La multiplication des services en ligne pour le stockage a remis en cause l'organisation des services informatiques de nombre d'entreprises. Faut-il opter pour le stockage en ligne ou un système local ? Solutions IT & Logiciels fait le point.
A quoi bon dépenser des fortunes dans du matériel qui sera tôt ou tard obsolète, alors que l'on peut avoir des volumes de stockage en ligne pour le quart du prix du matériel ? Cette remarque émise par les fournisseurs de services en ligne mérite d'être relativisée. Outre la sécurité offerte par un système «local» d'une part, le prix du stockage «physique» n'a pas cessé de baisser d'autre part. Un serveur Nas 4 baies de 8 To ne coute pas plus de 1000 euros, selon les marques. Mais surtout le stockage en ligne, dans le cloud, induit des temps de réponses plus longs, ce qui reste son principal handicap au-delà des hypothétiques problèmes de sécurité.
La nécessité de bon temps de réponse
En fait, la tendance récente serait plutôt de remettre au cœur des ordinateurs le stockage pour profiter de temps de réponse quasi instantanés car les disques seront dans ce cas directement reliés au bus interne très haut débit et à la mémoire vive de l'ordinateur. Les données n'ont pas à transiter dans des réseaux de fibres optiques ou de cuivre, les délais de réaction dans ce cas dépassant souvent les deux secondes. L'architecture au «centième de seconde» dite «convergée» préconisée par les firmes comme Nutanix ou ScaleX permet surtout d'optimiser la virtualisation. Celle-ci est de plus en plus utilisée pour les applications essentielles, la bureautique des postes «virtualisées» ou encore le stockage distant qui peut, lui aussi, paraître bien meilleur avec des systèmes de caches. Dans ce cas, on rapproche du processeur principal une partie des données les plus utilisées. Ce «masquage» peut être aussi réalisé par différents systèmes comme les disques SSD, très à la mode depuis que leurs prix s'effondrent. Ils permettent aussi de «cacher» les lenteurs des différents modèles de stockage.
Le choix de solutions intermédiaires
En mai dernier, le premier fabricant mondial de stockage, EMC, a lancé son service ViPR qui reflète bien la difficulté de choisir entre un système en ligne, pas cher mais lent, et d'autre part un système ultra-rapide mais très couteux. Bernard Dubbs, un des meilleurs analystes français et spécialiste du stockage, présent au lancement du Vipr, s'amusait à préciser que l'urgence de ce type de service tenait en partie à l'accumulation des offres chez les grands fabricants comme EMC, Net app ou HP. «Depuis des années, comme ses concurrents directs, EMC a fait fortune avec des systèmes de stockage sophistiqués (VMax, Vnx, Vplex) qui nécessitaient des journées entières de consulting pour bien s'adapter aux applications. Avec l'arrivée des services de stockage en ligne de plus en plus économiques et «sur mesures», la comparaison financière devient parfois gênante. Avec le logiciel ViPR, les différentes offres sont intégrées et virtualisées dans un seul système de stockage. L'ensemble devient plus simple à administrer à partir d'un seul point de commandes et cela redonne aussi du pouvoir aux administrateurs». Mais ce type de service très récent s'adresse surtout aux grandes entreprises qui ont un besoin d'intégration de leurs différents équipements, achetés au gré des besoins applicatifs. Pour la PME française qui n'a pas 50 000 euros à investir dans du matériel de stockage, ni le personnel pour s'en occuper, il y a des dizaines de solutions tant dans le mode «on line» qu'en matériel en particulier dans les systèmes NAS qui sont assez simples à administrer. Le stockage en réseau, le SAN (Storage Area Network), plus extensible, nécessite pour sa part un niveau technique supérieur.