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Le « nouveau BlackBerry » à la conquête de l’IoT et de la voiture autonome

BlackBerry Spark

Désormais quasi exclusivement éditeur de logiciels, BlackBerry s’est repositionné comme fournisseur de solutions de sécurité UEM et se cherche des relais de croissance du côté de l’IoT et de la voiture autonome.

Voici un an, le 16 octobre 2017, BlackBerry était à nouveau coté au NYSE. L’ancien roi du smartphone d’entreprise a opéré un spectaculaire virage vers le marché de la sécurité et du logiciel embarqué. « 98% de notre chiffre d’affaires vient désormais du monde du software », précise Florian Bienvenu, Senior Vice-President EMEA de la marque, qui dispose de 2,5 milliards de dollars de cash et a réalisé 7 acquisitions ces 4 dernières années « L’entreprise a été complètement transformée », assure-t-il.

Un catalogue produits bâtit à coup d’acquisitions

BlackBerry propose une offre “Enterprise Mobility” qui porte sur tous les types de terminaux (qu’il s’agisse de Microsoft, Apple, Android ou BlackBerry sous Android) et qui apporte à ces derniers un haut niveau de sécurité via la technologie de conteneur acquise en septembre 2015. Cette technologie a été intégrée avec la plateforme « legacy » BlackBerry BES pour fournir une solution de sécurisation plus globale, complétée par les acquisitions de WatchDox pour sa solution documentaire et DRM, disponible tant sur desktop que sur mobile. « Le Gartner a placé cette solution en tant que leader dans son carré magique car ce n’est pas seulement une plateforme de stockage type Box/Dropbox, mais aussi une solution collaborative qui peut accueillir des contributeurs externes. De même, dans l’optique de la conformité avec le RGPD, si un employé exfiltre des données personnelles de clients, par exemple, notre brique DLP peut stopper l’envoi et déclencher une alerte. » BlackBerry revendique plusieurs références en France pour cette solution, notamment dans le secteur de la santé, avec plusieurs CHU équipés, et dans celui de la banque. Récemment, BlackBerry et Microsoft ont fait l’annonce conjointe de la technologie Bridge qui permet de rapprocher les SDK Microsoft et BlackBerry pour offrir une expérience native de l’interface utilisateur des produits Microsoft et la sécurité BlackBerry derrière.

Autre activité moins connue du « nouveau BlackBerry », la communication en temps de crise. Là encore, le canadien s’est positionné sur ce marché via une acquisition, celle d’AtHoc en 2015. La solution créée par cet éditeur permet la diffusion d’alertes de masse via les canaux voix, SMS, e-mails, écrans publics, voix sur IP, haut-parleurs ou encore réseaux privés des services d’intervention. Si celle-ci équipait déjà de nombreuses institutions américaines, notamment le TSA dans 200 aéroports, l’éditeur pousse aujourd’hui son offre auprès des entreprises avec une solution capable de remonter de l’information en demandant aux salariés s’ils sont en sécurité lorsque survient un événement grave.

BlackBerry cherche la croissance vers de nouveaux marchés

Si BlackBerry produit des balises géolocalisées et connectées pour les flottes de poids lourds, en septembre 2018, l’éditeur a fait l’annonce de BlackBerry Spark, une plateforme IoT ou plutôt EoT (pour Enterprise of Things selon la terminologie chère à l’éditeur). Ce marché est appelé à connaître une croissance forte sur ces cinq prochaines années, de l’ordre de 33 % par an pour atteindre près de 1,8 milliard de dollars en 2022, selon Market Research Future. La concurrence sera rude face à des Amazon, Microsoft, Google, Cisco, SAP, IBM, Huawei ou General Electric, mais BlackBerry estime pouvoir s’imposer sur ce marché avec Spark, une nouvelle plateforme dédiée à l’IoT.  « Notre ambition est de devenir le leader sur les Platform as a Service EoT. Quand on regarde l’architecture d’une plateforme IoT, nous sommes d’ores et déjà présents sur les 5 couches, nous sommes leader sur la cryptographie elliptique, sur ce que l’on appelle la « Narrow-Band Cryptography » qui sera nécessaire pour l’EoT. »

Autre marché visé par l’ambitieux Mr Chen, CEO de BlackBerry, la voiture autonome. BlackBerry propose QNX aux constructeurs et équipementiers, un OS qu’il espère bien voir motoriser les véhicules autonomes du futur. « Une voiture, c’est 100 millions de lignes de code issues de 500 fournisseurs en moyenne. Avec QNX, nous fournissons l’OS embarqué pour les futurs véhicules autonomes. En outre, ces véhicules seront une cible pour les hackers, et être capables de vérifier l’intégrité du code sera extrêmement important pour la sécurité des passagers. Notre solution Jarvis permet déjà de faire ce contrôle en temps réel et remonter les incidents de sécurité. »

Trois fournisseurs clés de l’industrie automobile, Magna, Denso et Bosch, utilisent ces solutions QNX, ce qui représente aujourd’hui 120 millions de véhicules haut de gamme, un chiffre qui a doublé en un an. Jaguar, Land Rover et Ford ont aussi fait des annonces en faveur de QNX, de même que Baidu qui s’appuie sur QNX pour son projet de voiture autonome. Enfin, la ville connectée est aussi un débouché que Florian Bienvenu assure vouloir développer. Profitable et repositionné, BlackBerry pourra-t-il renaître de ses cendres ? L’éditeur ne manque pas d’ambition.

 

Auteur : Alain Clapaud