Sabena Technics, spécialiste de la maintenance aéronautique, a mis en place un système de gestion des pièces de rechange centralisé.
Sabena Technics maintient, répare et révise une large gamme d’avions, allant du régional au moyen et gros porteur, pour les secteurs civil et militaire. Cette diversité a rendu nécessaire chez cet acteur indépendant du secteur du MRO (Maintenance, Réparation & Opérations) la mise en place d’un système de gestion centralisé de pièces de rechange. Car il gère près de 800 000 références dont il détient un quart en stock, soit 90 M€ en valeur. Il a réapprovisionné 100 000 références en 2014. Son volume d’achats annuel de pièces de rechange représente 95 M€, pour un chiffre d’affaires de 400 M€ en 2014.
Jacques Dumoucel, directeur support industriel de Sabena Technics, explique : « La très large gamme de pièces à gérer découle du faible nombre de pièces standard. L’aéronautique a une capacité impressionnante à faire des pièces spécifiques. Par exemple, un écrou à 1 centime en vaut 50 quand il est certifié Airbus. » La durée de vie d’une pièce peut être inférieure à six mois pour les pièces d’étanchéité ou aller jusqu’à dix ans.
Les difficultés de gestion sont nombreuses au démarrage du projet en 2012.
« Le poste de coûts de consommables est mal mesuré, analyse M. Dumoucel, car il est éclaté entre nos sites de Bordeaux, Dinard, et Nîmes. Il y a 2 M€ de dépréciation par an : les pièces qui ne tournent pas au bout de deux ans (destinées à des avions qui volent de moins en moins) doivent être dépréciées de 90% de leur valeur. » Les fournisseurs tentent de vendre à des prix différents une même pièce selon le site. Le processus de pilotage des ressources de production (Manufacturing Ressources Planning, MRP) du site de Bordeaux est géré sous SAP, celui de Dinard sous Movex et celui de Nîmes sous Amasis d’ifrSkeyes, filiale d’Airbus, logiciel notamment utilisé dans le monde de la défense. Mais les mises à jour ne sont pas toujours réalisées dans ces logiciels du fait de la diversité des pièces et de consommations faibles et erratiques. Les bases articles et fournisseurs ne sont pas synchronisées entre les sites.
« Nous avons regroupé les approvisionnements, la logistique, le SI, les achats pour mettre en place une supply chain groupe. »
Jacques Dumoucel
De la chasse aux pièces au plan de charge prévisionnel
« Aussi en 2012 une organisation centralisée est mise en place. Ont été regroupés les approvisionnements, la logistique, le SI, les achats sous ma direction pour mettre en place une Supply Chain groupe », indique M. Dumoucel. Les approvisionneurs, auparavant chasseurs de pièce, sont réorganisés par catégorie : quincaillerie, mécanique…
Elaborer un plan de charge prévisionnel
Pour soutenir cette nouvelle organisation, l’entreprise a choisi le logiciel de prévision et d’optimisation des stocks Optimiza de Barloworld Supply Chain Software. Il est d’abord installé à Bordeaux. L’objectif principal est de relier un article à une tâche de maintenance et à un avion avec un pourcentage de probabilité de consommation pour avoir un plan de charge prévisionnel.
Optimiza s’avère être un outil d’aide à la décision ergonomique et simple. Chaque matin, l’approvisionneur dispose de façon synthétique des états, ruptures en cours, ruptures à terme, surstocks….
Le logiciel est en cours de déploiement à Nîmes et le sera bientôt à Dinard. Les réapprovisionnements des pièces qui tournent bien sont automatisés sous Optimiza. De 2012 à 2014, le surstock est passé de 7 à 5 M€, les stocks ont été diminués de 8 M€ malgré une hausse de l’activité de 15% ; la couverture de stock est passée à moins de 11 mois et le coût de dépréciation annuel est réduit de 1 M€. Le taux de disponibilité immédiate du stock a été amélioré, aujourd’hui de 95%. Les indicateurs clefs de mesure de performance sont mieux calculés, notamment ceux de suivi des fournisseurs.
Sabena Technics réfléchit à l’impression 3D
Sabena Technics, opérateur économique agréé qui emploie plus de 2 000 salariés, a toujours des projets IT sur le feu : « Nous réfléchissons depuis septembre à un projet associant conception assistée par ordinateur (CAO), gestion du cycle de vie du produit et impression 3D. Fin mars, le cadrage sera finalisé, » annonce Jacques Dumoucel, directeur support industriel.