Selon ManpowerGroup, la numérisation devrait accroître le nombre d’emplois, 83 % des employeurs prévoyant de maintenir ou d’accroître leurs effectifs au cours des deux prochaines années. Mais encore faut-il que les salariés développent des compétences adaptées.
L’avenir du marché du travail s’annonce prometteur selon le rapport de ManpowerGroup « The Skills Revolution » (“La Révolution des Compétences”), une enquête réalisée auprès de 18 000 employeurs tous secteurs confondus dans 43 pays et publiée à l’occasion du Forum économique mondial (FEM) de Davos (Suisse) qui se tient du 17 au 20 janvier 2017. Près d’un employeur sur cinq (19 %) prévoient que les bouleversements technologiques entraîneront une hausse du nombre d’emplois sous l’effet du processus d’adaptation qui en découlera, alors que plus de six employeurs sur dix (64%) pensent maintenir leurs effectifs. Mais avec cette réserve, de taille : que les employés disposent des compétences ad hoc et de la capacité à apprendre, mettre en pratique et s’adapter.
Davantage ou moins ? On se focalise beaucoup sur les chiffres de suppression ou de création d’emplois, mais on ne dit sans doute pas assez qu’il faudra que chacun acquière de nouvelles compétences, qui seront toujours plus fréquemment sollicitées, pour continuer à occuper des postes dont nous n’avons encore jamais entendu parler. Il y a un an, Stefano Scarpetta, directeur de l’emploi, du travail et des affaires sociales à l’OCDE, chiffrait à « plus de 40% » les emplois qui risquaient d’être remplacés par des ordinateurs ou des machines, et indiquait que dans le même temps « de nombreux nouveaux métiers » seraient créés. Le « grand défi », analysait alors M. Scarpetta, étant « la formation, initiale, mais surtout continue ». En ce début d’année, en France, le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) estime lui dans un rapport qu’avec la nouvelle vague d’innovations, 10% des emplois pourraient être supprimés. « Notre rapport met en garde contre des analyses frustres et partielles qui ne s’intéressent qu’aux destructions brutes d’emplois, et contre l’idée que le progrès technique s’attaque à des métiers dans leur globalité : non, il a un impact sur le contenu de certaines tâches », explique Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE. « Il s’agit des mêmes personnes, mais elles feront des choses différentes, et les évolutions vont dans un sens de complexification et d’addition de compétences », ajoute-t-elle.
Posséder les compétences nécessaires
Posséder les compétences ad hoc, voilà donc le défi. « Nous voyons l’émergence d’une révolution des compétences – où aider les gens à monter en compétences et s’adapter à un monde du travail qui change rapidement sera le défi de notre temps », anticipe Jonas Prising, président directeur général de ManpowerGroup. « Dans cette révolution des compétences, la capacité d’apprentissage – c’est-à-dire le désir et la volonté d’acquérir de nouvelles compétences pour rester pertinent et employable – sera la clé de réussite », précise-t-il. « Le moment est venu de prendre des mesures immédiates pour perfectionner ou réorienter les compétences des employés, afin de réduire l’écart entre qualifiés et non-qualifiés – ceux qui ont les compétences adéquates et ceux qui risquent de se retrouver à la traine. Nous devons également intégrer ceux qui ne font pas véritablement partie du monde du travail. C’est ce que nous voulons dire en parlant de l’émergence d’une révolution des compétences. »