Henri Verdier, l’Administrateur général des données (et directeur de la Dinsic), a remis son deuxième rapport le 10 avril à Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat au numérique. Dans ce rapport nommé « La donnée comme infrastructure essentielle » il prône la construction d’une infrastructure de la donnée, à l’image des lignes ferroviaires ou ferroviaires ou des réseaux d’énergie.
Ce rapport qui porte sur les années 2016-2017 dresse un état des lieux des pratiques des administrations en matière de production, de circulation et d’exploitation des données. Il fait mention des progrès enregistrés depuis la publication du rapport précédent (décembre 2015) dans la production de données essentielles. Le statut de données de référence a été reconnu juridiquement dans le cadre de la loi pour une République numérique. Les administrations ont produit des données essentielles, comme la Base adresse nationale. Et des standards de données ont été définis, notamment dans le domaine de la commande publique, des conventions de subventions et de l’énergie. En matière de circulation de la donnée, les 9 premières bases de données de référence ont été mises en ligne, avec des résultats probants (multiplication par 20 du nombre d’utilisateurs réguliers du répertoire des entreprises selon l’INSEE). En outre, il y a la mise à disposition d’interfaces de programmation, en particulier l’API Entreprise et l’API Particulier. Enfin, le cadre juridique a évolué pour favoriser la circulation de la donnée (principe d’ouverture par défaut, principe de gratuité). Concernant l’exploitation des données, les datasciences ont été appliquées dans plusieurs domaines de l’action publique, dont la lutte contre le chômage, l’aide aux entreprises en difficulté, l’aide à la décision pour les forces de sécurité intérieure.
Une infrastructure publique essentielle, au même rang que les infrastructures physiques
La seconde partie du rapport s’intéresse, quant à elle, à l’infrastructure des données, qui doit être considérée comme “essentielle” et “critique”. “Dans une économie de l’information, l’accès à la donnée de référence fiable et à jour est la condition du développement des services numériques. Critiques car il faudra s’assurer que la fourniture de ces données ne puisse être interrompue, qu’il s’agisse de défaillances involontaires ou d’actes malveillants. En ce sens, il serait possible de considérer que ces infrastructures font partie des activités d’importance vitale. Le développement des villes intelligentes ou des smart grids repose en grande partie sur la sécurisation de la mise à disposition et de l’accès aux données“, indique le rapport.
Pour Henri Verdier, 2018 est une nouvelle étape. “En effet, l’explosion des données disponibles et de la puissance de calcul a donné un second souffle à une discipline scientifique essentielle : l’intelligence artificielle (IA). Sous la forme communément appelée « IA faible », l’IA baigne d’ores et déjà notre quotidien, souligne-t-il. Outre la bataille industrielle qui déterminera les rares pays possédant une réelle capacité de conception des ressources en intelligence artificielle, se profile également une bataille culturelle qui tournera en grande partie autour de la question des données. La question, en effet, est simple : avec quelles données, et donc à partir de quels schémas culturels, seront éduquées les intelligences artificielles qui joueront un rôle économique et social si déterminant“, interroge-t-il.