L’intelligence artificielle occupe depuis deux ans une place bien établie dans la phase du « Peak of Inflated Expectations » du Gartner Hype Cycle. L’arrivée de ChatGPT en 2022 a notamment consolidé certains concepts et préoccupations de base liés à l’IA pour les employés à tous les niveaux et dans tous les types de structures. Sébastien Delauré, Solution Architect d’IFS, éditeur mondiale de logiciels d’entreprise, nous parle ici déploiement de l’IA.
Aujourd’hui, 82 % des décideurs reconnaissent qu’une pression importante s’exerce sur eux : il se doivent d’adopter l’intelligence artificielle très rapidement. Toutefois, seuls 23 % d’entre eux ont achevé le développement de leur référentiel de données. L’achat d’un nouvel outil d’IA est la partie la plus facile du processus ; c’est dans son déploiement que résident toutes les difficultés. Il convient ainsi de se pencher sur les principaux moyens dont disposent les équipes informatiques (IT) pour préparer leur entreprise à un déploiement efficace de l’IA.
Identifier les besoins et la valeur
Il est essentiel d’adopter une architecture d’entreprise orientée vers les résultats, conçue dans le cadre d’un programme par étape. Sa mise en place nécessite du temps ainsi qu’une collaboration étroite entre les équipes informatiques et les autres responsables techniques de l’entreprise. Ces personnes doivent travailler ensemble pour déterminer la valeur commerciale de toutes les technologies actuellement utilisées et évaluer la manière dont elles doivent s’intégrer dans les stratégies générales de l’entreprise. Une fois l’état de la pile technologique pleinement évaluée, les lacunes sont plus facilement identifiées. En ayant pris connaissance de ces dernières, les équipes informatiques seront en mesure d’analyser l’adéquation et la valeur potentielle des nouveaux outils, et pourront contester la direction si elle opte pour des outils inadaptés.
Dans cette démarche, les équipes IT doivent définir des objectifs pour la recherche de nouvelles technologies, en déterminant les critères requis et en identifiant les outils avec lesquels elles devront s’intégrer. Cela implique également des tests ciblés sur les produits. Plus le travail en amont de l’adoption de solutions d’IA modernes sera important, plus les professionnels de l’informatique seront en mesure d’évaluer leurs véritables bénéfices.
Migration et gestion des données
On estime que plus de 90 % des grandes entreprises utilisent une forme de technologie cloud. Cependant, celles ayant réellement migré leurs données vers le cloud, ou un environnement hybride, restent peu nombreuses. Pour que l’intelligence artificielle soit la plus efficace possible, elle doit pouvoir accéder à l’ensemble des données de l’entreprise, ce qui nécessite beaucoup de puissance. Il est donc essentiel que les équipes informatiques consacrent du temps à la création d’une infrastructure de données transparente et adaptée aux exigences des technologies d’IA.
La mise en place d’une telle infrastructure permet à l’entreprise de prendre des décisions construites sur les données et de réagir de manière proactive à tous les changements. Qu’il s’agisse d’innovation produit, d’expérience client, de productivité des équipes ou même d’une initiative ESG, il faut un processus organisationnel pour la collecte, le stockage, le partage et le traitement des données. Autrement, le champ d’action de l’intelligence artificielle sera limité. Au-delà de l’adoption de l’IA, une infrastructure de données établie est essentielle pour aborder la gouvernance. Par ailleurs, le recours à un cloud hybride peut améliorer la protection.
Compétences humaines et communication
Pour adopter correctement l’intelligence artificielle, il faut disposer d’une infrastructure métier et de données, mais aussi de ressources humaines compétentes. C’est pourquoi les entreprises ont tout intérêt à mettre en place un comité spécialisé qui bénéficie des ressources et de la formation nécessaires. Elles seraient ainsi à même d’étudier en profondeur toute nouvelle technologie d’IA présentant un intérêt. Ce comité doit également consacrer du temps au test des outils d’intelligence artificielle avant de mettre la main au portefeuille.
Ensuite, une fois l’outil choisi, il convient de désigner des référents au sein de la société. Ils auront pour mission de se renseigner sur tous les aspects du produit et d’assurer la liaison entre l’entreprise et le fournisseur. Leur rôle sera également de faciliter la résolution des problèmes et de former les utilisateurs. Avant qu’une nouvelle solution ne soit annoncée ou mise en œuvre, un programme solide doit être mis en place pour le déploiement. Sans oublier de tenir compte de la formation dont chaque utilisateur peut avoir besoin, des cas d’utilisation précis auxquels elle s’applique, du calendrier de mise en œuvre prévu pour chaque équipe ou membre, entre autres. Car si une entreprise a besoin d’une certaine préparation avant l’adoption de l’intelligence artificielle, c’est d’autant plus vrai pour les personnes qui l’utiliseront quotidiennement.
Certes, les possibilités sont étendues, mais il ne faut pas se limiter à la simple mise en œuvre d’outils d’IA. Il faut une combinaison judicieuse de vision, de stratégie, de moyens technologiques et de compétences humaines. Pour tirer parti de tout le potentiel de l’intelligence artificielle, il faut établir des lignes directrices précises, réalisables et applicables à l’ensemble de l’entreprise. Le moment est venu de prendre du recul, d’évaluer et définir les bases d’une transformation axée sur l’IA pour qu’elle dépasse l’engouement et transforme la vision en résultats concrets.