L’automatisation a le pouvoir de transformer la société, de révolutionner la façon dont les entreprises sont gérées et comment les tâches quotidiennes sont réalisées. Voici les cinq « règles » qui ouvrent la voie à l’automatisation, de sorte qu’elle puisse être adoptée et non redouté, selon Matthieu de Montvallon, directeur technique chez ServiceNow France.
L’automatisation réunit tous les atouts indispensables pour améliorer notre travail au quotidien. Chaque jour, je réalise l’impact exceptionnel qu’elle peut avoir en révolutionnant la façon dont sont exécutées les tâches quotidiennes et professionnelles, en nous permettant de gagner du temps et de l’argent, et en bouleversant la donne économique. Cette mutation va accroître la productivité, condition essentielle de la croissance et de la prospérité à long terme. L’automatisation évitera également aux employés de dédier du temps à des tâches simples et répétitives, libérant ainsi du temps qu’ils pourront consacrer à des activités créatives ou stratégiques à la fois plus agréables et plus valorisantes.
Qu’il s’agisse d’une nouvelle étude nous mettant en garde des risques pour l’emploi ou d’une enquête qui prétend exactement le contraire, il est rare que l’automatisation du travail quitte totalement l’actualité. Pourtant, la plupart des discussions portent sur ce qu’il se passe, alors que pour mieux saisir les implications de cette révolution, il serait préférable de se demander comment les choses vont se passer. Et qu’on le veuille ou non, l’automatisation est parmi nous, et le plus important est à présent de savoir comment préparer au mieux l’avenir.
Pour que l’automatisation concrétise son formidable potentiel, nous devons projeter les bases de son succès. Dans cette optique, voici cinq « règles » pouvant constituer les bases d’un « Manifeste de l’automatisation », dont nous sommes convaincus qu’elles formeront le socle d’un avenir où l’automatisation pourra être adoptée, au lieu d’être crainte.
- Vaincre la peur
Ce n’est pas l’automatisation qui effraie mais plutôt le changement qui l’accompagne. Or, à condition d’être bien expliqué, correctement géré et exécuté avec soin, tout changement peut avoir des conséquences positives. Si nombre d’études affirment qu’elle sera créatrice d’emplois, d’autres soulignent que les employés la redoutent encore. Pourtant l’automatisation n’est pas vraiment une nouveauté. C’est une constante de l’histoire, et sans elle, le monde moderne tel que nous le connaissons — de l’agriculture au transport, de l’énergie au divertissement — n’existerait pas. Il est grand temps de rééquilibrer le débat concernant l’automatisation dans le but de rassurer le grand public sur les avantages que cette transformation peut apporter au plus grand nombre.
- Une réflexion collaborative
Les pouvoirs publics, les éducateurs, les entreprises et les consommateurs ont tous un rôle à jouer pour façonner l’avenir de l’automatisation. Les actions isolées permettront seulement de répondre à certaines questions. Nous sommes convaincus qu’il est nécessaire que les gouvernements et les entreprises en particulier fassent preuve ensemble d’un plus grand leadership, et se réunissent pour discuter et élaborer les règles, processus et conseils pratiques qui permettront d’ouvrir la voie du succès. Où se situent les principales opportunités pour notre société ? Pour notre économie ?
- L’éducation, priorité des priorités
La technologie transforme en profondeur notre façon de voir et d’interagir avec le monde qui nous entoure. Cependant, le développement des compétences a beaucoup de mal à suivre. Globalement, les programmes pédagogiques mis en place aux quatre coins du monde doivent se développer parallèlement à l’industrie. Certains pays sont à la pointe de l’éducation préscolaire. Au Vietnam par exemple, les enfants suivent des cours d’informatique dès l’âge de sept ans. À dix ans, ils apprennent à coder. Leurs compétences sont telles qu’un ingénieur de Google visitant une classe de première s’est rendu compte que les élèves âgés de 16 à 17 ans auraient réussi haut la main le processus d’entrevue pourtant réputé difficile de son entreprise. Le codage jouant un rôle de plus en plus important dans tous les domaines professionnels, nous devons évoluer vers un modèle où tous les jeunes qui arrivent sur le marché du travail disposeront d’un minimum de compétences en la matière. Une telle approche permettrait de transformer des secteurs industriels que d’aucuns considèrent menacés par l’automatisation. Dans l’industrie de pointe par exemple, secteur très dépendant de la technologie, l’intelligence artificielle et l’automatisation permettent concrètement de produire davantage de produits de meilleure qualité et à moindre coût. Autre exemple, en Australie, les entreprises industrielles transfèrent leur main-d’œuvre de la chaîne de montage vers des postes de développeurs, entrainant ainsi une augmentation des effectifs et une meilleure productivité, tout en permettant de « rapatrier » des emplois voués à la sous-traitance à l’étranger.
- La R&D, clé de la réussite
Les jeunes ne sont pas les seuls à devoir être en mesure de bénéficier d’une éducation différente pour réussir dans un monde automatisé. Les entreprises ont également un rôle important à jouer dans la formation continue et ce, pour tout type de main-d’œuvre. De nombreuses sociétés sont déjà en train de former leurs employés aux nouveaux métiers du numérique. Les grandes entreprises devraient envisager de dépenser un pourcentage de ce que leur coûte le turnover de leurs employés en programmes de requalification pour les métiers les plus impactés par l’automatisation comme la logistique, la distribution et les activités administratives particulièrement répétitives. L’augmentation des dépenses de R&D sera également capitale : actuellement, environ 5 % des entreprises génèrent 54 % de l’ensemble des dépenses de recherche et développement, toutes industries confondues. Pour que l’automatisation s’impose, cette situation doit changer sans tarder. Pour accompagner les entreprises dans cette direction, les gouvernements doivent encourager les investissements en faveur des programmes de R&D et de formation par le biais d’incitations fiscales. De même, les universités et les instituts de formation pourraient réduire les frais d’inscription des adultes qui suivent un cursus de recyclage ou souhaitent réorienter leur carrière.
- Intelligence émotionnelle et créativité
L’intelligence émotionnelle (IE) joue un rôle à tous les niveaux. Les compétences humaines occupent une place déjà extrêmement importante, mais à l’avenir, elles feront l’objet d’une demande accrue. Tout emploi nécessitant une intelligence émotionnelle — une discipline que seuls les humains peuvent maitriser — suscitera une forte demande. Nous devons trouver des moyens de « former à l’empathie », de sorte que la main-d’œuvre de demain disposera des bonnes compétences pour réussir. Il en va de même pour la créativité. Les machines ne pourront jamais remplacer notre capacité innée à créer. Certes, il est possible que l’intelligence artificielle parvienne à développer des idées créatives, mais les hommes seront toujours à la tête des industries liés à la création. Si les disciplines STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) se tailleront la part du lion, nous ne devons pas oublier que dans un monde automatisé, la créativité jouera un rôle crucial.
Ces règles en faveur de l’automatisation n’apportent pas toutes les réponses, et n’adressent pas tous les problèmes. Elles peuvent être utilisées comme un point de départ, comme une invitation aux autres entreprises à entreprendre elles aussi ce voyage. Le processus d’automatisation est déjà en marche et peut s’imposer d’une manière qui convient à tous en associant une planification minutieuse, une coopération efficace et une réflexion judicieuse. Entamons ensemble cette aventure !