Par Isabelle Pierret, Directrice Marketing et Communication, Ricoh France et Pierre-Antoine Huré, Directeur Production Printing, Ricoh France
Aérospatiale, aéronautique, automobile, le champ d’application de l’impression 3D s’étend de jour en jour pour concerner désormais toutes les industries. Selon IDC, le marché dans son ensemble devrait atteindre 35,4 milliards de dollars en 2020, soit le double de ce qu’il représente aujourd’hui. A côté d’un marché de l’impression 3D « grand public » lui aussi promis à une forte croissance (20% / an), la technologie fait une entrée remarquée dans le monde industriel. La NASA, Airbus Industries, les principaux constructeurs et équipementiers automobiles, tous ont d’ores et déjà marqué leur vif intérêt pour une technologie qui leur permettrait de gagner du temps et de réduire les coûts de production. Dans leur grande majorité, les applications envisagées visent à accélérer les processus de prototypage industriel. Prenez, par exemple, un fabricant de pneumatiques. Dans sa recherche d’un pneu favorisant la réduction de la consommation de carburant tout en offrant une meilleure adhérence en conditions difficiles, l’impression 3D pourra être utilisée pour fabriquer le moule à partir duquel sera élaboré le prototype de pneumatique. Des exemples similaires d’utilisation existent dans toutes les industries. Et ils ont tous un point commun, celui d’impliquer l’impression 3D dans des processus industriels exigeant de lourds investissements. Songez aux conséquences d’un prototype imprimé en 3D qui ne serait pas exactement conforme aux spécifications.
Les caractéristiques du matériel ne suffisent pas pour transformer une technologie en outil industriel fiable et pérenne, mais elles y contribuent certainement. Là où l’impression 3D « grand public » peut faire appel à des consommables standards (poudres plastiques à base de polymères ou de polypropylène), l’impression 3D industrielle soulève déjà le défi de consommables spécifiques à chaque type d’utilisation, sinon à chaque entreprise. En fonction de l’objectif poursuivi, chaque entreprise doit pouvoir développer ou faire concevoir par une société spécialisée un consommable particulier. A cette exigence s’ajoute au passage l’enjeu de réutilisation de consommables d’autant plus couteux qu’ils sont développés de manière spécifique pour l’entreprise. Reprenons l’exemple de notre fabricant de pneumatiques : combien de fois devra-t-il refaire son prototype pour le tester dans toutes les conditions d’utilisation possibles ? Si elle veut pleinement jouer son rôle au service de l’innovation industrielle, l’impression 3D doit aussi ne pas imposer de limites trop drastiques en termes de format des pièces. Encore rares sur le marché, les imprimantes 3D disposant d’une surface de modélisation de 55cm x 55 cm x 55cm, pour réaliser simultanément soit une seule grande pièce soit plusieurs petites.
L’impression 3D ne se limite cependant pas au travail de la machine elle-même. De nombreuses opérations en amont et en aval conditionnent la réussite de chaque impression, depuis l’acquisition numérique du modèle à reproduire, jusqu’aux différentes étapes de finition, de polissage, de contrôle de la qualité et de la conformité de la pièce produite, etc… C’est en réalité tout un écosystème de compétences spécialisées qui doit être mis en œuvre et surtout orchestré au service d’une clientèle qui ne sera pas toujours composé de grandes entreprises disposant des ressources nécessaires en interne. Sur le principe, l’enjeu industriel est similaire à celui que posait, il y a une dizaine d’années, le développement de l’impression numérique industrielle.
Lorsqu’une technologie est intégrée à un processus métier, la dimension d’accompagnement et de service sont essentielles pour garantir non seulement la haute disponibilité de l’équipement, mais sa parfaite adéquation aux objectifs de productivité ou de rentabilité de l’entreprise. Cette capacité d’accompagnement repose sur une vision à la fois opérationnelle et prospective du marché.
A mesure que l’impression 3D se démocratise, les besoins de chaque segment d’activité vont se diversifier et se spécialiser, réclamant chacun une expertise dédiée et un réseau de compétences techniques maillé sur tout le territoire, ainsi qu’une expérience concrète des enjeux et des défis opérationnels liés à l’utilisation de la technologie en contexte industriel.