Selon l’étude, menée en novembre dernier, plus d’un salarié sur deux (51%) estime que son entreprise est innovante. « Le plus frappant est le fait que les innovations sont principalement visibles par les cadres, analyse Julien Goarant, directeur de clientèle chez BVA. 66% d’entre eux considèrent leur entreprise comme innovante contre 51% des salariés au global. Ce phénomène traduit notamment la difficulté à faire connaître les innovations au sein même des structures tout en leur gardant leur identité d’innovation, afin qu’elles ne soient pas uniquement perçues comme un changement. La participation élargie le permet en partie mais elle reste insuffisamment pratiquée ».
Le management en premier
Pour 48% des salariés, les innovations à mettre en place en premier lieu sont celles concernant le management et l’organisation, devant les innovations commerciales et marketing (21%). « Ce qui anime particulièrement les salariés concerne la manière dont ils exercent leur travail. Cette dimension, qui les touche au quotidien, est un domaine d’innovation prioritaire alors que les indicateurs sur la charge de travail ont plutôt tendance à se dégrader au contraire de la productivité », estime Julien Goarant.
Ces innovations sont anticipées comme un moyen de garantir une meilleure absorption des évolutions dans les modes de production, notamment la digitalisation, mais aussi d’obtenir une reconnaissance plus forte alors que les salariés sont amenés à s’adapter et qu’ils souhaitent que leurs avis soient plus souvent pris en compte.
Innovations managériales, une conséquence de la transformation digitale
Cependant, ces innovations sont souvent perçues comme un changement perturbant. « Trop d’entre elles se heurtent à l’opposition de leurs destinataires ou à l’inertie des structures et des salariés. Pour éviter cet écueil, elles doivent être conduites en phase avec leurs objectifs et notamment améliorer des éléments relatifs aux conditions de travail, affirme Julien Goarant. Pour cela, il est impératif d’y associer les personnels et de faire en sorte que l’innovation ne soit pas vue uniquement comme un changement vertical mais bien comme une innovation compréhensible et en partie partagée par ceux auxquels elle est destinée. Une démarche participative constitue un moyen de favoriser à terme leur adoption », estime le directeur de clientèle de BVA.
Selon lui, ces innovations managériales et organisationnelles sont aujourd’hui souvent la conséquence de la transformation numérique et elles ne peuvent se développer sans un management adapté. « En effet, la transformation digitale induit de profondes modifications des modalités d’exercice de nombre d’activités professionnelles, en termes de partage d’information, de réactivité et de gestion de production. Les demandes de toutes les parties prenantes de l’entreprise sont différentes aujourd’hui, qu’il s’agisse de continuité, réactivité ou communication. »
1/3 des salariés se détournent des innovations
« Le management doit adopter une approche permettant une relative autonomisation de nombreuses activités. Il doit aussi faire davantage confiance en fournissant des outils qui facilitent l’activité, la fluidifie, mais qui sécurise aussi les acteurs dans cette démarche d’autonomie. Le manager qui contrôle tout en continu est aujourd’hui en partie remplacé par des systèmes et il doit davantage s’investir dans la gestion globale, la planification et la fixation claire de points d’étape ».
Selon les résultats de l’étude, un tiers des salariés sollicités pour participer aux innovations de leur entreprise s’en détournent. « Les raisons sont le plus souvent un manque de temps, la difficulté à dégager soi-même ou à voir son manager dégager sur le temps de travail des espaces réservés à la participation à ces processus d’innovation. Par ailleurs, nombre de salariés ne se sentent pas légitimes sur ces sujets, pas créatifs ou peu à l’aise dans la prise de parole. C’est regrettable car, dans la réalité, ces processus sont ouverts à tous, progressifs et chacun y a sa place ».
Auteur : Patricia Dreidemy