(AFP) – La chancelière allemande Angela Merkel a appelé mardi à l’instauration de “garde-fous” pour s’assurer que les entreprises chinoises ne livrent pas d’informations au régime de Pékin, dans un contexte de méfiance à l’égard du géant Huawei.
Il y a “un grand débat” en Allemagne sur l’utilisation d’équipements de Huawei, a souligné Mme Merkel au sujet du géant chinois des télécommunications, qui s’est vu interdire par plusieurs pays de bâtir un réseau Internet ultrarapide 5G. La dirigeante s’adressait à des étudiants de l’université Keio de Tokyo, où elle est arrivée lundi pour une visite de deux
jours.
L’Allemagne a adopté une approche prudente jusqu’ici. Mi-décembre, l’organisme gouvernemental chargé de la cybercriminalité avait exprimé son scepticisme à l’idée d’un boycott du géant chinois, estimant que les preuves faisaient défaut. Mardi, Angela Merkel a cependant jugé nécessaire de parler à Pékin “pour s’assurer que la compagnie ne transmette pas l’ensemble des données à l’Etat chinois, et que des garde-fous existent“.
Plus largement, au-delà du cas de Huawei, il faut s’assurer que “quand on travaille en Allemagne, l’Etat chinois ne puisse pas accéder aux données des équipements chinois“, a insisté la chancelière.
“Le sujet va continuer à être débattu“
Si Huawei est considéré plus performant et plus innovant que ses concurrents sur la technologie 5G, ses équipements sont soupçonnés de pouvoir permettre au renseignement chinois d’espionner les communications des pays qui les utiliseraient. Les lois chinoises obligent en effet les groupes dont le siège social est en Chine à apporter une aide technique aux services de renseignement. Malgré les démentis de Huawei, plusieurs pays, dans la foulée des Etats-Unis, ont choisi de se priver de ses équipements. “Le sujet va continuer à être débattu, et cela fait aussi partie de nos discussions avec les Etats-Unis“, a dit Mme Merkel. Le poids économique de la Chine lui confère “une plus grande responsabilité dans la préservation d’un ordre mondial pacifique“, a-t-elle ajouté.
Au cours de son déplacement au Japon, la chancelière allemande a rencontré le Premier ministre Shinzo Abe et l’empereur Akihito, qui doit abdiquer dans deux mois. Pour cette visite largement centrée sur l’économie, elle prononcera aussi un discours devant les milieux d’affaires allemands et japonais et visitera un laboratoire tenu par le géant de l’électronique NEC.