Participant à construire une offre de mobilité durable et une industrie ferroviaire performante, la data s’inscrit au centre de la transformation numérique du groupe SNCF
« L’enjeu de la transformation digitale pour la SNCF est d’être le leader des mobilités de demain et de réduire la part de l’auto-solisme – l’utilisation individuelle de la voiture – en la remplaçant par le transport collectif », déclarait Raphaël Viard, architecte technique de la transformation numérique de la SNCF, à l’occasion de Microsoft experiences 2018, en novembre dernier.
« Pour y parvenir, nous suivons deux grands axes : améliorer la vie au jour le jour de nos clients et optimiser notre appareil industriel ». Raphaël Viard cite trois exemples de services au client : un assistant personnel de mobilité en cours de développement (voir encadré), une information voyageurs irréprochable, et la fourniture de nouveaux services tels que la couverture des voies ferrées en 4G et à la mise à disposition d’accès Wifi dans les trains. Sur le second axe, l’objectif est d’optimiser la maintenance des trains mais également du réseau ferroviaire grâce à des technologies comme l’IoT et la maintenance prédictive.
La data, aujourd’hui clé de la transformation
Comment la SNCF compte-t-elle accomplir son dessein ? « Nous avons l’ambition de devenir une data company, de réussir à faire parler l’immense patrimoine de données qui est le nôtre, de l’enrichir en permanence avec de nouvelles data internes comme externes, et d’être capables de prendre des décisions plus rapidement grâce à leur analyse », a affirmé Raphaël Viard lors de Microsoft experiences. Le patrimoine « data » de SNCF, est constitué des données historiques comme les horaires, les données industrielles archivées de toutes les interventions sur les 15 000 trains, les 30 000 kilomètres de voies…
Il comprend aussi les données clients qui servent à améliorer l’expérience de voyage de bout en bout, à travers des services en gare, à bord des trains et à travers une offre de mobilité multimodale. « Ce sont nos métiers qui possèdent et qui contrôlent leurs données, nous précise en février dernier Raphaël Viard. Aujourd’hui, ils ont besoin d’en tirer de la valeur. La division e.SNCF à laquelle j’appartiens, est là pour leur faciliter la vie quand ils veulent prototyper, faire des tests, voire développer plus rapidement des applications basées sur leurs data ».
Une architecture multicloud
Dans sa démarche de transformation, la SNCF a fait le choix du Cloud public et d’une architecture multicloud pour plusieurs raisons : le faible coût d’entrée pour ses métiers, l’élasticité qu’il offre, le paiement à l’usage, et la réduction du « time to market » qu’il induit. « Notre stratégie est de migrer dans le Cloud toutes les applications qui peuvent l’être, c’est-à-dire celles qui sont au bon niveau technologique, qui ne comportent pas de données confidentielles et qui ont des besoins de continuité d’activité correspondant à ce qu’offre le Cloud public, nous explique Raphaël Viard. Cela représente environ 60% de nos 1400 applications. Environ 10% ont été décommissionnées et les 30% restant seront conservées en interne dans des nouveaux datacenters ». Au terme d’un appel d’offres européen, la SNCF a choisi AWS, IBM et Microsoft comme prestataires de Cloud. « Nous avons signé avec eux des contrats de droit français sans engagement de volumes, confie Raphaël Viard. Il s’agit de marchés de référencement grâce auxquels on peut lancer avec ces trois partenaires des mini appels d’offres en procédure accélérée ».
Le big data sur Azure
La plateforme big data de l’ensemble du groupe, soit 210 téraoctets de données, tourne sur le Cloud Microsoft Azure. « Quatre-vingt flux de données ont été agrégés et cinquante applications fonctionnent, dont plusieurs en production. Quand je dis en production, cela signifie que nous sommes capables de prendre des décisions opérationnelles basées sur cette analyse big data ». Parmi les applications qui tournent sur Azure, le responsable cite Data IV et Vibrato. La première, développée par SNCF Gares & Connexions, mesure la performance de l’affichage des informations voyageurs en gare. Déjà utilisée par plus de 120 gares, elle permet de rassurer les voyageurs en attente, leur évitant l’anxiété que peut provoquer le non-affichage des trains sur les écrans. Les protagonistes de Data IV ont pour objectif d’atteindre 85% des trains affichés sur les écrans en gare au minimum 20 minutes avant le départ. L’application Vibrato a, quant à elle, été conçue pour les conducteurs de trains. Par l’intermédiaire des gyroscopes et accéléromètres de leur smartphone ou de leur tablette, ils peuvent récolter les données de vibrations sur les rails, géolocalisées. En les croisant avec des données sur les interventions dans le passé, la SNCF est capable de réaliser des opérations de maintenance avant que les pannes surviennent.
Une école numérique en interne
Afin d’embarquer son personnel dans ces changements de métiers, la SNCF a mis au point un programme sur quatre ans, baptisé « Le renouveau du socle numérique ». « Nous l’avons démarré voilà deux ans et demi et il a été diffusé auprès de l’ensemble des collaborateurs du groupe, indique Raphaël Viard. Ils savent ainsi dans quelle direction va le groupe et quelle est notre stratégie autour du digital ». Une école numérique a par ailleurs été créée pour les collaborateurs de e.SNCF. « Il s’agit d’une université en interne qui est dédiée à l’apprentissage des nouvelles technologies digitales et qui comprend différents niveaux de cursus, confie Raphaël Viard. On y retrouve par exemple des formations sur AWS et sur Azure ».
3 000 agents formés depuis la création
L’école, qui propose des formats d’apprentissage variés (présentiel, e-learning, moocs, ateliers, conférences…), a formé près de 3 000 agents depuis sa création en octobre 2017. « Une des vertus intéressantes que je vois à ces formations, en reprenant l’exemple du Cloud, confie Raphaël Viard, c’est qu’une partie de nos équipes se rend ainsi compte en propre de ce dont il s’agit. A partir du moment où ils ont compris l’intérêt de la technologie, les résistances diminuent ».
e-Voyageurs SNCF
prépare un Assistant personnel de mobilité
Le nouvel ensemble e-voyageurs SNCF, qui regroupe OUI.sncf (ex voyages-sncf.com), l’app SNCF et e-voyageurs Technologies va donner naissance cette année à l’Assistant personnel de mobilité. Cette application, qui s’appuie sur le socle de l’app SNCF, permettra à chacun de s’informer, réserver, payer et valider tous ses projets de mobilité urbains et inter-villes. « Nous venons d’établir un partenariat avec Natixis Payments et nos avancées sont importantes sur la technologie NFC, déclare Valérie Chemla, directrice générale d’e-voyageurs Technologies.
Cela préfigure de nouveaux partenariats avec d’autres acteurs de la mobilité que nous annoncerons ultérieurement ». Depuis leur Assistant personnel de mobilité, les voyageurs pourront payer pour une course en taxi ou en VTC, un ticket de bus, un trajet en vélo ou encore une place de parking. « L’application OUI.sncf n’a pas vocation à disparaître, précise Valérie Chemla. Nous nous donnons le temps de la réflexion. C’est l’usage que nos clients feront de nos applications qui définira notre stratégie ». 72% de l’audience globale de OUI.sncf est aujourd’hui réalisée depuis des terminaux mobiles. « Nos clients sont multicanaux. Une partie d’entre eux poursuit ou finalise la commande sur desktop, d’autres la font 100% sur mobile. D’autres clients – 400 000 par mois – s’envoient leur confirmation de commande sur Messenger puis procèdent à un échange via l’application mobile ». En 10 ans, OUI.sncf a franchi le milliard d’euros de volume d’affaires sur mobile : 1,124 milliard d’euros de volume d’affaires en France en 2017, soit 29 % du volume d’affaires de l’année. Le site compte 16 millions de visiteurs uniques par mois. « Les sites et applications OUI.sncf ne sont pas concernés par le plan de migration e.SNCF, confie Valérie Chemla. Ils sont hébergés dans nos deux datacenters pilotés par e-voyageurs Technologies, à Lille et en région parisienne. Nous travaillons sur notre propre trajectoire de migration vers le Cloud. » Par ailleurs, l’application SNCF est hébergée sur une solution de Cloud public, fournie par AWS et pilotée par e-voyageurs Technologies, qui n’est pas celle de e.SNCF.
La SNCF en chiffres
– 30 000 km de lignes exploitées et entretenues
– 60% du parc matériel déjà connecté
– 15 000 trains en circulation tous les jours
– 130 000 agents SNCF équipés de tablettes ou smartphones professionnels
– 14 millions de voyageurs acheminés par jour
– 40 000 billets générés chaque jour sur mobile
– 19 000 retours clients pris en compte chaque mois.