(AFP) – L’armée allemande a lancé sa “cyber-armée”, qui va prendre place aux côtés des armées de terre, de l’air et de la marine, avec pour mission de protéger la Bundeswehr des attaques informatiques.
“D’un point de vue organisationnel, nous sommes maintenant parmi les meilleurs au monde“, a indiqué à l’hebdomadaire Focus le général Ludwig Leinhos, à la tête du Commandement Cyberespace et Information (KdoCIR), destiné à coordonner les compétences de la Bundeswehr en matière de cyberdéfense. Les armées du monde entier ont intégré le fait que les guerres du futur se mèneront également dans le cyberespace, en lançant notamment des attaques contre les systèmes informatiques des ennemis. Mais selon le général Leinhos, l’Allemagne est, au sein des 28 pays membres de l’Otan, le premier à se doter d’une force séparée au même titre que les forces terrestres, maritimes et aériennes : “les partenaires suivent ça avec beaucoup d’intérêt“, a-t-il assuré à Focus. Selon le ministère de la Défense allemand, la Bundeswehr a subi pendant les neuf premières semaines de cette année 284 000 cyberattaques, sans toutefois subir de dommages.
Assurer la protection des infrastructures de la Bundeswehr
Basée à Bonn (ouest), le KdoCIR est entré en action avec 260 personnes et comptera à terme 13 500 personnels, militaires et civils, ce qui “correspond à peu près aux effectifs de la Marine“, a précisé le général Leinhos. Cette “cyber-armée”, qui devrait être pleinement opérationnelle d’ici 2021, devra notamment assurer la protection des infrastructures de la Bundeswehr et de ses systèmes d’armement. Toute action offensive visant des infrastructures à l’étranger devra
toutefois être approuvée par la chambre basse du Parlement, le Bundestag, à
l’instar d’une intervention classique.
L’Allemagne prend très au sérieux les questions liées à la cybersécurité : ces dernières années, le Bundestag et des partis politiques ont été visés par des cyberattaques émanant, selon Berlin, de services de renseignement étrangers. Les renseignements allemands ont par la suite accusé les services secrets russes de mener des campagnes internationales de cyberattaques à des fins
d’espionnage et de sabotage. La chancelière allemande Angela Merkel avait jugé en novembre que la Russie, via des cyberattaques ou des actions de désinformation, pourrait tenter d’influencer les législatives de 2017 dans son pays.