(AFP) – Plusieurs médias indonésiens critiques envers la réponse gouvernementale à l’épidémie de coronavirus ont été victimes d’une série d’attaques informatiques, une campagne que la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a qualifié mardi d'”atteinte à la liberté de la presse”.
Les sites d’au moins quatre médias de l’archipel d’Asie du Sud-Est ont été ciblés par ces attaques “sans précédent” qui semblent être destinées à “restreindre les informations critiques et supprimer la liberté de la presse“, a noté la FIJ dans un communiqué. La fédération est “très inquiète de ces hackings et appelle les autorités à mener une enquête approfondie“. “Ces attaques en ligne portent atteinte à la liberté de la presse en créant un climat de peur qui peut déboucher sur l’autocensure“, a-t-elle averti.
Vendredi, le site du média d’investigation Tempo a été remplacé par un écran noir avec l’inscription “hoax” (infox) en lettres rouges, tandis que plusieurs articles critiques envers le rôle des services de renseignement et de l’armée dans la gestion de l’épidémie ont été retirés du site du média en ligne Tirto.
Il n’a pas été possible d’identifier immédiatement les auteurs de ces attaques. Ni la police, ni l’agence de renseignement nationale n’ont répondu aux sollicitations de l’AFP.
L’épidémiologiste indonésien Pandu Riono a également vu son compte twitter attaqué après avoir critiqué un projet de recherche entre le gouvernement et une université qui ne correspondait pas, selon lui, aux standards scientifiques internationaux. L’ambassade d’Indonésie à Canberra a critiqué un média australien la semaine dernière qui avait cité ce spécialiste affirmant que l’archipel pourrait déjà compter plus d’un million de cas de Covid-19, soit plus de six fois les chiffres officiels.
L’Indonésie a enregistré plus de 150 000 cas de Covid-19 et 6 759 morts selon les statistiques officielles, mais les experts estiment que le bilan est sans doute bien plus élevé en raison d’un nombre très limité de tests effectués dans l’archipel.
Le pays de près de 270 millions d’habitants est parmi les plus touchés par la pandémie en Asie et le gouvernement a été durement critiqué pour sa réponse à la crise sanitaire.