Alors que va se tenir le Forum International de la Cybersécurité (FIC) qui se déroulera à Lille les 20 et 21 janvier, le général d’armée Watin-Augouard, directeur du centre de recherche de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale et fondateur du FIC, revient sur l’affaire du piratage informatique massif subi par Sony Pictures Entertainment. Selon lui, cette attaque, à mi-chemin entre cybervandalisme et cyberguerre, marque un réel tournant dans l’histoire de la cybersécurité.
La cybersécurité en 8 dates-clés
Il en rappelle la chronologie : « Le discours sur la cybersécurité s’appuie sur des dates repères : 2007 (Estonie), 2008 (Géorgie), 2009 (Corée du Sud), 2010 (Natanz), 2011 (Elysée et Bercy), 2012 (Arabie Saoudite), 2013 (Affaire Snowden). » Et de poursuivre : « L’année 2014 allait-elle s’achever sans nous offrir de référence ? Hélas non ! Dans la dernière ligne droite, nous est révélée l’attaque massive subie par Sony, au moment où le film The Interview allait être diffusé. » Le général rappelle que le préjudice pour l’entreprise est considérable, tant pour elle-même que pour ses employés. « Non seulement plusieurs téraoctets de données relevant de la propriété intellectuelle ont été dérobés, mais des disques durs ont été sabotés, tandis que les 47 000 employés, dont on a volé les données à caractère personnel, sont menacés individuellement », précise-t-il.
« Il ne s’agit pas encore de terrorisme, mais le stade de l’intimidation, voire de la menace, est dépassé », le général d’armée Watin-Augouard
Si Barak Obama parle, lui, de cybervandalisme et non de cyberguerre, pour le général, « En vérité on est à mi-chemin ! Cette cyberattaque illustre bien le continuum défense-sécurité où cyberdéfense et lutte contre la cybercriminalité se composent. ».
Les libertés défendues par la Constitution des Etats-Unis sont visées
Car pour le général, cette attaque sans aucun doute d’origine étatique (la Corée du Nord est pointée du doigt), « a comme finalité (presque) cachée de s’en prendre aux Etats-Unis, aux libertés défendues par le Premier amendement de sa Constitution. Un amendement, rappelons-le, qui garantit la liberté de religion et d'expression, ou encore celle de la presse. On voit bien ici la conjugaison des effets d’une attaque dans la couche logicielle et la couche sémantique », analyse le général. Il ne s’agit pas encore de terrorisme, « mais le stade de l’intimidation, voire de la menace, est dépassé », soutient-il.
S’il apparait comme trop tôt pour tirer de l’événement toutes ses conséquences, pour lui, pas de doute : l’attaque visant Sony est un « tournant dans l’histoire de la cybersécurité. »