Automatiser la logistique des ventes, mettre à jour régulièrement le catalogue produits ou encore permettre l’accès en temps réel aux stocks… Le couplage entre un site d’e-commerce, qu’il soit B2B ou B2C, et un ERP représente une combinaison gagnante pour les entreprises qui souhaitent accélérer leur développement.
« Si l’ERP s’imposait pour des questions de rationalisation, d’harmonisation des processus, poussé par les directions financière et informatique, il y a aujourd’hui une prise de conscience des directions commerciale, logistique, etc. sur ce que peut apporter véritablement l’ERP », comme le souligne Géraldine Esnault, directrice du marché Professional Services au sein de la société Prodware, éditeur, intégrateur et hébergeur de solutions sectorielles et métiers. Et de donner l’exemple d’un de ses clients spécialisé dans la vente et le service des produits de sécurité. « Typiquement, il a décidé de digitaliser une partie de son offre, donc d’ouvrir un canal de vente complètement web, et pour ce faire, on est en interaction directe avec l’ERP puisque l’on rentre dans une logique de partage de référentiel, de codification commune où on fait transiter les flux. »
« Commerce en ligne ou pas, l’ERP reste la colonne vertébrale du SI, souligne Benoît Gruber, vice-président Global Product Marketing de Sage. L’e-commerce est une manière de faire du business et l’ERP une manière de piloter son business : finance, achats, vente et production, lance-t-il. Quand vous passez une commande en ligne par exemple, derrière il y a une facturation. Et qui dit facturation, dit compta. » La problématique de l’e-commerce, enchaîne-t-il, c’est simplement de pouvoir aller beaucoup plus vite dans la capture d’informations : cela peut être d’exposer son stock (catalogue en ligne), de faire du paiement et des commandes en ligne. Valérie Deleuze, lead ERP chez Microsoft, met en avant Dynamics AX pour gérer tous types de canaux de vente, en ligne, en magasin, avec une vision sur les stocks centralisée : « Il n’y a pas beaucoup d’outils qui le font avec une seule et même source », soutient-elle vantant l’ERP de Microsoft qui, bien plus jeune que d’autres systèmes concurrents, « a su se réinventer » et offre la simplicité des outils Microsoft et sa faculté à intégrer les autres outils de l’éditeur, dont les outils de communication.
Mêler ERP et e-commerce, comment ça marche ? Solution de gestion intégrée ou dédiée, connecteur liant l’ERP à une plateforme d’e-commerce comme Magento ou Prestashop… quel que soit le dispositif mis en place, les données doivent circuler entre la solution d’e-commerce et l’ERP et inversement.
Différents outils et solutions
Prodware par exemple, propose une solution nommée EBusiness Suite, qui permet de créer un site web marchand connecté à l’ERP. Partenaire majeur de Microsoft et de Sage, Prodware la destine principalement aux utilisateurs de l’ERP de ces éditeurs, et tout particulièrement de Microsoft Dynamics. Solution complète et puissante regroupant le front-end et le back-office du site e-commerce, la solution s’articule essentiellement autour de deux briques : un PIM (Product Information Management), base de données de produits permettant de personnaliser le catalogue par client ou catégorie de client, et un CMS, qui permet de construire et d’administrer le site. « Ces fonctions ne sont pas intégrées dans les ERP », explique Cyril Moya, directeur du Pôle Expertise Solutions Métiers, chez Prodware, « Nous avons voulu nous positionner différemment des autres CMS du marché : notre solution est nativement conçue pour se connecter sur l’ERP ». Les standards du marché, Magento ou Prestashop disposent déjà de fonctionnalités qui sont redondantes avec l’ERP. La solution Prodware est conçue comme complémentaire de celui-ci. La suite dispose déjà d’une quarantaine de références, B2B et B2C, comme Eurofeu, spécialiste de produits anti-incendie, ou L/Uniform. Dans le cas de L/Uniform, jeune griffe carcassonnaise qui d’emblée a misé sur l’e-commerce pour assurer son développement hexagonal et international, le site devait pouvoir proposer la personnalisation quasi-totale des produits : choix des couleurs, du monogramme… Ce sont au final quelque 180 000 combinaisons possibles qui sont gérées en temps réel par le back-office. EBusiness suite a remplacé l’outil CMS initialement envisagé par la marque. : « C’est un seul flux qui passe à travers tous les services, aucune ressaisie n’est effectuée, et cela peut aller jusqu’à l’encaissement en boutique, qui se fait directement sur l’outil », explique Maud Bonis, responsable webmarketing de l’enseigne.
Les revenus issus de solutions SaaS/Cloud d’offreurs situés hors de l’hexagone sont compris.
Dans le même objectif d’accompagner ses clients dans la vente en ligne, CEICOM Solutions, spécialisé dans le secteur du négoce et de la distribution, a développé tout récemment E-Distel, un site de vente en ligne directement couplé au progiciel de gestion intégré Distel. Sa particularité est de couvrir à la fois les fonctions d’un site marchand et celles d’un espace client. La solution ainsi intégrée à l’ERP automatise la logistique des ventes et permet la mise à jour régulière du catalogue produits ou encore l’accès en temps réel aux stocks. La société vient tout juste de développer également un connecteur pour relier l’ERP maison (Distel) à Prestashop. « Nous souhaitions faciliter la vie des entreprises » explique Eric Garcia, directeur général de CEICOM Solutions. « Connecter notre ERP à Prestashop était dans la suite logique de nos actions en faveur de nos clients. Cette solution leur permet de réaliser des gains de temps considérables, notamment en gérant directement leur catalogue sous l’ERP Distel, sans saisie redondante. Avec un échange de données et une gestion des fiches articles fiables, nos clients sont aussi plus sereins dans leurs activités quotidiennes ». L’objectif de la mise en place de cette interface est de centraliser au maximum l’information et le référentiel article. Le connecteur favorise ainsi le partage des données entre l’ERP Distel et le site e-commerce web ou mobile de l’utilisateur.
Comarch, éditeur et intégrateur de solutions ERP destinées principalement au négoce et au retail, propose certes une solution d’e-commerce intégrée directement à son ERP, mais travaille essentiellement aujourd’hui avec des clients qui ont leur propre solution e-commerce, que ce soit Magento ou Prestashop. L’éditeur a donc développé des connecteurs dédiés. « On travaille ensuite sur la notion de référentiel unique qui va être l’élément clé pour pouvoir toucher les utilisateurs, dans un magasin physique ou en ligne », explique Matthieu Lacroix, directeur marketing de Comarch. « Il y a un certain nombre de choses que l’on va laisser gérer par la solution e-commerce comme la solution e-paiement, et d’autres qui vont être gérées au niveau ERP, avec cette notion de référentiel unique et les master data, comme le catalogue produits ou les données clients », précise-t-il. Comarch insiste sur cette notion de référentiel, qui permet de tout gérer de manière centralisée. E-commerce, vente indirecte, réseau de vente à domicile : « on peut très rapidement avoir des points de données différents et un SI hétérogène. C’est dur ensuite de retrouver la donnée. L’ERP permet de tout gérer de manière centralisée ».
Si l’on cite ici Comarch, bon nombre d’autres éditeurs de logiciels de gestion proposent aussi leurs propres connecteurs…
AVIS D’EXPERT
Le marché des solutions dédiées aux stratégies clients pèse 3 milliards d’euros en France
Emmanuelle Olivié-Paul, analyste senior chez Markess, dévoile le poids du marché des solutions dédiées aux stratégies clients en France et partage sa vision sur les tendances à venir.
Le digital modifie considérablement les modes de relation avec les clients et favorise l’émergence de solutions plus adaptées aux nouveaux besoins émis par les décideurs du marketing, des ventes, de la relation client ou encore en charge des innovations digitales : solutions de gestion des échanges pair à pair, d’analyse de données Web, d’intégration des différents canaux d’interactions clients entre eux, de “digitalisation” des points de vente, de création de sites Web ou de contenus marketing, de développement d’usages mobiles…. Cantonné encore il y a quelques années aux solutions de CRM (Customer Relationship Management), de SFA (Sales Force Automation) ou de gestion des appels, le marché des solutions dédiées aux stratégies clients s’est étendu à de nouveaux domaines avec l’essor des relations clients digitales.
Le marché pèse 3 milliards d’euros et s’organise autour de 6 segments :
- Customer Interactions Management (gestion des interactions clients),
- Marketing Campaign & Content Management (gestion et automatisation de campagnes et de contenus marketing),
- Analytics & Big Data (décisionnel et analyse de données),
- E-commerce (création et gestion de sites e-commerce),
- Social & Collaboration (gestion de communautés sociales et collaboration), CRM & SFA (gestion de la relation client et automatisation des forces de vente).
D’ici 2017, certains segments fonctionnels du marché connaîtront une évolution plus dynamique que d’autres avec des taux de croissance supérieurs à 10 % (contre 6,6 % en moyenne pour l’ensemble du marché). C’est notamment le cas des solutions de Marketing Campaign & Content Management, Analytics & Big Data, E-commerce, Social & Collaboration.
