(AFP) – Des organisations pour la protection des données personnelles ont fait part mardi de leurs inquiétudes face au nouvel appel d’agences de renseignement de plusieurs pays, demandant aux entreprises technologiques d’autoriser l’accès aux appareils et contenus cryptés.
Dans un communiqué, les agences de renseignement de l’alliance “Five Eyes” – Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande – ont demandé aux “partenaires industriels” de fournir un moyen aux forces de l’ordre pour accéder à du contenu crypté inaccessible même avec un mandat de perquisition. “De nombreuses méthodes de cryptage utilisées pour protéger des données personnelles, commerciales et gouvernementales sont aussi employées par des criminels, y compris des délinquants pédophiles, des terroristes et des membres du crime organisé pour bloquer des enquêtes et éviter d’être repérés et poursuivis“, estiment ces agences dans un communiqué diffusé par le ministère australien de l’Intérieur. Sans coopération volontaire, “nous pourrions chercher la mise en œuvre de
mesures technologiques, par les forces de l’ordre, législatives ou autres pour parvenir à des solutions légales d’accès“, poursuivent-elles.
Le débat ravivé ?
Cet appel pourrait raviver un épineux débat sur la question du cryptage. Pour les entreprises de l’industrie technologique et les militants de la protection des données personnelles, s’en prendre au cryptage serait néfaste à la sécurité des utilisateurs. “Le risque est que ces pays contraignent les fournisseurs d’accès à mettre en place un accès dérobé qui sera exploité non seulement par les gouvernements mais aussi par les pirates, les criminels et autres personnes mal intentionnées“, argumente Greg Nojeim, de l’association Center for Democracy & Technology. “Ca affaiblirait la cybersécurité au moment même où les gouvernements affirment que la cybersécurité doit être maîtrisée“.
Marc Rotenberg, président de l’Electronic Privacy Information Center, qualifie cette démarche de “proposition à court terme et contreproductive”, ajoutant qu’il “est devenu clair que le cryptage est indispensable à la fois à la sécurité publique et à la vie privée“.
Même préoccupation du côté d’Amnesty International : “Cela ne nous mettra pas davantage en sécurité –cela affaiblira la sécurité pour tout le monde“, a tweeté l’ONG.
La question du cryptage divise, notamment aux Etats-Unis où Apple s’est livré à un bras de fer judiciaire avec les autorités en refusant d’aider la police fédérale (FBI) à accéder au contenu crypté d’un iPhone appartenant à l’un des auteurs de l’attaque de San Bernardino en Californie, qui a fait quatorze morts le 2 décembre 2015.