(AFP) – L’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT et CFTC d’Alcatel-Lucent, filiale française de Nokia, s’est dite lundi prête à “se bagarrer” pour sauver les 1 233 emplois que l’équipementier télécoms finlandais veut supprimer et sera reçue mardi à Bercy, a-t-elle indiqué lors d’une visioconférence de presse.
“Aujourd’hui, la question, c’est la bagarre pour contrecarrer ce plan“, a déclaré Bernard Trémulot de la CFDT. A Lannion (Côtes-d’Armor), l’un des deux sites touchés par la restructuration annoncée lundi, les salariés sont “encore tous en télétravail“, mais “on va mobiliser, leur demander de revenir sur le site pour montrer qu’on ne va pas se laisser faire“, a-t-il ajouté.
Alors que plus de la moitié des postes du site breton doivent être supprimés (402 sur près de 770), “c’est la mort du site qu’on est train de programmer, on ne peut pas l’accepter”, a-t-il poursuivi. “On va faire revenir nos collègues sur site pour des actions syndicales
fortes“, a indiqué Claude Josserand (CGT), qui prône, “pour commencer, l’arrêt de tout l’extra de travail du soir, du week-end, des 2X8“.
Deux manifestations prévues
L’intersyndicale prévoit deux manifestations, l’une à Paris, l’autre à Lannion, à “des dates pas encore fixées“, a précisé Pascal Guihéneuf (CFDT). “On va à la bataille”, a-t-il promis. Concernant le rendez-vous mardi après-midi, “c’est Bercy qui nous invite. Si c’est pour boire le thé et ne rien faire, on sera en colère“, a-t-il prévenu.
L’annonce de ce quatrième plan social depuis le rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia en 2016 a été “vraiment un gros coup de massue“, a-t-il souligné. Les suppressions d’emplois prévues concernent “essentiellement la recherche et développement (R&D)“, a-t-il relevé. Les plans précédents prévoyaient “autour de 400 suppressions” de postes et “pas de suppressions d’emplois en R&D“, mais “là c’est 1 200 postes” supprimés, dont “1 000 en R&D”, a-t-il noté. Frédéric Aussedat (CFE-CGC) a précisé que “83% des suppressions d’emplois” concernaient la R&D, une proportion qui atteignait “95% à Lannion et 77%” sur
le site de Nozay (Essonne), le second touché par le plan.
“L’avenir des sites reposait sur la 5G” et “la cybersécurité” or “on licencie en plein dans la 5G” et “Lannion est décapité au niveau de la cybersécurité. Toutes les promesses d’avenir qui avaient été faites sont en train de se volatiliser“, a-t-il protesté, en attendant de Bercy “des actes”.
L’inquiétude pour les sous-traitants
L’entourage de la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher a précisé que les syndicats seraient reçus par son cabinet. Le maire de Lannion (20 000 habitants) Paul Le Bihan (PS) s’est montré très inquiet. Nokia, “c’est un des piliers de l’économie locale, d’autant qu’il y a des sous-traitants. C’est tout le tissu industriel du coin qui prend une claque“, a-t-il déclaré à l’AFP. “Ça pose la question de la survie de Nokia à Lannion“, a-t-il poursuivi. L’élu s’étonne d’autant plus de cette décision que “le site (de Lannion) a été quasiment refait à neuf il y a deux ans: ils y ont investi 30 à 40 millions. Ça pose aussi la question de la stratégie du groupe“, a-t-il estimé.