Fin du RTC prévu pour les entreprises. Karim Hamadi, directeur des ventes de Matooma, scale-up européenne spécialisée dans les services IoT/M2M et les solutions de connexion par carte SIM, répond à 3 questions.
Les opérateurs vont cesser d’exploiter les lignes cuivre et arrêtent d’ores et déjà la commercialisation des abonnements pour utiliser le réseau téléphonique commuté (RTC). L’obsolescence de ce système de transmission qui est utilisé dans beaucoup d’applications de communication Machine to Machine implique pour les entreprises impactées de migrer vers d’autres technologies comme l’IP. Une grande partie des terminaux de paiement bancaire, des systèmes de surveillance des ascenseurs, des alarmes et équipements de télésurveillance, des systèmes de télérelève de compteur fonctionnent encore via le réseau téléphonique commuté. La transition va être complexe pour les professionnels de ces secteurs qui vont devoir repenser leurs systèmes de communication.
S.N. : Quelles solutions possibles pour faire face à l’arrêt du RTC ?
K.H. : En pratique, la migration consiste, dans la plupart des cas, à passer sur le réseau mobile et à utiliser des technologies basées sur IP. Le choix de l’utilisation des réseaux cellulaires dans les applications Machine to Machine offre de nombreux avantages techniques et financiers. En pondérant le coût de l’abonnement d’une ligne cuivre et le coût des communications, une ligne mobile est 2 à 3 fois moins chère qu’une liaison RTC. Au niveau des équipements nécessaires à la collecte des données, la mise en place d’un serveur IP est plus simple et moins coûteuse que l’installation de batteries de modems RTC.
Sur le plan technique, Matooma propose une solution de cartes SIM multi-opérateurs qui permet d’assurer la meilleure couverture possible sur tout le territoire et une continuité de service en cas de défaillance d’un opérateur. Ces cartes SIM M2M permettent l’accès aux différents réseaux nationaux
(Orange, SFR et Bouygues) et internationaux. L’association des cartes SIM multi-opérateurs avec la mise en place d’un réseau privé MatooWan permet de fiabiliser la connexion des équipements et de sécuriser le transfert des données sur les réseaux cellulaires.
S.N. : Quels avantages à passer en IP ?
K.H. : Le passage en IP va permettre de rationaliser les coûts liés aux infrastructures réseaux à mettre en place dans les opérations de collecte des données et d’accès à distance. La technologie RTC fonctionne à l’aide de câblages en cuivre avec des coûts d’abonnement élevés et des communications facturées au temps d’appel. La lenteur de la collecte des données en RTC demande, pour télé-relever un parc important de modems, la multiplication des équipements au niveau de la supervision. A l’inverse, la technologie IP permet de bénéficier d’une facturation au volume de data transféré et de gérer plusieurs connexions en simultané. Cela réduit drastiquement les coûts de communication et de matériel car un seul serveur permet de collecter l’ensemble des données terrain.
Au-delà de cet avantage financier, le passage à cette technologie apporte son lot d’améliorations techniques et fonctionnelles. Dans le cadre des projets Machine to Machine : un monitoring et un accès à distance en temps réel 24/7 à ses équipements, la possibilité d’initier plusieurs communications simultanément de manière sécurisée, ou encore des solutions de maintenance préventive aidant au bon entretien des objets connectés. L’utilisation du réseau IP permettra par exemple aux fournisseurs de collecter davantage de données et de les partager plus facilement à l’aide de plateformes en ligne afin de proposer des services
d’optimisation des consommations à leurs clients.
S.N. : Quels impacts dans les métiers de la sécurité ?
K.H. : Environ 550 000 ascenseurs sont, à ce jour, déployés dans l’Hexagone en RTC. Et chacun d’entre eux embarque un système de communication permettant aux usagers de donner l’alerte en cas de
blocage de la cabine. A l’échelle nationale, en raison de l’évolution des normes (notamment liées au déploiement de la fibre optique) et de l’arrêt programmé du RTC, ce sont tous les nouveaux ascenseurs, soit entre 11
000 et 12 500 par an, qui opteront désormais d’emblée pour les réseaux mobiles.
Il n’en demeure pas moins que la migration du parc installé va prendre du temps. En fonction des métiers et des installations, cette réversibilité liée à l’obsolescence de la technologie RTC peut avoir un impact financier si l’objet connecté doit être remplacé pour fonctionner en IP. En revanche, les coûts d’exploitation et de communication seront optimisés.