Les besoins croissants des entreprises dans l’amélioration de leur efficacité, de leurs coûts et de leur compétitivité les poussent à développer un logiciel métier ou adapter un outil existant aussi vite que possible. Tour d’horizon des solutions proposées par des acteurs du développement d’applications rapides de plus en plus nombreux.
Pas facile de distinguer le développement rapide d’application et le développement classique tant que l’on n’y a pas été confronté. Dans les faits, selon Guillaumes Roques responsable Europe des développeurs et startups chez Salesforce, une même application sera développée jusqu’à dix fois plus vite en fonction de la plateforme.
Prêchant pour sa paroisse et pressé de donner des éléments de comparaison, il précise que ces chiffres s’appliquent parfaitement à la comparaison avec .net de Microsoft et Java d’Oracle. Même analyse sur un principe différent, Windev de PCSoft, outil de développement pour développeurs typiquement dans la démarche RAD, qui met en avant ce gain de temps d’un facteur 10 pour le développement d’applications; l’évolution technologique de Windev étant permanente, les limitations de son modèle à un instant t permettent de très souvent suivre les évolutions, tout en nécessitant quand même une refonte de l’application pour en tenir compte. Pour une société comme Danem, spécialisée dans l’ensemble des applications de CRM métiers et de logistique, la manière de travailler est simple et d’une certaine manière à l’ancienne : l’éditeur possède un logiciel et des briques avec près de 20 ans d’expérience, le développement est basé sur le respect d’un cahier des charges et une adaptation du logiciel par ses services internes. Selon Michel Sasportas, PDG de Danem, « pour une société de transports de fonds, 95 % du logiciel était adapté, il nous a suffi de 15 jours pour livrer la solution optimale ». En définitive, qu’est-ce qui fait la différence outre les éléments incontournables que sont les usages de méthodologies adaptées comme par exemple Scrum ? Les outils à disposition.
L’architecture des plateformes de développement rapide
Dans l’idée, ce qui permet le développement rapide d’applications métiers s’appuie sur une plateforme mélangeant outils et services. Le spectre est très large et dépend des fournisseurs mais on peut retenir trois tendances. Il y a les outils de développement, les services d’hébergement et les outils d’interconnexion de services comme ceux qui vont permettre d’échanger des données avec des ERP et des systèmes parfois totalement propriétaires et très orientés métiers; les agents permettant les développements transverses comme par exemple sur les plateformes SaaS avec ouvertures sur les API REST, ODB et autres.
Pourquoi mélanger tous ces éléments ? Pour profiter du meilleur de tout : des outils toujours à jour, des agents toujours plus nombreux chaque jour, une montée en charge des applications développées adaptée instantanément aux besoins grâce au Cloud, et une sécurisation gérée de bout en bout par le fournisseur de la plateforme, évitant ainsi « des trous dans la raquette ». Si parmi les outils il existe des dispositifs capables de modéliser simplement l’application métier à développer, cela ajoute un niveau de service en plus qui s’avère être une tendance d’avenir : s’adresser soit à des développeurs professionnels, soit à des utilisateurs n’ayant aucune connaissance en développement, mais sachant évidemment bien identifier leurs besoins et les retranscrire sur un plan conceptuel.
Le développement accessible aux profanes
Pour plusieurs personnes interrogées, des directeur de marketing peuvent arriver à conceptualiser et à rendre opérationnelles des applications. Salesforce estime que sa plateforme adresse aujourd’hui 40 % de non développeurs et 60 % de développeurs. Avec 2 millions de clients, Salesforce estime à 800 000 le nombre d’utilisateurs non codeurs. Quand on leur pose la question de la taille du marché potentiel pour le développement rapide d’applications métiers sur des plateformes, ils l’estiment à 100 millions d’utilisateurs La plateforme CodeFluent Entities de SoftFluent se veut être une plateforme de développement rapide d’applications avec l’approche « Model-First », mais pas seulement. Daniel Cohen-Zardi, son PDG, précise que la plateforme est là d’une part pour « fabriquer la mise en œuvre grâce à des outils de modélisation mais aussi de gestion des équipes de développement qui favorisent une évolution plus facile des applications développées ». De son côté, un gros acteur, Progress Software, n’est pas en reste dans les solutions de développement rapides dans lesquelles le développement classique orienté RAD (Rollbase) et le développement pour mobiles convergent et se rejoignent dans une nouvelle appellation Cloud qu’est l’aPaaS pour Application Platform as a Service; pour cela, Progress Software a récemment racheté Telerik qui regroupe 1,4 million de développeurs, une solution qui se rapproche de force.com de Salesforce. Et si l’on veut encore ajouter un acteur sur ce secteur en très fort développement qui se veut 100% aPaaS, Simplicité, développée par la société française Simplicité Software « apporte une solution aux professionnels de l’IT en leur donnant la possibilité de répondre aux besoins des métiers en constante évolution, sans être limité par des systèmes en place rigides ou des développements spécifiques longs et risqués. »
Qui fait le travail ?
Le développement rapide d’applications métiers peut être réalisé de la même manière que pour le développement classique. Tout peut être traité en interne, tout peut être pris en charge par une SSII ou bien chaque phase peut être traitée à un moment donné par telle ou telle ressource. Comme dans tout projet, il faut un chef de projet et les délégations adéquates. La DSI sera souvent en première ligne pour les moyennes ou grosses entreprises. Dans le projet Agilab de GDF Suez avec Faveod (voir encadré), la société éditrice de la plateforme a forfaitisé le développement de la version 0 fonctionnelle en 4 mois avec deux développeurs intégrés dans l’équipe de l’éditeur. Le chef de projet interne chez GDF Suez, Xavier Tang, témoigne : « Faveod est une société très dynamique, très réactive par rapport aux demandes, toutes les modifications ont été traitées dans des délais raisonnables, ils ont un bon esprit de collaboration ». Chez RedFabriq (voir encadré), il y a deux activités principales qui se complètent : la société représente la plateforme Xamarin pour la France et vend de la prestation de services en tant que SSII. Leur cœur de métier est le mobile.
Les développements clés en main
Grande tendance de l’évolution des besoins et, du coup, des offres des plateformes, la possibilité de produire des apps pour tablettes et smartphones en complément des usages classiques qui se retrouvent souvent sous la forme de services Web. Quand RedFabriq propose ce qu’ils appellent la Digital Factory, service clé en main de développement d’applications multiplateformes entièrement responsives capables de gérer des développements rapides pour 150 variantes de clients mobiles, Salesforce intègre la gestion du déploiement d’une application vers tous les mobiles en cliquant une case à l’écran. PCSoft, célèbre éditeur propose quant à lui Windev mobile, spécialisé dans le développement d’applications mobiles multi OS. Chaque plateforme s’attaquant aussi bien à Android qu’IOS, Windows Phone, voire Windows RT. Zaak Chalal, fondateur de RedFabriq précise que « le problème avec les plateformes de développement rapide qui portent les applications sur mobiles, c’est souvent l’adaptation ergonomique et graphique qui pêche, d’où l’idée de la Digital Factory qui prend en compte ces impératifs indispensables aux grands comptes qui adressent notamment des clients particuliers avec leurs applications ».
Cloud ou pas Cloud ?
Quel que soit le modèle de développement rapide envisagé, il est difficile de ne pas avoir à un moment besoin de Cloud pour satisfaire à un besoin. L’ouverture, l’accès et la scalabilité de l’hébergement de l’application sont souvent les moteurs des choix de l’usage d’une partie Cloud. Le ou les types de Cloud employés dépendent directement du principe de fonctionnement de l’application, si elle est exécutée en tant que service sur un serveur ou si elle est exécutée sur un terminal avec pour toutes transactions des échanges de données avec des bases de données hébergées. Comme pour tout usage du Cloud, on retrouve les choix de SaaS, PaaS et IaaS, avec plus ou moins de choix quant aux problèmes de gestion des sécurisations.
A noter, plusieurs plateformes de ce dossier s’appuient sur Visual Studio de Microsoft pour délivrer des outils ouverts à la fois sur un développement d’applications classiques et mobiles via différentes approches.
L’auteur de cet article, Olivier Pavie, est consultant, auteur et conférencier en stratégie numérique d’entreprise et en marketing digital www.opavie.com
Produits et sociétés mentionnées
Editeur | Web | Solutions | Mobile | Web |
---|---|---|---|---|
Progress | www.telerik.com | Telerik plateforme aPaaS | en fonction | OUI |
Salesforce | www.force.com | Force.com plateforme aPaaS | en fonction | OUI |
Danem | www.danem.fr | Negos et autres produits, Negos Cloud en Cloud | en fonction | en fonction |
Faveod | www.faveod.fr | Faveod | en fonction | OUI |
SoftFluent | www.softfluent.fr | CodeFluent Entities | OUI | OUI |
PCSoft | www.pcsoft.fr | Webdev, Windev et Windev Mobile, Cloud selon développements | OUI | en fonction |
Simplicite | www.simplicite.fr | Simplicité plateforme aPaaS | OUI | en fonction |
Xamarin | www.xamarin.com | Xamarin outil de developpement cross plateformes mobiles | OUI | NON |
RedFabriq | www.redfabriq.fr | Digital Factory complété par Xamarin (dont la société est la représentante en France) |
OUI | en fonction |