Alors que l’Apec fête ses 50 ans, l’Association pour l’emploi des cadres a profité d’un colloque sur le thème « Cadres : enjeux et mutations pour demain » au Conseil économique social et environnemental de Paris pour dévoiler son étude sur l’impact de la transformation digitale au sein de l’entreprise. Il en ressort que les cadres l’accueillent de façon positive pour la majorité d’entre eux.
En France, 34% des cadres affirment que leur entreprise a réalisé sa transformation numérique, et 42% qu’elle est en cours, selon une étude d’Elabe auprès de 1 500 cadres réalisée en décembre 2016 pour les 50 ans de l’Apec. 72% estiment qu’elle a un impact important sur l’entreprise et 63% sur leur quotidien professionnel. Pour 74% d’entre eux, les outils numériques améliorent l’efficacité au travail et développent l’information et la communication.
La mutation est synonyme de méthodes de travail plus collaboratives (62%), d’organisation du travail en mode projet (61%), d’acquisition de nouvelles compétences (56%) et de développement du travail à distance (53%). 87% la jugent positive, synonyme de souplesse et de temps travaillé recentré sur la valeur ajoutée, améliorant les conditions de travail et l’image de l’entreprise. 13% jugent toutefois la transformation numérique négative, déshumanisante, menant à une exigence d’immédiateté, une inflation des processus, et à l’externalisation.
Au sein d’entreprises en transformation, le cadre doit d’abord faire preuve d’une grande polyvalence (75%) plutôt que d’une expertise forte (25%). Son principal défi quotidien… gérer le fait d’être souvent interrompu avant la fin d’une tâche (88%) !
Constatant que la digitalisation de l’entreprise est devenue une norme intégrée par les cadres, DRH, dirigeants et sociologues invités à l’anniversaire de l’Apec ont tenu à rappeler les dangers d’une utilisation excessive des outils numériques. Christian Nibourel, président d’Accenture France et Benelux, souhaite que « les règles d’organisation du travail évoluent vers plus de fluidité et de liberté. Elles doivent prendre en compte les aspirations à la collaboration et au partage des salariés. Il faut montrer du sens à travers les outils digitaux. Chez Accenture, où la moyenne d’âge est de 33 ans, nous avons organisé un jeu collaboratif sur les questions relatives à l’entreprise. »
Réguler la nouvelle organisation du travail
Les partenaires sociaux invités ont ensuite appelé à construire la régulation de l’organisation du travail à l’ère numérique, notamment le droit à la déconnexion, le télétravail, les nouvelles formes d’emploi plus indépendant. D’après Marie-José Kotlicki, secrétaire générale UGICT CGT, « le cadre doit être maître du temps de travail et des outils numériques. » Pour Pierre Gattaz, président du Medef, « le monde de demain sera plus qualifié et collaboratif ; les cadres sont optimistes, malgré l’inflation des processus et la pression de l’instantanéité. »
Marie-Françoise Leflon, présidente de l’APEC, a conclu : « Les enjeux pour un cadre sont de combiner autonomie, expertise, adaptabilité et prévoyance, de savoir manager le mode projet et la gestion des temps. »
Auteur : Christine Calais