L’IA générative est vu par les salariés de bureau comme une source de gains de productivité pour des tâches répétitives ou à faible valeur ajoutée, mais aussi rédactionnelles, selon une étude de Slack. Elle a été l’occasion d’un échange entre le DG de Slack France, le vice-président de l’ANDRH et le DRH d’Alan, une entreprise française d’assurance santé.
Si 41 % des salariés de bureau déclarent utiliser de l’IA générative dans leur travail, ne serait-ce que pour 1% des tâches à réaliser, 32 % aimeraient l’utiliser, selon une étude OpinionWay pour Slack menée auprès de 1 056 salariés de bureau en entreprise de plus de 20 personnes en France. 55 % estiment qu’au moins une toute petite partie de leur travail sera réalisée par une IA générative d’ici un an.
S’ils reconnaissent l’intérêt croissant de l’IA générative au travail, en particulier en termes de productivité, la formation et la montée en compétence est selon eux le défi principal. 76 % souhaitent être formés en 2024 à sa bonne utilisation. L’IA générative peut permettre de générer 6 heures de gain de productivité par semaine chez les cols blancs, 5 heures chez les cols bleus comme les employés de magasin, fait remarquer Slack. L’IA générative est considérée pour 6 travailleurs du savoir sur 10 pour traiter les tâches répétitives ou à faible valeur ajoutée ainsi que pour les tâches rédactionnelles (résumé de discussion, rédaction de réponses), et pour 36 % dans la recherche intelligente d’informations.
Quand on les interroge sur l’utilisation des gains de productivité issus de l’IA, 74% des salariés auraient envie de passer à la semaine de 4 jours, 25% préféreraient en profiter pour faire évoluer les modes de travail.
Gagner du temps pour travailler moins
Pour Nicolas d’André, directeur général de Slack France, « Le gain de temps que permet l’IA générative est non négligeable dans le monde du travail. Chez Slack, nous en sommes témoins puisque notre plateforme de productivité intègre aujourd’hui de l’IA et permet à nos clients de gagner du temps au quotidien mais aussi de fluidifier la communication et la collaboration. Lorsque l’on interroge les salariés s’ils passaient à la semaine de 4 jours grâce aux gains de productivité générés, ils sont 66 % à vouloir le passer auprès de leurs proches. Nous parlons souvent de gain de productivité pour se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée, ce qui est tout à fait vrai. Nous devons aussi garder en tête que les jeunes générations, qui constituent le futur des entreprises, peuvent avoir d’autres attentes concernant l’organisation du travail. L’équilibre vie pro/perso doit être pris en compte dans l’équation et l’IA est aussi un outil permettant aux salariés d’organiser leur temps de travail. Le travail asynchrone, rendu possible par les plateformes de productivité, en est l’exemple. », fait remarquer Nicolas d’André.
Paul Sauveplane, DRH d’Alan, entreprise française d’assurance santé, utilise déjà l’IA au quotidien : « Nous utilisons l’outil d’IA générative de la startup française Mistral AI. L’IA générative nous permet de faire nous-mêmes différentes choses, par exemple rechercher des informations, créer des indicateurs de mesure, reformuler des messages, créer des vidéos ou des petits graphismes sans faire appel à des graphistes ou des monteurs vidéo. La reformulation de messages est très précieuse pour les managers débutants. Comme l’IA est nourrie de nos informations accumulées depuis sept ans, et que nos experts entraînent l’IA (sur une question dont ils connaissent la bonne réponse jusqu’à ce qu’elle la fournisse de façon précise) et lui indiquent quelles bases de données utiliser pour tel usage, ils arrivent à avoir des réponses fiables et de qualité. » Il compare les résultats de l’étude à son entreprise : « Nos salariés, qui peuvent travailler sur 4 jours dans notre entité belge, n’y aspirent pas. Ils demandent avant tout plus de liberté, d’autonomie et de responsabilité. Selon moi, c’est la valeur de ce que je produis qui me rend responsable. L’IA émet des propositions, j’ai le choix final, donc cela ne pose pas de problème de reconnaissance du travail accompli. »
ANDRH : « Les DRH doivent se saisir du sujet des impacts de l’IA sur l’organisation et les compétences »
Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH et partner au Boston Consulting Group, envisage quant à lui différents impacts : « Globalement, c’est la période d’adaptation des entreprises à l’IA générative qui présente le plus de risques, ensuite cela devrait diminuer. Aussi dis-je aux DRH de l’ANDRH de se saisir du sujet, sinon il sera vu uniquement sous l’angle de la productivité, alors qu’il faut réfléchir également aux impacts de l’IA sur l’organisation et les compétences. L’IA est un sujet stratégique, et c’est à la direction générale de décider ou non d’intégrer de l’IA dans telle ou telle procédure. Par ailleurs, l’IA va changer le rôle des responsables RH. Elle va leur faire gagner du temps, leur permettant de revaloriser la dimension humaine de leur travail, notamment dans les entretiens de recrutement. Cette dimension humaine est importante, alors même que nous voyons des aspirations de liberté d’organisation dans le travail : il faut réorganiser les tâches et donner une raison aux salariés de venir au bureau. Mais attention, dans le conseil en particulier, l’IA peut faire gagner en productivité mais perdre en valeur : en réalisant certaines tâches à la place de salariés junior, par exemple un benchmark, elle empêche le jeune de réaliser des tâches formatrices. »
Nicolas d’André conclut : « L’IA est une vague pervasive, qui se diffuse largement dans le système d’information. L’essentiel est de maîtriser ce compagnon qu’est l’IA générative, qui se révèle plus ou moins intelligent selon les tâches qui lui sont confiées. Chez Slack, nous avons différents garde-fous, dont 5 principes d’utilisation de l’IA générative de confiance établis par notre maison mère Salesforce : exactitude, sécurité, honnêteté, autonomisation des utilisateurs, durabilité. Concrètement, toute ligne de code générée par IA est vérifiée par un lead développeur ; nous donnons les sources de données qu’a utilisé l’IA pour générer un résultat. Les clients peuvent utiliser Slack AI (en phase pilote), qui est une IA de confiance basée sur les principes ci-dessus, ou bien connecter Slack à un autre outil d’IA générative (mais dans ce cas en acceptant leurs termes et conditions), ou également développer leur propre outil en fonction de leurs besoins. Nos clients de la French Tech testent et s’approprient l’IA générative. Les grandes entreprises prennent plus de temps, cela dépend des métiers. C’est par exemple déjà utilisé dans l’analyse de crédit, mais aussi pour la préparation des rendez-vous clients et le débrief de ceux-ci, qui permet aux commerciaux d’investir plus de temps dans la relation commerciale. »