Le partage des données et leur traitement en masse sont les enjeux du paiement en ligne tout autant que la sécurisation et la simplification de la transaction. Eldorado pour foule d’opérateurs, l’e-paiement implique une rationalisation dans un avenir proche des portefeuilles électroniques qui se multiplient actuellement.
«Les données personnelles sont au cœur de l’économie de demain, souligne Jacques Ehny, directeur du développement de l’offre Data Value Factory de Worldline, filiale d’Atos spécialisée dans les paiements et les services transactionnels, à l’occasion du Payforum à Paris fin mars. Internet est gratuit car l’internaute donne ses données personnelles qui sont valorisées. La valorisation passe par l’usage de la donnée que la donnée brute. Si chaque marque a une tranche des informations clients – le distributeur alimentaire ce qu’on a dans notre frigo, les banques les données de paiement- l’objectif comme nous proposons de le faire, est de rapprocher les données. Les commerçants pourront alors beaucoup mieux cibler leurs offres. » Ainsi, les données personnelles sont au centre de l’économie de la société de l’information. La révolution du modèle économique d’Internet – gratuité en échange de données personnelles – s’accompagne de celle du Big Data, avec une industrie du traitement des données à des échelles très ambitieuses. Pour Worldline, Google en sait plus sur la France que l’INSEE : dans l’Hexagone, le géant américain détient l’une de ses plus grosses parts de marché, tout comme Facebook. Et de conclure qu’il y a de la place sur le marché pour un acteur tel que Worldline, qui a pour ambition d’être un opérateur en data sharing tous marchés, en y associant tout les grands clients du groupe pour lesquels Worldline traite de la donnée : « les données des uns, valorisées par un tiers de confiance, ont de la valeur pour d’autres ! » « Les gens partagent leurs données s’ils y trouvent un intérêt martèle Olivier Binet, responsable du développement de Paypal France, la filiale de paiement en ligne d’eBay, qui a effectué 27 milliards de dollars de paiements mobiles en 2013. L’e-commerçant doit donner envie de le faire par un service de «fou furieux», afin que le client ait envie d’avoir une vraie relation avec lui. Il faut partir de l’usage client, de l’expérience client. Notre stratégie est de faire disparaître le paiement de l’acte d’achat : il a lieu avant ou après mais pas pendant l’interaction. Les conditions sine qua non sont rapidité, confiance et simplicité. »
« Les gens partagent leurs données s’ils y trouvent un intérêt. »
Olivier Binet, Paypal
Yves Eonnet,
PDG et co-fondateur de TagattitudeLe mobile, la poule aux œufs d’or
Les appétits s’aiguisent autour du paiement mobile. Plus de 29 millions de smartphones et de tablettes sont recensés en France fin 2013 (source CCM Benchmark). C’est encore un canal d’achat secondaire loin derrière le PC (7 %), mais la progression de 100 % entre 2012 et 2013, selon la FEVAD. Ce sont 968 millions de smartphones qui ont été commercialisés dans le monde en 2013, soit 53,6 % des achats totaux de mobiles selon Gartner.
«Trois milliards de personnes ont un téléphone mobile, mais pas toujours de compte bancaire, s’exclame Yves Eonnet, PDG et co-fondateur de Tagattitude. Dans certains pays émergents, seulement 5 à 15% de la population ont un compte en banque, tandis que beaucoup un téléphone mobile. L’enjeu est de passer directement du cash au paiement mobile. »
Tagattitude a lancé avec Ingenico une plate-forme de « mobile money » pour les établissements financiers : TagPay permet d’intégrer un portefeuille mobile dans les applications des commerçants de façon simple, toujours avec la technologie NSDT qui utilise le canal audio des mobiles pour transmettre des données transactionnelles sécurisées.