Selon une étude récente d’Indeed sur les Français et l’intelligence artificielle, 41 % des personnes interrogées considèrent qu’une IA serait au moins aussi compétente qu’un humain, voire davantage, pour évaluer leur personnalité lors d’un entretien d’embauche.
Plus de quatre Français sur dix ne considèrent pas qu’un humain soit plus perspicace qu’une intelligence artificielle en matière de relations humaines. C’est l’un des résultats surprenants de cette étude au cours de laquelle les 1 940 répondants ont notamment pu s’exprimer sur la question du recrutement en imaginant un entretien d’embauche mené avec une intelligence artificielle.
Pour Charles Chantala, directeur des opérations chez Indeed France, les “soft skills”, qui sont les aspects les plus humains dans le recrutement ont été délaissés pendant des décennies, ce qui explique ces résultats. « Aujourd’hui, une recruteur ne sélectionne pas les candidats sur des critères de personnalité mais sur la base d’un CV. Puis, lors de l’entretien, il se contente de passer en revue ses expériences passées et ses compétences techniques plutôt que d’évaluer également ses savoir-être », estime-t-il.
D’après l’étude, un Français sur quatre pense qu’une IA comprendrait au moins aussi bien qu’un humain, voire davantage, ses motivations lors d’un entretien d’embauche. Par ailleurs, plus d’un sur dix juge qu’entre un humain et une IA, c’est l’IA qui prendrait les meilleures décisions pour recruter des salariés compétents. Un chiffre à mettre en parallèle avec cet autre résultat : 67 % des répondants pensent qu’un humain a plus de préjugés sur son interlocuteur qu’une IA, ce qui pourrait l’amener à faire des choix moins avisés ou moins justes qu’une intelligence artificielle.
Une part de naïveté
« C’est une forme de défiance envers le recrutement tel qu’il est effectué aujourd’hui, souligne Charles Chantala. Cela dit, il y a une part de naïveté chez les répondants. Dans la réalité, l’IA appliquée au recrutement s’est, dans tous les cas de figure, montrée extrêmement discriminante. Elle peut donc se révéler bien pire qu’un être humain. Le fait est que les logiciels d’intelligence artificielle sont nourris de données statistiques issues du marché du travail, et que ce dernier est rempli de préjugés et de discriminations ».
Changer le recrutement
Des chiffres qui ont en tous cas de quoi interpeller les DRH. Plus encore, quatre français sur dix déclarent qu’ils seraient moins stressés s’ils faisaient face à une IA, ce qui montre à quel point le jugement humain peut impressionner et angoisser une large part des chercheurs d’emploi. Une chose est certaine, les Français désapprouvent le manque de respect dont ils sont victimes de la part des recruteurs durant le processus de recrutement. « Ce manque de considération, tout comme les délais de réponse, sont les deux principaux éléments qui brisent la confiance, affirme Charles Chantala. Ce comportement est sans doute attribuable au manque de temps des recruteurs ».
Une prise de conscience semble se dessiner aujourd’hui, en témoignent les multiples conférences sur l’humain dans l’entreprise qui appellent à repenser les RH. Il serait temps, face à des candidats avant tout en quête de sens dans leur travail.
Auteur : Patricia Dreidemy