ITSM : EasyVista joue la carte de l’innovation et de la souveraineté

Porté par une croissance de 23 % en 2023, le spécialiste de l’ITSM compte doubler le montant de ses revenus récurrents d’ici à trois ans. Face à ses concurrents américains, l’éditeur français mise sur l’intelligence artificielle, le Green IT ou l’enjeu de souveraineté numérique.

Editeur mondial de solutions dédiées à la gestion des services informatiques ou ITSM (Information technology service management), le français EasyVista connaît une croissance particulièrement soutenue. Basée à Noisy-le-Grand (93), la société a dépassé le cap des 50 millions d’euros de revenus récurrents en 2023, en hausse de 23 %. Présente dans sept pays et revendant plus de 3 000 entreprises clientes, EasyVista se donne désormais pour ambition de doubler la mise et de passer le cap des 100 millions d’euros à fin 2026. L’effectif devrait, lui, croître de 10 % en 2024 pour atteindre plus de 400 collaborateurs.

Pour tenir ces objectifs, l’éditeur a quelques arguments à faire valoir. A la différence de ses grands concurrents américains tels que ServiceNow ou BMC qui lorgnent vers les services RH, la finance ou la relation client, le « frenchie » EasyVista est resté, lui, loyal aux équipes IT. Sur la base de son métier historique, l’ITSM, basé sur le référentiel ITIL, il a étendu son périmètre au monde de la gestion des opérations IT ou ITOM (IT Operations management) et de la digitalisation des processus métiers ou ESM (Enterprise service management).

Une logique plateforme et la satisfaction client

Dans une approche intégrée, sa plateforme fournit et supporte l’ensemble des services numériques. « Nous couvrons toute la chaîne de valeur, du support utilisateur à la supervision des infrastructures et des datacenters », avance Patrice Barbedette, CEO d’EasyVista. Gratifié d’une note de 4,9 sur 5 dans les évaluations Gartner Peer Insights, l’éditeur entend capitaliser aussi sur la satisfaction client. « 60 % de notre croissance vient de l’extension de contrats de notre base installée. »

Autre axe de différenciation : l’innovation. EasyVista consacre 10 % de son budget R&D à l’intelligence artificielle. «  Au-delà du buzzword, l’AIOps offre des cas d’usage concrets et des gains de productivité, poursuit le dirigeant. Intégrée nativement à notre plateforme, l’IA émet des recommandations, simplifie certaines tâches et diminue drastiquement le nombre de faux positifs, une vraie plaie pour les responsables de la production. »

Dans sa dernière mise à jour, EasyVista Service Manager intègre désormais un module de Green IT permettant de mesurer l’impact environnemental des activités numériques. « La prise en compte de l’enjeu environnemental est perçu comme un sujet important par nos clients mais pas encore comme un critère de choix », tempère Patrice Barbedette.

En revanche, l’enjeu de souveraineté s’avère un élément décisif et le dirigeant indique avoir gagné le contrat Aéroport de Paris (ADP) face à ServiceNow sur ce critère. EasyVista compte aussi, parmi ses références, les ministères de la Justice et des Finances ou les services du Premier ministre. Avec son offre déployée dans l’environnement SecNumCloud d’Outscale, les acteurs publics, les OIV et, plus généralement, toutes les entreprises privées sont immunisées contre les lois extraterritoriales américaines comme le Cloud Act ou le FISA.

Stratégie « Partners First » et croissance externe

Pour soutenir sa croissance, EasyVista a adopté une stratégie « Partners First ». L’éditeur comprend une quarantaine de partenaires dont une dizaine en France parmi lesquels on trouve Spie, Infodis, Experis ou Fujitsu. « 90 % des projets sont réalisés par nos partenaires », affirme Patrice Barbedette qui indique être toujours en phase de recrutement.

Le développement d’EasyVista passe aussi par l’international, l’éditeur réalisant un peu plus de la moitié de son chiffre d’affaires hors de France, dont 35 % aux Etats-Unis et le solde en Europe (Angleterre, Italie, Portugal, Espagne).

Enfin, reste la croissance externe. « EasyVista a démontré par le passé sa capacité à transformer les acquisitions en apport de valeur », rappelle Patrice Barbedette. En 2021 et 2022, l’éditeur avait procédé à trois acquisitions en s’emparant d’Itexis, éditeur de logiciels de supervision de l’expérience utilisateur, de Coservit, éditeur de logiciels de monitoring, et de Goverlan, éditeur américain spécialisé dans le support à distance.

 

Xavier Biseul