(AFP) – La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) a épinglé la radio Europe 1 pour des “commentaires excessifs” sur des auditeurs, contenant parfois insultes ou informations personnelles comme l’orientation sexuelle, un avertissement qui n’a pas été rendu public, révèle Médiapart.
“Mediapart révèle un rapport de la CNIL mettant au jour, en 2017, des pratiques honteuses de fichage des auditeurs d’Europe 1. La direction avait alors corrigé ces dérives inadmissibles“, a réagi sur Twitter le vice-PDG de la station Laurent Guimier.
Dans son enquête publiée dimanche, Médiapart indique que la radio a enregistré des fiches contenant des informations sur plus d’un demi-million d’auditeurs via un logiciel qui les stockait depuis 2002. Sur le site de la CNIL, il est indiqué qu’en avril 2017 un “avertissement non public” a été prononcé contre une “station radiophonique” pour des
“commentaires excessifs sur les auditeurs d’une radio”.
Des appréciations personnelles sur les fiches
Les principaux manquements que relève le régulateur sont: “non pertinence, non adéquation et caractère excessif des données, collecte de données sensibles, non définition et non-respect d’une durée de conservation des données“. Concrètement, les standardistes de la radio remplissaient des fiches sur les auditeurs qui souhaitaient passer à l’antenne, ce qui n’est pas anormal sauf qu’ils ajoutaient parfois des appréciations personnelles type “facho”, “voix de vieille pédale” “accent du Maghreb” et des commentaires sur la santé
ou l’orientation sexuelle : “il est homo”, “séropositif”, “a besoin de parler de son cancer”, détaille Mediapart.
La secrétaire générale d’Europe 1 Anne Fauconnier a assuré au site d’enquête que “la conservation des données sur une longue période provient d’une erreur technique”. La station a également purgé ses bases de données et rappelé à l’ordre ses équipes de téléopérateurs.
Quand un manquement sérieux est identifié par la CNIL, elle peut prononcer des sanctions publiques ou non-publiques, pécuniaires ou non-pécuniaires (rappel à l’ordre, injonction…).
Dans le cas d’Europe 1, aucune amende n’a été adressée et les faits n’ont pas été transmis à la justice, souligne Mediapart, auprès de qui un membre de la Commission ayant participé au contrôle s’est justifié : “on est là pour accompagner les entreprises dans leur mise en conformité. Pas pour les pénaliser. Europe 1, c’était globalement un problème de management“.