(AFP) La campagne présidentielle d’Emmanuel Macron a été “pilonnée” par des “forces conservatrices”, notamment russes ou américaines, a affirmé jeudi 11 mai le directeur de la campagne numérique du président élu, Mounir Mahjoubi, en revenant sur les opérations de piratage qui l’ont visée.
“La campagne a été influencée, il y a eu des tentatives (de déstabilisation) depuis le début sur les réseaux sociaux“, a déclaré Mounir Mahjoubi sur France Inter. “Il y a eu des influenceurs, des médias nouveaux qui ont des liens directs avec des forces conservatrices parfois liées à des Etats, la Russie, mais aussi des forces conservatrices américaines, et aussi issues d’autres Etats européens, qui ont pilonné cette campagne en créant des articles très positifs vis-à-vis de Marine Le Pen et extrêmement négatifs vis-à-vis de notre campagne“, a-t-il ajouté.
L’équipe d’Emmanuel Macron avait dénoncé le 5 mai une “action de piratage massive et coordonnée“, y voyant une “opération de déstabilisation“, menée à
quelques heures du second tour de la présidentielle face à la candidate du Front national Marine Le Pen. “Tout cela, on le subit depuis le début de cette campagne. On a cette coalition de conservateurs, je pense que c’est plus subtil que simplement une ingérence d’un pays, (…) c’est une ingérence de forces qui sont contre le progressisme“, a affirmé Mounir Mahjoubi, dénonçant “un intérêt des conservateurs dans le monde à ne pas voir émerger une nouvelle force”.
Des groupes influencés par des extrêmes droite
Le directeur de la campagne numérique a expliqué qu’une “agence de sécurité
internationale” avait identifié un groupe de hackers russes, APT28, comme
impliqué dans ces attaques. Le 25 avril, un rapport de l’entreprise japonaise de cybersécurité Trend Micro avait attribué au groupe russe Pawn Storm, également connu sous les noms de Fancy Bears, Tsar Team ou APT28, une tentative de hameçonnage (phishing) à grande échelle contre la campagne Macron. “Certains disent que c’est un service du gouvernement russe. (…) C’est plus subtil que ça, c’est un groupe qui est influencé régulièrement par des extrêmes droites, dont des extrêmes droites russes, dont des extrêmes droites américaines, et qui agit souvent avec des hackers et des groupes d’influence sur les réseaux sociaux qui permettent de diffuser les hacks et les tentatives qu’ils font un peu partout dans le monde“, a-t-il dit. “Ce qui s’est passé vendredi, c’est une belle coalition entre ceux qui nous ont piratés à un moment, et ces Américains conservateurs qui ont rendu public ce hack. Ce ne sont pas les mêmes“, a-t-il ajouté.
Faire perdre du temps à l’attaquant
Mounir Mahjoubi a encore expliqué que, face à des tentatives de hameçonnage répétées, les experts numériques de la campagne s’étaient “organisés” et avaient mis en place un dispositif visant à “faire perdre du temps à l’attaquant” et “créer du brouillard dans l’information“. Ils ont ainsi créé “de faux comptes qui allaient répondre à ces tentatives de phishing”, créé “des dizaines de milliers d’e-mails avec des documents à l’intérieur, pour que de l’autre côté, il y ait un doute permanent sur la véracité des documents que l’attaquant aurait récupérés“.