Lors du dernier salon Master Dev France organisé par Docaposte, si l’on croisait une majorité d’hommes dans les allées, les femmes étaient bien présentes, y compris celles qui se reconvertissent. Celles-ci représentent un vivier pour les entreprises du numérique en manque de talents.
Sabrina Houari-Yagoub est venue témoigner au salon MasterDev France le 9 mars dernier. Elle travaillait dans l’hôtellerie. Elle s’est autoformée pendant la crise sanitaire sur Openclassrooms avant de suivre une formation intensive de trois mois et demi chez WebForce3. Après un stage, elle a été embauchée en CDI chez Ika en tant que développeuse web full stack.
Cet exemple en est un parmi d’autres, comme en ont déjà témoigné Isabelle Dauchel et Marjorie Ngoupende sur notre site. La féminisation du secteur reste lente, même si elle progresse. « CapGemini met en œuvre chaque année des dispositifs de Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE) pour des groupes de 12 à 15 femmes, qui débouchent sur une certification et un CDI chez CapGemini, indique Sandrine Fouillé, consultante chez Amnis consulting et ancienne directrice RSE de CapGemini. Caela ne suffit pas, bien sûr, pour améliorer le taux de féminisation des effectifs de ce grand groupe de conseil en transformation numérique. »
Former et recruter
Frédéric Dufaux, DGA de Docaposte, indique chercher des jeunes femmes pour intégrer l’école de la date et de l’IA que le groupe La Poste a lancée en juin 2022. Le groupe veut atteindre la parité dans les promotions d’ici cinq ans.
Inti Belhassen, fondatrice d’Ubiki, agence RH spécialisée dans le Web3, souligne la nécessité d’ouverture des recruteurs du numérique. « Le Web3 est plus ouvert en termes de compétences : il nécessite des postes en design, en 3D, en architecture des métavers. Il y a plus de candidatures féminines que dans le Web 2.0, notamment de femmes issues de l’architecture classique, du marketing. Et les sociétés internationales du Web 3.0 ont des codes de recrutement différents de ceux du Web 2. Nous poussons nos entreprises clientes à recruter des femmes en reconversion, au-delà des attendus de la fiche de poste. Elles doivent faire confiance à la détermination des personnes qui se reconvertissent. »
Lutter contre le sexisme ambiant
Chez CapGemini, une plateforme, modérée, permet de témoigner anonymement de situations de discrimination ou de sexisme. Elle a généré une prise de conscience de ce type de problèmes, qui ont pu être remontés. « Les entreprises devraient plus généralement aussi proposer des formations pour les hommes pour lutter contre le sexisme et le machisme », souligne Mme Fouillé.
Si Sabrina Houari-Yagoub ne s’est pas sentie discriminée depuis son intégration dans le monde du numérique, elle a déclaré n’avoir pas été spécialement soutenue par ses collègues masculins. Pour Joachim Massias, directeur conseil du cabinet RM conseil et directeur pédagogique du MBA en intelligence artificielle de l’institut Leonard de Vinci, « il faut que les hommes travaillent leur façon de penser la relation à l’autre. »