder son identité, sa raison d’être, et d’échapper au risque de devenir virtuelle.
Si le premier défi de l’entreprise est de conserver son identité, un second, critique, s’impose en 2021 : résister aux assauts croissants des cyberpirates. Un casse-tête pour les équipes de cybersécurité : comment protéger une entreprise ou le bunker du siège social est remplacé par les domiciles de télétravailleurs dispersés ?
Collaboration et résilience seront les deux piliers de l’entreprise hybride.
Jean Kaminsky,
Directeur de la publication et de la rédaction
jk@solutions-numeriques.com
* Etude européenne d’aout 2020 : Work.Reworked par KRC Research, Boston Consulting Group
