(AFP) – Bouygues Télécom va retirer d’ici à 2028 3 000 antennes de téléphonie mobile Huawei dans les zones très denses en population à la demande du gouvernement français, pour des raisons de sécurité du futur réseau 5G, a indiqué l’opérateur télécom jeudi en présentant ses résultats semestriels.
“Nous n’aurons plus aucune antenne Huawei dans les zones très denses” d’ici à 2028, a expliqué Olivier Roussat, le président de Bouygues Telecom, lors d’une conférence téléphonique avec le patron de Bouygues Martin Bouygues. Cela implique de démonter 3 000 antennes, a-t-il expliqué.
Bouygues Telecom compte au total environ 21 500 antennes aujourd’hui sur le
territoire national, selon les chiffres du groupe. “C’est un démontage qui va se traiter sur une période de huit ans” ce qui est “assez raisonnable en terme d’impact financier dans nos résultats opérationnels“, a-t-il précisé.
“Le gouvernement a choisi une gestion pragmatique, qui laisse le temps aux opérateurs de s’adapter“, a commenté Sylvain Chevallier, spécialiste en télécoms et associé du cabinet conseil Bearing Point. “Mais à terme, c’est clair, il n’y aura plus de Huawei dans le paysage” concerné par la 5G.
Une compensation financière
Bouygues est en train de négocier avec l’Etat une compensation financière pour l’obligation de démonter les antennes existantes Huawei dans les zones très denses, et l’impossibilité d’en installer de nouvelles à ces endroits, a-t-il rappelé.
Huawei, numéro deux mondial du téléphone portable et surtout numéro un des équipements 5G, est dans le collimateur des Etats-Unis qui le soupçonnent d’espionnage potentiel au profit de Pékin. L’administration Trump fait pression sur les pays alliés pour qu’ils renoncent à utiliser ses équipements.
Début juillet, l’agence nationale chargée de la sécurité informatique (Anssi) en France avait fait savoir qu’elle restreindrait fortement les autorisations d’exploitation des opérateurs français partenaires du groupe. Ces derniers avaient alors évoqué la nécessité de démonter leurs équipements actuels en cas d’incompatibilité avec ceux d’autres fabricants.
Pas de Huawei à Strasbourg, Brest, Toulouse et Renne
Dans le détail, Bouygues Telecom, qui n’utilise déjà pas d’antennes Huawei à Paris, ne pourra pas utiliser d’antennes Huawei pour la 5G à Strasbourg, Brest, Toulouse et Rennes, a expliqué l’opérateur. Dans ces villes se trouvent des installations stratégiques pour la France, comme le port militaire et une base de sous-marins nucléaires à Brest, le siège d’Airbus à Toulouse, ou des centres opérationnels clef en cybersécurité à Rennes.
Dans quatre autres villes qu’il n’a pas citées, Bouygues Telecom pourra continuer d’utiliser des antennes Huawei pour la 5G jusqu’en 2023. Pour un autre paquet de neuf villes, le délai est porté à 2025, tandis que sur le reste de la zone très dense, il est porté à 2028.
Dans les zones qui ne sont pas des zones très denses, “a priori l’Etat français n’a pas de contre-indication dans l’usage des équipements Huawei” pour la 5G, a précisé M. Rossat.