Elles sont plus nombreuses que les hommes, pourtant les femmes sont quasiment absentes dans le monde de la tech… A l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, un bilan s’impose.
Facebook, Apple, Google, PayPal, Amazon… : la parité hommes-femmes dans ces entreprises leaders de la Silicon Valley est-elle en place ? Non. Chez les trois premiers, environ 7 employés sur 10 sont des hommes. PayPal et Amazon font un peu mieux avec une part de femmes de 39 et 44 % respectivement, selon les données publiées par Dalia Research.
Le nombre de femmes dans le monde de la tech diminue. En 1991, les femmes représentaient 36 % des employés dans le domaine des technologies, mais ce chiffre est maintenant tombé à 25 % aux États-Unis. On compte aujourd’hui seulement 1 femme sur 4 ingénieurs hommes dans les entreprises tech, et les femmes ne détiennent que 11% des postes de direction dans la Silicon Valley.
Il faut noter qu’au niveau des régions, les disparités sont également importantes. Les femmes qui ont un rôle de leadership dans la tech sont 18,1 % en Amérique du Nord, contre 11,2 % en Europe, pas mieux qu’ en Afrique ou au Moyen-Orient, selon Dalia Research.
Dans l’informatique, une nette régression
« L’informatique est le seul domaine [parmi les filières scientifiques et techniques] où, après avoir été proportionnellement bien représentée, la part des femmes est en nette régression », indiquait Isabelle Collet, maîtresse d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation à l’université de Genève, au journal Le Monde en décembre 2017. « La sous-représentation des femmes dans l’industrie des nouvelles technologies s’explique par une multitude de facteurs culturels. Le secteur a du mal à laisser derrière lui certains stéréotypes et l’environnement n’est pas toujours perçu comme accueillant pour les femmes, explique Florence Ropion, General Manager grands comptes Dell EMC France et responsable du réseau féminin chez Dell. Les préjugés inconscients, déjà présents chez les étudiants, persistent souvent jusqu’aux comités de direction. Ce sont autant d’arguments qui détournent les filles et les femmes d’une carrière dans l’informatique.” L’entreprise a d’ailleurs pris un certain nombre de mesures pour la diversité. Elle fait partie, selon Diversity Inc., du Top 50 des entreprises œuvrant pour la diversité et l’inclusion. En France, l’engagement de Dell EMC se traduit notamment par la création du Forum Dell Women Entrepreneur Network (DWEN) pour soutenir l’entreprenariat au féminin et faisant se rencontrer investisseurs et créatrices de startups. Ou encore par la signature d’un partenariat avec l’association « Elles Bougent » qui sensibilise les jeunes femmes aux métiers d’ingénieures et de techniciennes, dans les secteurs industriels/technologiques, en manque de talents féminins.
Une sous-représentation des femmes dans les entreprises d’ingénierie
En France, Syntec-Ingénierie s’inquiète. Alors que les filières scientifiques comptent près de 50 % de jeunes filles jusqu’au lycée, elles ne représentent plus qu’1/3 des effectifs dans les cursus d’ingénieurs post-bac, selon le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un déséquilibre qui se répercute sur les entreprises d’ingénierie, où seulement 41% des collaborateurs sont des femmes, chiffre l’étude Kyu Lab pour Syntec-Ingénierie, édition 2017. “Si on observe une amélioration ces dernières années, les entreprises d’ingénierie souffrent toujours d’une sous-représentation des femmes dans leurs effectifs. C’est un problème majeur car la mixité participe directement de la richesse d’une entreprise et de sa capacité à innover“, explique Nicolas Jachiet, président de Syntec-Ingénierie. Le syndicat appelle d’ailleurs toutes les ingénieures à prendre la parole sur les réseaux sociaux sous le hashtag #JeSuisIngénieurE. Les objectifs de cette campagne collaborative : casser les codes sur l’ingénierie, qui serait un domaine essentiellement masculin, valoriser les expertises des ingénieures et, in fine, inciter les jeunes et étudiantes à se lancer dans des carrières d’ingénieures. Chaque ingénieure, qu’elle soit encore en formation ou en poste, est invitée à se prendre en photo avec une pancarte mettant en avant l’une de ses compétences et à la publier en ligne. “En parallèle des actions que nous menons déjà, il nous a semblé important, aujourd’hui, de mettre sur le devant de la scène les talents au féminin qui composent nos sociétés, et surtout, de valoriser les expertises pointues de ces professionnelles”, avance Nicolas Jachiet. Annelise Avril, présidente du réseau les Ambassadeurs de l’ingénierie, renchérit : “Nos métiers de l’ingénierie sont trop souvent méconnus des jeunes. Connecter les territoires, faciliter les mobilités, accompagner la transition énergétique et la transformation digitale, dépolluer l‘eau et les sols… Voici quelques-unes des nombreuses finalités de nos métiers ! Nous avons un effort de pédagogie à faire pour mettre en lumière les contributions sociétales considérables de l’ingénierie et susciter des vocations. Cela passe notamment par une valorisation des professionnel(le)s qui les portent. C’est dans cet esprit que nous avons imaginé #JeSuisIngénieurE. J’espère que la campagne trouvera un bel écho auprès de la nouvelle génération.”
Le digital pour faire progresser la carrière des femmes ?
L’étude de la Journée de la Femme Digitale publiée l’an dernier montre que le digital est perçu comme un véritable levier de transformation professionnelle pour les femmes. Près de 60% d’entre elles sont certaines que le digital les aidera à progresser professionnellement, et 74% des femmes comme des hommes jugent que les technologies digitales facilitent la vie professionnelle des femmes. 73% des femmes et 61% des hommes pensent que les femmes ont un rôle spécifique à jouer dans la transformation digitale des entreprises, Mais même si le digital offre des belles perspectives, 53 % des femmes pensent qu’elles n’ont pas le même accès que les hommes aux positions de leadership.
Les nouvelles technologies pour une nouvelle flexibilité de travail ?
Les femmes jonglent sans cesse entre vie privée et vie professionnelle, s’occupant à la fois de leur travail, mais aussi du foyer et des enfants. Aujourd’hui, les nouvelles technologies leur viennent en aide permettant de mieux concilier cette vie privée et professionnelle. « Construire une carrière pour une femme peut être compliqué, commente Claire Roselli, Marketing Manager chez Fuze. Les collaborations Cloud ont apportées une nouvelle façon d’organiser son temps, d’aller plus vite avec des outils interactifs. Tout cela va servir les compétences et mettre en valeur les talents… des femmes notamment. Un clic suffit, on peut contacter un collègue à l’autre bout du monde, sans problème de communication et échanger des informations ou partager des documents plus facilement. Les collaborations sont plus ouvertes. »