L’Opéra de Paris a ouvert une enquête, fin octobre, sur une facture téléphonique unique d’un montant de 52 000 euros. L’information a fait les gros titres de plusieurs journaux et magazine, après que Le Parisien a révélé l’affaire, car la ligne a été utilisée par un dirigeant syndical pendant ses vacances estivales en Espagne.
Au-delà de la dimension politique prise par une telle affaire, plusieurs médias ont souligné le fait que le Parlement européen avait voté récemment la fin du roaming (Consommation mobile depuis l’étranger) au sein de l’Union Européenne pour le 15 juin 2017. La facture qui accable l’Opéra de Paris est en effet représentative des problèmes qui peuvent survenir du fait de consommations téléphoniques, notamment « data », à l’étranger. « La ligne n’est pas bridée. La direction a passé des contrats avec un opérateur qui facture 5 000 € le giga de données téléchargé à l’étranger. L’addition grimpe très vite » a ainsi témoigné le délégué syndical, interrogé par Le Parisien. De fait, cette délicate mésaventure ne pourra plus lui arriver pendant ses vacances d’été de 2017… à condition qu’il décide de les passer à nouveau au sein de l’Union Européenne.
Les entreprises n’ont pas fini d’entendre parler du roaming (frais d’itinérance) : le même problème se posera de nouveau pour un voyageur d’affaires en mission au Maroc, dans un pays d’Asie, ou encore en vacances sur l’un des continents américains. Des grands comptes français en font régulièrement l’amère expérience : en mars 2015, l’un d’entre eux a ainsi vu une seule de ses 5000 lignes mobiles lui coûter 50 000 euros, un tiers du coût mensuel de la totalité de son parc, pour une consommation de data hors forfait de 8,6 gigaoctets. La décision du Parlement Européen ne règlera la question que sur le périmètre restreint de 28 pays.
Les usages mobiles de plus en plus diversifiés et intensifs ne manqueront pas de poser problèmes aux entreprises, y compris quand le collaborateur est de bonne foi. C’est d’ailleurs la position prise par le délégué syndical de l’Opéra de Paris qui déclare n’avoir rien « effectué de sanctionnable ». « J’ai seulement passé des appels, consulté mes mails et mis à jour un site syndical » précise-t-il au Parisien. Ce qui n’empêche pas les observateurs d’être prompts à la sévérité vis-à-vis des individus fautifs. Ainsi, dans un sondage mené par Capital.fr auprès de ses lecteurs, 73% des répondants estiment que c’est au salarié de payer la note car « il aurait dû se renseigner sur les conditions d’utilisation de son mobile » là où moins d’un quart estime que « l’entreprise aurait dû prévoir le blocage du mobile au-delà d’une certaine dépense ».
Mieux vaut prévenir que guérir dit-on. Définir comment éviter 52 000 euros de facture est sans doute un débat plus constructif que de déterminer qui doit payer les pots cassés. La position des entreprises concernées par ces « bill shocks », les (très) mauvaises surprises quand on découvre la facture téléphonique en fin de mois, est d’autant plus inconfortable qu’elles disposent actuellement de plus en plus d’outils pour maîtriser le problème. A destination des collaborateurs, des applications existent pour surveiller ses usages téléphoniques et sa consommation, afin de recevoir des alertes à temps. Mais les gestionnaires de flottes mobiles des entreprises bénéficient eux-mêmes de technologies et de services pour leur permettre d’avoir une vue d’ensemble sur ces problématiques et d’accompagner au mieux les déplacements à l’étranger des membres de l’entreprise. Ces dernières adoptent déjà depuis plusieurs années des solutions de Mobile Devices Management (MDM) pour optimiser leurs parcs de smartphones : solutions et services anti-roaming peuvent venir s’y intégrer sans difficulté. De quoi éviter d’avoir à gérer une crise de bill shock… et de faire la Une des médias.
Gilles MEZARI – Président de Saaswedo