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Les compétences, point clé

Toutes les ESN sont confrontées à des difficultés de recrutement et à la question de la fidélisation, à l’heure où les talents technologiques, très bien payés du fait de leur rareté, peuvent espérer trouver mieux ailleurs.

Guy Manou-Mani

Il faut donc chouchouter les collaborateurs. Guy Manou-Mani rappelle que toutes formations en technologie confondues (ingénieur, BTS, université, etc.), près de 25 000 personnes arrivent sur le marché de l’emploi chaque année, alors que la demande est située entre 40 000 et 50 000. Il note donc « depuis 10 ans, un déficit de 20 000 personnes par an. » Il relève également l’inadéquation du contrat de travail avec de nouvelles formes d’emploi, lui qui a été confronté à la difficulté de faire travailler des free-lances à temps plein, qui, selon l’administration, devaient être considérés comme des CDI. Pour faire face au turn-over, trouver des talents et garder ses collaborateurs compétents, le groupe Open a augmenté les budgets de formation de 30 %. Et, Guy Manou-Mani compte aussi « développer des partenariats avec la Grande Ecole du Numérique et en particulier Simplon pour chercher d’autres types de compétences » et, au passage, convaincre des jeunes-femmes de se lancer dans ces carrières du numérique.

Si les ESN veulent garder leur expertise, le nerf de la guerre c’est le recrutement, ainsi que la formation continue des collaborateurs. « Cela nous demande une grande énergie et des investissements, les technologies évoluant constamment », indique Xavier Raymond.

Pierre-Louis Biaggi

Les compétences et leur évolution sont clés, estime également Pierre-Louis Biaggi. « Nous avons des écoles de formation interne », explique-t-il, rappelant le lancement récent d’une école de la data chez OBS. Des ingénieurs voulant devenir des data ingénieurs ou des data scientists suivent un programme de formation assez long de 12 à 18 mois, alternant projet client et cycle de formation.

OBS propose également des parcours professionnels internes, un collaborateur pouvant passer de la data au Cloud, puis à la cybersécurité par exemple, « C’est une de nos forces d’attractivité ». Le dirigeant assure également : « On attire nos talents car on se positionne sur des solutions technologiques sophistiquées et avancées (IA, cloud native application, edge computing, apisation…) », l’activité Recherche et Développement, forte au sein du groupe Orange, les alimentant dans ce sens.

Olivier Pouligny

Olivier Pouligny, le directeur général d’Umanis, indique que l’ESN va recruter cette année 1 000 collaborateurs, autant que l’an dernier, alors qu’il en regroupe au total un peu plus de 3 000, et cela « pour faire face au turn-over et réaliser de la croissance ». « On a beaucoup travaillé sur la qualité de vie au travail ces dernières années », précise le dirigeant, listant la création de crèches, la possibilité de télétravail ou encore le mécénat de compétences. François Binder, précise de son côté que l’ESN a accéléré fortement la formation sur les domaines agile et devops, avec un LMS (learning management system) interne. « Plus de 40 % des formations et des certifications l’an dernier portait sur le framework agile SAI (scaled agile framework, l’agilité à l’échelle) » qui permet la transformation du SI en mode agile au niveau des entreprises. La HSC a, elle, de son côté créé une quatrième société dans le groupe, My Campus, un organisme de formation et de certification, pour, notamment, garder ses collaborateurs aux compétences très pointues.

« Notre seul actif, ce sont nos consultants », rappelle Arnaud Gauthier, qui vise 1 000 collaborateurs pour 2021. Il est une des rares entreprises du secteur à équilibrer la part de femmes et d’hommes dans ses équipes. Il accompagne leurs carrières par des formations internes, basées sur des retours d’expérience, et externes sur des sujets technologiques. 250 des consultants et 100 % du management sont certifiés sur les méthodes agiles, alors que 35 % des projets de l’ESN le sont dans cet environnement. Mc2i a cette particularité également : 85 directeurs et managers sont associés et contrôlent le capital de la société. Au final, le turn-over est assez bas, entre 10 et 15 %.

 

Deux points majeurs restent à développer chez les ESN, pour répondre aux enjeux sociétaux : l’éthique concernant l’utilisation de la donnée et la responsabilité environnementale, afin de limiter l’impact du numérique sur le changement climatique.