Après le coup de gueule de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), Visa tire lui aussi a sonnette d’alarme… De nouvelles conditions européennes de lutte contre la cybercriminalité pourraient « perturber le commerce électronique et compliquer la vie des consommateurs en ligne ».
Visa joint sa voix inquiète à celle de la Fevad et dénonce les nouvelles conditions européennes de la lutte contre la cybercriminalité qui, pour sécuriser les paiements électroniques, pourraient imposer une authentification forte des consommateurs dès une somme à payer dépassant 10 euros. Selon Visa, la moitié du commerce électronique grand public européen serait affecté. En pratique, les propositions impliqueraient selon Visa la fin du passage en caisse rapide. « Les mesures proposées mettraient fin au paiement en un clic, même auprès de sites marchands régulièrement fréquentés par le consommateur. De même, les paiements rapides « in-app », au moyen d’applications où le consommateur a choisi de stocker les données de sa carte bancaire, seraient impossibles », indique Visa dans un communiqué. Cela concernerait potentiellement 6,6 millions de Français qui ont déjà effectué un achat depuis leur mobile, selon une étude de la Fevad. Visa estime que la moitié du commerce électronique grand public européen serait ainsi affecté.
La sécurisation des paiements imposée par l’Union Européenne : une menace pour l’e-commerce ?
Pour Visa, le projet obligerait les sites marchands internationaux à se conformer aux nouvelles règles européennes, faute de quoi les paiements seraient automatiquement refusés. Visa estime que “plus de 6 milliards d’euros de paiements pourraient être concernés, soit les deux tiers du total des transactions européennes sur des sites de pays tiers.” L’enquête montre que 51% des Européens achètent actuellement en ligne auprès de distributeurs situés en dehors de l’UE. Cette nouvelle réglementation engendrerait également des problèmes d’utilisation de cartes dans des lieux comme les péages ou les parkings, où les codes PIN ne sont pas actuellement requis. “En France, cela concernerait plus de 500 millions de déplacements par an”, indique Visa, se référant au rapport annuel 2015 d’Autoroutes de France. Enfin, cela donnerait un coup de frein aux nouveaux usages de consommation déjà entrés dans le quotidien des Français, comme les sites de l’économie collaborative et qui proposent des solutions de paiement simplifié. “En France, le m-commerce représentait en 2015 un chiffre d’affaires de 6,4 milliards d’euros (en hausse de 40% en un an) et la complexification des achats depuis son mobile affecterait clairement cette dynamique”, s’inquiète Visa.
La gestion des risques suffisante
Visa comme la Fevad sont d’accord. Le système de sécurité mis en place en France, prenant en compte la gestion des risques, est bon. « Cette approche est conforme à la politique de sécurité française développée depuis plusieurs années par tous les acteurs, en concertation avec la Banque de France et l’OSCP (Office de la Sécurité des Cartes de Paiements). Cette politique a conduit à des résultats significatifs puisque selon les statistiques de l’OSCP, le taux de fraude en vente à distance recule maintenant depuis deux ans », argumente la Fevad.
Gérard Nébouy, Regional Managing Director France chez Visa, ajoute : “Nous avons aujourd’hui mis en place un système qui fonctionne, par une approche que nous appelons “’authentification basée sur les risques”. Celle-ci permet d’évaluer le niveau de risque de chaque transaction, prenant en compte des éléments comme l’appareil utilisé et les habitudes d’achat. Aujourd’hui, la fraude sur les cartes Visa est faible, limitée à 5 centimes pour 100 euros dépensés. Dans tous les cas, les consommateurs sont protégés des aléas de la fraude : le risque est pris par les commerçants et les banques qui, avec Visa, ont déjà mis en place diverses mesures de sécurité pour prévenir les achats en ligne frauduleux. Ces dispositions simplifient et fluidifient le parcours d’achat. C’est ce que le consommateur d’aujourd’hui attend.”