On le sait depuis le péché originel : l’homme est faillible, il commet des fautes, ou par inadvertance ou par malveillance. Il a donc inventé l’informatique pour accélérer, automatiser le traitement des données et limiter ses propres erreurs.
Mais dans ce nouveau paradis, l’homme, incorrigible, a apporté les bugs et les malwares. Chacun le sait, la première vulnérabilité des systèmes informatiques, c’est l’animal en face de l’écran.
Et ce n’est pas demain qu’on empêchera ce fichu utilisateur d’ordinateur ou de smartphone de cliquer sur n’importe quel lien dans les milliers de mails qu’il reçoit ou de choisir des mots de passe simplistes pour ses centaines d’applications ou sites visités.
Le responsable informatique doit aujourd’hui ajouter à ses compétences techniques celle de psychologue.
Profitant de cette facilité, les bandits, terroristes et les militaires se sont convertis à la cybercriminalité et la prolifération des objets connectés, dont les enceintes et les caméras, potentiellement infectés ou contrôlés, ajoutent au cauchemar dudit responsable. Il est d’ailleurs temps de se dire que le “responsable” est aussi l’utilisateur !
On a donc inventé l’intelligence artificielle, pour tenter de limiter les bêtises du comportement humain. Mais voilà… il faut des cerveaux humains pour programmer l’intelligence artificielle.
Or une éloquente enquête de l’institut Harris* pointe l’immense difficulté de recruter des développeurs. Ils seraient même plus difficiles à trouver que les capitaux : pour 53 % des dirigeants, c’est le premier souci, alors que 52 % désignent la difficulté de lever des fonds. Des offres de rémunération mensuelle de 20 000 dollars pour un jeune codeur seraient d’ailleurs courantes dans la Silicon Valley.
Selon cette étude, développeurs et dirigeants pointent l’IA comme la tendance la plus importante. Mais elle pointe aussi le temps perdu par les développeurs – ce qui expliquerait en partie leur pénurie -, car ils consacreraient 20 h sur 36 h de travail (en France) à des problèmes de maintenance de code : résolution de bugs, modification, systèmes anciens, exigences de la direction, etc.
La start-up associée à l’enquête, Stripe, propose 2 pistes pour améliorer la productivité de ces coûteux informaticiens : passer les programmes dans le Cloud, ou faire passer… les programmeurs à la direction de l’entreprise.
Les dirigeants, cernés par les cybercriminels qui veulent les rançonner et les génies du code qui pourraient les remplacer, n’ont qu’à bien se tenir. Et recourir à l’intelligence artificielle pour sauver leur poste ?
Jean Kaminsky
Directeur de la publication et de la rédaction
jk@solutions-numeriques.com
* Etude effectuée auprès de 1 000 dirigeants et 1 000 développeurs dans 5 pays : Etats-Unis, Royaume-Uni, France Allemagne et Singapour
https://stripe.com/files/reports/the-developer-coefficient.pdf