(AFP) – Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé mardi son intention de placer sous le contrôle de l’Etat les activités de contrôle-commande des centrales nucléaires françaises actuellement détenues par le géant informatique français en difficulté Atos et jugées “stratégiques“.
“Je vous confirme que toutes les activités stratégiques resteront sous le contrôle de la puissance publique, y compris les commandes de contrôle de nos centrales nucléaires“, a déclaré M. Le Maire sur CNews-Europe 1, évoquant une éventuelle reprise par “EDF, ou une entreprise proche d’EDF“.
Bercy, qui avait déjà exprimé son intérêt pour les activités souveraines du groupe (supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, contrats avec l’armée française et produits de cybersécurité), s’est déjà engagé à prêter 50 millions d’euros à l’entreprise pour l’aider à stabiliser sa situation financière et a acquis une “action de préférence”, lui permettant de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale d’Atos qui
construit ses supercalculateurs. Mais Worldgrid, la filiale hautement critique d’Atos qui conçoit les systèmes de pilotage des centrales nucléaires notamment pour EDF, ne fait partie du périmètre “sécurisé” par l’Etat, alors qu’elle pourrait être cédée. “Je ferais en sorte que le contrôle-commande des centrales nucléaires, qui aujourd’hui est dans Atos et pas encore dans le périmètre que nous avons sécurisé, soit dans le périmètre (…) qui restera sous le contrôle la puissance publique“, a martelé Bruno Le Maire. “Il n’est pas question que ce contrôle de commandes des centrales nucléaires puisse désormais partir je ne sais trop où, elle doit rester sous le contrôle de la puissance publique“, a-t-il répété.
Atos dit avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités
Lourdement endetté, Atos, qui doit aussi être l’un des piliers technologiques des Jeux de Paris cet été, a annoncé début mai étudier trois des quatre propositions de restructuration financière reçues en vue de son sauvetage et vouloir trouver avec ses créanciers une solution “acceptable pour eux” d’ici au 31 mai. L’entreprise dit avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 et vouloir réduire de 3,2 milliards d’euros sa dette brute, qui avoisine les 5 milliards, pour sauvegarder son activité.
Dans une tribune transpartisane publiée dimanche, des parlementaires avait appelé “tous les acteurs publics et économiques à maintenir Atos sous pavillon français pour protéger notre autonomie stratégique“. “Atos doit rester française, entière, indépendante“, avaient insisté notamment les présidents des groupes LR à l’Assemblée nationale et au Sénat
Olivier Marleix et Bruno Retailleau, leurs homologues socialistes Boris Vallaud et Patrick Kanner ainsi que Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.