La génération Z transforme le monde du travail en privilégiant le freelancing

AVIS D’EXPERT – Franck Thomas, responsable France de Fiverr (une place de marché en ligne pour les travailleurs indépendants) examine pour les lecteurs de Solutions Numériques & Cybersécurité comment la génération Z transforme le monde du travail. Elle privilégie le freelancing pour sa liberté et son autonomie, malgré les défis rencontrés, s’acheminant ainsi vers une ère où la flexibilité est primordiale. 

Nous assistons à une révolution silencieuse dans le monde du travail, orchestrée par la génération Z. Née dans une ère de digitalisation omniprésente, cette génération porte des attentes et des aspirations qui défient les normes établies. Pour elle, le travail ne se résume pas à une simple transaction financière, mais à une quête d’épanouissement personnel et professionnel. En outre, nombre de travailleurs ont été propulsés sur le marché du travail pendant la pandémie de Covid-19 et ont dû faire face à des défis uniques dès leurs débuts professionnels, parmi lesquels l’autonomie réclamée par le télétravail, les challenges du management à distance, l’articulation entre vie personnelle et professionnelle propre à cette période, et le renforcement des compétences sans le cadre formel de l’entreprise. Malgré leur enthousiasme, une grande partie de cette génération a déjà connu la dure réalité des licenciements massifs, ce qui a pu modifier leur vision de l’emploi et de la résilience.

La liberté et l’autonomie sont au cœur des désirs de cette génération. Ils rejettent les modèles traditionnels d’emploi et aspirent à contrôler leur propre trajectoire professionnelle. Le freelancing représente pour eux la voie vers une certaine liberté, offrant la flexibilité nécessaire pour façonner leur propre parcours, loin des contraintes d’un emploi à temps plein. Plusieurs tendances témoignent d’une volonté de se détourner des schémas de travail dits traditionnels.

Accroître les revenus et les diversifier

Les principales motivations qui incitent les jeunes générations à se tourner vers le travail en freelance sont principalement d’ordre financier, en particulier face à l’inquiétude croissante liée à la hausse du coût de la vie. Ils cherchent ainsi à accroître leurs revenus et à les diversifier. Parallèlement, on observe chez certains un désir de créer leur propre entreprise et de devenir leur propre patron. De plus, certains aspirent à acquérir de nouvelles compétences et à développer leur expérience dans un domaine différent, tandis que d’autres souhaitent consacrer du temps à une passion qui ne peut être pleinement explorée dans un emploi à temps plein.

Si l’inquiétude suscitée par la récente vague de licenciements reste vive et conduit les jeunes à considérer le travail en freelance comme une bonne alternative en cas de perte d’emploi, beaucoup semblent plus intéressés par la possibilité d’établir leurs propres rythmes et gestion du temps. Pourtant, cette transition vers le freelancing n’est pas sans poser de problèmes. Ces jeunes de la génération Z sont confrontés à l’incertitude financière (par manque de régularité des revenus), à la difficulté de se faire reconnaître par les entreprises et à la nécessité de se constituer leur propre clientèle, en particulier dans le contexte d’une économie française qui semble souvent statique et limitée par des structures traditionnelles. Malgré ces obstacles, de plus en plus de jeunes Français se tournent vers le freelancing pour répondre à leurs aspirations professionnelles, y voyant un moyen de s’affranchir des limites du marché du travail traditionnel.

Flexibilité et autonomie

Cette transition marque le début d’une nouvelle ère dans le monde du travail. Nous sommes à l’aube d’un changement profond, où la flexibilité et l’autonomie deviennent des valeurs centrales. Dans cette transition vers un nouveau paradigme professionnel, il est essentiel que les gouvernements, les entreprises et les actifs collaborent pour créer un environnement propice à l’épanouissement et à la réussite de tous. Cette évolution vers le freelancing n’annonce pas la fin du travail traditionnel, mais elle ouvre la voie à de nouvelles formes de collaboration et d’organisation du travail, où la flexibilité, l’horizontalité et l’autonomie sont valorisées. Ainsi, deux modes de fonctionnement vont cohabiter. Les entreprises doivent s’adapter pour attirer et retenir ces jeunes talents, en offrant des horaires flexibles, des missions alignées sur leurs valeurs et des opportunités de développement professionnel tangibles. Ce sont par ailleurs des critères de recherche d’un emploi, avant même un salaire compétitif et transparent.

La Génération Z est en train de changer la façon dont nous travaillons. Ils recherchent la liberté, veulent contrôler leur destin professionnel, et voient le freelancing comme une réponse à leurs aspirations financières et personnelles. A tel point qu’aujourd’hui, certains perçoivent le travail en freelance comme plus stable que le salariat à plein temps. Si elle présente des défis, cette évolution vers plus de flexibilité et d’autonomie semble centrale, inévitable et profonde.

 

Franck Thomas