Accueil Collectivités Fibre : une entreprise française sur cinq risque d’être coupée d’Internet

Fibre : une entreprise française sur cinq risque d’être coupée d’Internet

Denis Teissier, directeur marketing de Covage

Ce titre est certes un peu provocateur, mais rend compte d’une réalité : l’existence d’un plafond de verre dans l’adoption de la fibre en entreprise. Selon le Baromètre 2024 d’Infranum sur le sujet, la France approche des 80 % d’entreprises fibrées : quid des 20 % restants à la veille de la fermeture du réseau cuivre ?

C’est en bord de Seine, dans les locaux de la Caisse des Dépôts, qu’Infranum et Covage ont présenté hier après-midi l’édition 2024 de leur Baromètre de la fibre en entreprise. Cette étude, réalisée par l’IFOP, a été menée auprès de 800 entreprises françaises. La mouture 2023 avait mis en évidence un ralentissement de l’adoption de la fibre dans les entreprises : 63 % des sociétés interrogées étaient raccordées, une hausse de 15 % sur un an, à mettre en perspective de la croissance de plus de 60 % du parc entre 2021 et 2022.

A l’époque, 41 % des interrogés expliquaient ne pas vouloir basculer. Plus de la moitié d’entre eux estimaient que les coûts, directs et indirects, étaient un frein (+25 points sur un an). Un tiers pensaient ne pas être éligibles et un quart disaient ne pas faire confiance aux opérateurs. 2024 a-t-il inversé la vapeur, alors que se profile l’arrêt du réseau cuivre ? Pas vraiment, du moins en termes de taux d’adoption.

Du mieux, mais pas partout

La nouvelle édition du baromètre nous apprend que 75 % des entreprises sont désormais fibrées, 12 points de plus que l’année précédente. Une amélioration, certes, mais à nuancer du fait des disparités géographiques. En effet, cette croissance est tirée par les zones rurales, en grande partie grâce aux RIP (Réseaux d’Initiative Publique) qui se concrétisent enfin. Ainsi, 60 % des entreprises dans les communes rurales sont équipées, 16 points de plus que l’an dernier.

Mais, dans la région Île de France, c’est avec peine qu’on a dépassé les 80 %. Le taux d’adoption est de 82 %, trois petits points de plus qu’en 2023. Un véritable plafond de verre. Et Denis Teissier, directeur marketing de Covage, qui présentait l’étude, de s’interroger : « comment faire, quand nous aurons atteint les 80 % des entreprises fibrées, pour convaincre les 20 % restants ? ».

Boris Jamet-Fournier, délégué général (fraichement élu) d’Infranum

Car pour un certain nombre d’entre eux, d’ici quelques jours, la connexion sera coupée. En effet, le début d’année 2025 marquera la fin du cuivre pour le lot 1, ce qui représente 158 communes et 40 078 entreprises (les départements du Nord et de la Seine-et-Marne seront les principaux concernés avec respectivement 8460 et 7989 entreprises). Or l’enjeu est de taille. « Ce qui est en jeu, c’est la compétitivité des entreprises françaises », assène le nouveau délégué général d’Infranum, Boris Jamet-Fournier. Car la très grande majorité des entreprises considèrent qu’une coupure de l’accès aura un impact économique sur leurs activités.

Des offres peu ou pas adaptés ?

Petit problème : l’étude montre que 48 % des entreprises interrogées s’estiment mal-informées sur la fin du cuivre. Un avis largement partagé par les acteurs du marché et les collectivités que nous avons interrogé dans le dernier numéro de Solutions Numériques et Cybersécurité sur ce sujet. Heureusement, 64 % des entreprises non fibrées envisagent de se raccorder. Restent 35 % pour qui s’y refusent, avec encore pour première crainte les coûts associés à la fibre (bien que cette préoccupation baisse de 28 points d’une année sur l’autre).

Le directeur marketing de Covage fait d’ailleurs une corrélation intéressante entre ce plafond de verre de 80 % et une autre question du baromètre : lorsqu’on leur demande si « les offres fibre sont-elles adaptées à votre entreprise », 81 % des interrogés répondent par l’affirmative, 19 % par la négative. De là à faire le parallèle entre les deux chiffres, il n’y a qu’un pas, que Denis Teissier franchit aisément.