C’est l’un des enseignements de l’étude « Le futur du travail vu par les DRH dans l’ère post Covid », menée par l’association nationale des DRH et le Boston Consulting Group après la sortie du confinement.
Réalisée en juin dernier auprès de 458 DRH*, l’étude montre à quel point le confinement a fait bouger les lignes. « Avant, le télétravail était marginal, affirme à Solutions Numériques Vinciane Beauchene, managing director and partner chez Boston Consulting Group. Dans plus de 9 entreprises sur 10, entre 0 et 25 % des salariés le pratiquaient, le plus souvent un jour ou moins d’un jour par semaine. Durant le confinement, 45 % des entreprises ont fait télétravailler entre trois quarts et la totalité de leurs salariés. 84 % des salariés se sont par ailleurs retrouvés en télétravail à temps plein ».
Les salariés éligibles ont basculés en télétravail en quelques jours et après ce « test » de deux mois contraint par la crise, le verbatim des entreprises sur le télétravail a radicalement changé. Beaucoup de directions qui y étaient opposées avant le confinement y sont maintenant favorables.
« Il faut cependant prendre en compte le caractère exceptionnel de cette période particulièrement anxiogène et ne pas en tirer trop de conclusions sur l’organisation du télétravail demain », déclare Vinciane Beauchene.
Revoir à la hausse la part des activités en télétravail
Pour 85 % des DRH interrogés, le développement du télétravail de façon pérenne est souhaitable. Tandis que 82 % envisagent de revoir à la hausse la part des activités dans l’entreprise susceptibles d’être effectuées à distance. « La capacité à télétravailler est plus ou moins forte selon les postes, explique Vinciane Beauchene. Du côté des fonctions support, on a su monter très haut (40 % avant la crise et 85 % pendant le confinement). Mais à l’autre bout, pour tout ce qui est production et logistique, il est beaucoup plus difficile de télétravailler (12 % et 36 %) ».
A terme, 60 % des entreprises prévoient de faire télétravailler plus d’un quart de leurs effectifs, avec en moyenne un minimum de 2 jours de télétravail. « Cela suppose bien sûr de repenser l’organisation du travail pour bien tirer parti des espaces de travail, quand les gens sont en présentiel, et des activités pouvant être menées à distance », souligne Vinciane Beauchene.
Les managers devront donner du sens et motiver
Le développement du télétravail est avant tout motivé par les attentes des collaborateurs (93 %), l’augmentation de la productivité (64 %) et la réduction de l’empreinte carbone de l’entreprise (61 %). Le motif de développer le recours à une main d’œuvre plus flexible n’est cité que par 11 % des DRH interviewés.
Presque 9 DRH sur 10 mettent cependant en exergue le risque de perte du sentiment d’appartenance à l’entreprise et le danger de plus faible cohésion entre les salariés pouvant télétravailler et les autres. Les DRH s’accordent (93 %) sur le fait que le télétravail va profondément bouleverser les pratiques managériales de l’entreprise et que le manager aura un rôle fondamental à jouer dans cette refondation. 82% des DRH estime que son rôle de donner du sens et de motiver sera très important.
* Etude menée du 2 au 17 juin, principalement dans des entreprises de taille importante par rapport à la moyenne française (52 % du panel a plus de 300 salariés) comprenant une proportion de cadres assez élevée.
Auteur : Patricia Dreidemy