Avant de déplacer son centre de données vers deux bâtiments distants du groupe Sigma, le courtier grossiste rationalise son infrastructure et virtualise ses serveurs.
Créé il y a 35 ans, Solly Azar est le second courtier grossiste multi-spécialiste d'assurances en France. Cette filiale à 100 % du Groupe Verspieren compte 500 collaborateurs qui contribuent à générer 62,6 millions d'euros de chiffre d'affaires. Son métier de grossiste consiste à concevoir des produits dans le domaine des dommages du particulier, de l'assurance des personnes, des risques locatifs, immobiliers et professionnels. Ces solutions sont distribuées via un réseau de 8000 intermédiaires, courtiers d'assurances. Depuis plus de 10 ans, Solly Azar déploie aussi vers les grands comptes de la finance, de la grande distribution et de l'automobile une offre complète de services à la carte. Ces derniers vont de la conception de produits à la gestion de contrats, en passant par le marketing, la vente à distance et la relation client, le plus souvent en marque blanche.
Gagner en performances et en sécurité
Dès 2012, les motivations pour moderniser le datacenter ne manquaient pas. Les utilisateurs du système d'information sont répartis sur six sites – deux à Lille, Paris, Lyon, Pantin et St-Ouen. Les utilisateurs sont connectés à des systèmes hétérogènes et complexes à maintenir, eux-mêmes reliés à une vingtaine de sites partenaires. L'objectif était d'offrir des services robustes, unifiés et au fonctionnement continu. Ce sera fait au travers d'une externalisation de l'infrastructure, avec des équipements modernisés et répartis sur deux bâtiments du groupe Sigma.
Mais auparavant, un toilettage s'impose ; il s'agit de rationaliser les applications bâties, au fil des ans, sur plusieurs générations de plateformes : AS/400, serveurs sous Windows et Linux, avec Oracle et SQL Server au niveau des bases de données.
«Nous souhaitions externaliser notre datacenter pour disposer d'un site évolutif, offrant plus de sécurité, de mutualisation et de performances», résume Guillaume Savariau, Directeur de l'Organisation et des Systèmes d'Information de Solly Azar.
Dans un tel projet, la planification s'avère essentielle, avec ses volets administratifs, techniques, logistiques et de communication. Le déménagement prévu doit s'effectuer durant un week-end, sans accroc pour les utilisateurs. Dans un premier temps, la virtualisation des serveurs, via le logiciel VMware ESX, permet de passer de 380 serveurs à 200, dont 130 serveurs virtuels pour 70 physiques. Le stockage est également consolidé autour de puissantes baies Dell (d'origine Compellent) dont la capacité totale est portée à 80 Tera-octets. La conception du réseau évolue pour faciliter le plan de reprise d'activité entre deux salles, via des copies de données menées au fil de l'eau. Le logiciel Networker d'EMC assure la sauvegarde des serveurs physiques, les logiciels Veeam Backup et Oracle Recovery Manager gérant la protection des serveurs virtuels, via deux baies EMC Data Domain assurant la déduplication des données.
Les applications regroupées par sensibilité
Suite à un appel d'offres, le groupe Sigma est retenu sur plusieurs critères ; créé en 1972, ce prestataire dispose de quatre sites répartis sur le territoire national – à Nantes, Paris, Strasbourg et Toulouse – et son assise financière est stable. Mais surtout, il dispose de l'expertise nécessaire : «Sigma a su nous convaincre de son savoir-faire et était prêt à intervenir en amont, dès l'analyse de l'existant et la refonte de notre infrastructure. Nos applications ont été catégorisées en termes de sensibilité. Le risque zéro n'existe pas et les péripéties sont inévitables dans un déménagement, d'où l'importance de l'expertise face à la complexité des infrastructures et face aux enjeux. Il faut penser à tout. Nous avons tenu à éprouver les compétences et les certifications de notre prestataire, plutôt que nous focaliser sur un potentiel risque centennal.»
Le courtier grossiste a cependant vérifié l'absence de risques Seveso et de risques d'inondations sur les sites de Sigma. Il a également inspecté les alimentations, la climatisation et l'autonomie des groupes électrogènes proposés. La résilience attendue était bien au rendez-vous.
Les phases du déménagement une fois détaillées avec l'hébergeur, Solly Azar est conforté dans ses choix techniques les plus sensibles, jusqu'à la configuration de l'infrastructure réseau devant soutenir les activités continues : «Nous fonctionnions depuis quelques semaines déjà en configuration cible, au niveau du réseau. Cela a contribué à la réussite du projet, dans les délais et le budget prévus. Au cas où le démarrage s'avèrerait délicat, nous avions prévu un plan de secours avec des serveurs supplémentaires pour parer au plus pressé et garantir un fonctionnement dégradé chez Sigma», précise le DOSI.
Une bascule opérationnelle en un week-end
Le transport physique des équipements retient deux camions qui contribuent à reformer le système distribué sur les deux bâtiments distants du site de Sigma. En fait, tous les équipements sont répliqués sur les deux salles en mode actif-actif, les serveurs fonctionnant en parallèle.
En cas d'incident dans un bâtiment, les services redémarrent dans l'autre. Le plan de reprise d'activité, mis en route à la mi-décembre 2013, bénéficie du lien en fibre optique entre les deux bâtiments. Cette année, deux tests de PRA sont prévus pour valider que la solution de bascule est opérationnelle. Et le juge de paix ne sera pas le service informatique mais bien l'utilisateur final : «les métiers ne doivent pas s'en rendre compte».
Sur le plan humain, le déménagement du datacenter de Solly Azar a mobilisé une vingtaine de professionnels de l'informatique et presqu'autant côté utilisateurs. Seuls ces derniers pouvaient confirmer la continuité des services indispensables à leur travail quotidien.
Parmi les étapes préalables, prévues en amont, cette task force a soigneusement vérifié la restauration des services et des données, les systèmes répartis sur deux salles disposant de nouvelles procédures de sauvegardes croisées. «Nous avons conçu ensemble une solution plus fiable et évolutive, qui évite les dégradations de performances, liées aux délais de latence du réseau», souligne le manager. La nouvelle architecture permet de délivrer de nouveaux services plus rapidement avec des performances comparables en local et à distance, sans écart notable entre les succursales. A présent, les utilisateurs des six sites notent des temps de réponse équivalents où qu'ils soient. «Sigma héberge, exploite et supervise nos systèmes. Notre contrat prévoit des engagements de services et des astreintes», apprécie Guillaume Savariau. La supervision et l'orchestration des services virtualisés retient la solution open source Nagios.
L'externalisation des serveurs n'en reste pas moins un projet complexe, de par la diversité des environnements et des applications à prendre en compte. Pour éviter de cumuler les problèmes lors du déménagement, Solly Azar a retenu NetXP et Enioka, deux intégrateurs spécialisés dans la conception d'architecture réseau et l'urbanisation du système d'information.
« Dans un déménagement de datacenter, il y a un instant fatidique et rare où l'on doit tout arrêter, puis tout redémarrer. C'est une épreuve en soi. Souvent, un ou deux serveurs restent muets lorsque ce n'est pas le réseau qui refuse de fonctionner. »
Guillaume Savariau, Directeur de l'Organisation et des Systèmes d'Information de Solly Azar
Quatre facteurs clés pour réussir son déménagement
Christophe Le Jeune, responsable de l'activité d'infogérance du groupe Sigma résume la réussite du déménagement du système d'informations à quatre facteurs clés :
- La phase d'audit ou de prise de connaissance du périmètre : elle permet de bien cadrer la prestation, d'identifier les risques, les mises en conformité à mener préalablement et d'anticiper la conception de l'opération de bascule.
- La préparation minutieuse de l'opération de bascule ou déménagement : plan de secours et sauvegarde, planification précise des actions (heure par heure) et définition des rôles et pour l'ensemble des acteurs (clients, prestataire et sous-traitants). Sur ce point, le client doit impérativement contrôler l'expérience réelle du prestataire sur des opérations de bascule similaires.
- Une bonne coordination entre le client et le prestataire : cela passe par un pilotage régulier et rigoureux, des objectifs clairs, partagés et réalistes, et une capacité à définir en commun et rapidement les solutions pour surmonter les inévitables difficultés.
- Une transition progressive sur le service régulier, avec maintien de l'équipe projet pour accompagner le démarrage.