Les Etats-Unis ont lancé une série de chefs d’inculpation contre la dirigeante de Huawei, arrêtée au Canada, mais aussi contre le géant chinois des télécoms, accusé d’espionnage industriel.
Le ministère américain de la Justice a dévoilé 13 chefs d’inculpation, liés à des violations des sanctions américaines contre l’Iran, à l’encontre du groupe chinois de télécoms et de sa directrice financière Meng Wanzhou, arrêtée au Canada en décembre 2018 à la demande des enquêteurs américains. Deux filiales de Huawei sont visées, Huawei Device Co., Ltd. et Huawei Device Co. USA, par 10 chefs d’inculpation, notamment d’association de malfaiteurs en vue de voler des secrets industriels, dont certains de l’américain T-Mobile. Le directeur du FBI, Christopher Wray, a déclaré : “Ces deux séries d’inculpations mettent au jour les actions éhontées et persistantes de Huawei pour exploiter les sociétés et institutions financières américaines et pour menacer la concurrence mondiale libre et équitable“.
Huawei nie les accusations américaines
Huawei fait connaître sa déception via un communiqué : “Huawei est déçu d’apprendre les accusations portées contre l’entreprise aujourd’hui.” Il indique avoir cherché à discuter avec le ministère de la Justice, mais que “la demande a été rejetée sans explication”. Enfin, il nie l’ensemble des accusations portées contre lui-même et ses filiales, et indique ne pas avoir connaissance d’actes répréhensibles de la part de Mme Meng. Huawei est “persuadé que les tribunaux américains aboutiront à la même conclusion“, indique-t-il en fin de communiqué.
Ils se défend aussi devant l’Union Européenne pour la 5G
Hier, l’ambassadeur chinois auprès de l’UE a fustigé la “discrimination” de Huawei. Zhang Ming a prévenu que toute tentative visant à réduire la participation de la technologie chinoise aux futurs projets européens pour les réseaux mobiles 5G haut débit aurait de “lourdes conséquences“, dans un entretien lundi au Financial Times, sur la coopération économique et scientifique mondiale. “Aujourd’hui, on ne ménage aucun effort pour inventer une histoire de sécurité sur Huawei “, a estimé Zhang Ming. “Je ne pense pas que cette histoire ait quoi que ce soit à voir avec la sécurité“, a-t-il ajouté.
Les critiques de l’ambassadeur surviennent après des déclarations similaires vendredi du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, qui a qualifié la campagne orchestrée contre Huawei d'”injuste et immorale“.
La 5G est indispensable à l’essor des voitures autonomes et autres objets connectés. Selon les spécialistes, le géant chinois des télécoms est incontournable sur ce créneau car jugé plus performant et plus innovant que ses concurrents. Or, les équipements de Huawei sont soupçonnés de pouvoir permettre au renseignement chinois d’espionner les communications des pays qui utiliseraient ses services.
Huawei suspecté de poser un problème de sécurité nationale
Huawei est suspecté de poser un problème de sécurité nationale dans nombre de pays, dont les Etats-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon, qui lui ont interdit de bâtir un réseau d’internet ultrarapide 5G. De leur côté, plusieurs pays européens ont exprimé des doutes.
Le gouvernement britannique a déjà exprimé sa “vive inquiétude” sur le sujet, alors que l’opérateur historique BT a décidé de couper les ponts avec l’équipementier chinois.
Mercredi dernier, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait aussi évoqué des “risques” concernant la place du chinois Huawei dans le déploiement de la 5G.
Dans un entretien à l’agence de presse Bloomberg vendredi, le commissaire européen chargé du Marché numérique unique, Andrus Ansip, a de son côté mis en garde les 28 de l’UE contre les risques d’un partenariat avec des compagnies chinoises comme Huawei.
Il s’est dit particulièrement inquiet d’une loi sur le renseignement national adoptée en Chine en 2017, qui obligerait les entreprises et les particuliers à aider activement les agences d’espionnages chinoises dans leurs enquêtes.
“Quand c’est écrit dans la loi, nous devons comprendre que ces risques sont plus élevés. Nous ne pouvons plus être naïfs “, a déclaré M. Ansip à Bloomberg. La semaine dernière, au Forum économique mondial de Davos, le président de Huawei, Liang Hua, a assuré que son entreprise ne représentait “pas une menace pour la société numérique future“.