Dans cette tribune, Thomas Delfort, co-fondateur et CEO de Club Freelance, compare le modèle de la société de service à celui du freelance.
La mise en place de projets informatiques implique des choix qui peuvent avoir un impact considérable sur le bon déroulement de celui-ci. Parmi ces décisions déterminantes, la question de la composition des équipes se pose rapidement : avons-nous les moyens de conserver en interne la totalité des compétences ou devons-nous faire appel à de la sous-traitance ? Et dans le cas de la sous-traitance, devons-nous chercher un engagement au forfait auprès d’une ESN ou avons-nous la capacité de piloter des ressources en régie ?
Avant de fonder Club Freelance, j’ai cumulé près de 17 ans d’expérience dans différentes fonctions informatiques, dont deux postes de DSI au sein de de deux grands groupes américains. A ce titre, j’ai eu l’opportunité de manager des services informatiques internes et de participer à de nombreux projets d’envergure. J’ai donc, comme de nombreux décisionnaires de l’univers informatique, eu la possibilité de comparer le modèle de la société de service à celui du freelance. Bien que ces modèles ne soient pas antagonistes (ils sont souvent même complémentaires), il existe des différences à prendre en compte lorsque l’on constitue son équipe.
Pus d’agilité et beaucoup d’engagement
Tout d’abord, solliciter des consultants indépendants offre une plus grande flexibilité. En effet, une fois connecté avec les bons partenaires pour accompagner la recherche de profils, il est possible de trouver, au moment opportun, un expert sur un domaine très précis. En tant que gestionnaire du projet, c’est un vrai gain d’agilité. En effet, là où l’ESN demandera de définir un projet fonctionnel fourni, auquel elle devra répondre avec une proposition concrète et une équipe dont l’expertise est parfois limitée par les ressources disponibles au sein de la structure, les consultants indépendants offrent un éventail de possibilités bien plus large pour des délais beaucoup plus restreints. De plus si l’ESN choisie n’est pas à la hauteur, il est difficile voire impossible d’en changer.
Les freelances sont par ailleurs leur propre patron, donc les seuls garants de leur image, ce qui les pousse généralement à fournir des prestations de grande qualité et à des tarifs prix / expérience bien plus intéressants que les ESN. Ils sont généralement également plus engagés car contrairement aux salariés des ESN, ils choisissent eux-mêmes leur mission.
Un meilleur regard sur le projet
Lorsque vous confiez un projet à une ESN, c’est elle qui en assure la gestion, en se basant sur un cahier des charges. Cela signifie que vous avez peu de visibilité sur la façon dont le delivery va être assuré ainsi que sur le choix des consultants qui travailleront sur votre projet. Considérant le turn-over élevé chez les ESN, il vous sera plus difficile d’accéder à des profils séniors, qui auront souvent franchi le cap de l’indépendance. Faire appel à des freelances vous permet donc de sélectionner vous-même les profils qui rejoindront vos équipes, suivre plus facilement l’avancement du projet au quotidien et en maîtriser davantage la gestion.
Par ailleurs, il arrive souvent que les ESN soient liées contractuellement avec certains éditeurs de solutions et vous orientent donc vers un choix intéressé. Ce n’est pas le cas chez les consultants indépendants qui auront un avis neutre.
Les freelances répondent mieux aux spécificités de certains projets
Lorsque j’ai encadré le déploiement de projets SAP en Europe, nous devions reproduire le «Core Model» existant en l’adaptant aux spécificités de chaque pays, comme les problématiques financières liées aux fiscalités locales par exemple. Pour les « comonalités », nous avions les ressources et la capacité en interne mais nous avions besoin de l’expertise informatique métier et linguistique pour répondre à ces spécificités. Les consultants indépendants étaient donc la solution idéale : ils avaient la possibilité de s’intégrer à nos équipes en apportant un savoir-faire précis et sans créer de disparité.
Un point cependant, très important à souligner : nous avions la capacité en interne de piloter ces ressources de qualité, elles n’étaient jamais livrées à elles-mêmes !
Le choix stratégique doit aussi être motivé par les problématiques de management, qui sont la clé d’un projet réussi.
Par ailleurs, dans un cas multinational comme celui évoqué, un seul et même partenaire peut assurer la gestion des freelances dans plusieurs pays. Cela facilite les échanges et permet de réduire les coûts en évitant la pluralité de fonctions managériales que les ESN peuvent avoir. De plus, les ESN au sens français du terme n’existent quasiment pas dans le modèle anglo-saxon et n’offrent pas, ou rarement, la possibilité de créer des équipes internationales avec autant de flexibilité.
Pour bien choisir, il faut tester
Je conseillerais au DSI ou chef de Projet qui hésite entre ESN et freelance de bien réfléchir à la nature du projet, ses dimensions internationales, ses coûts et la flexibilité que celui-ci peut demander avant de faire un choix.
Il faut tester tout en intégrant le fait qu’un freelance est souvent plus sensible à être intégré aux équipes internes pour tous les évènements (meetings, drinks, anniversaires…). En effet, ce dernier n’a pas de structure à laquelle se raccrocher régulièrement, souvent son client peut représenter cette cellule.