Le réseau d’agences d’intérim automatise les processus tous azimuts, des bulletins de paie à la mise en place d’un chatbot qui aide les intérimaires à candidater à un poste spécifique. Le tour des innovations avec Christophe Montagnon, CIO chez Randstad France.
Le réseau d’agences d’intérim a commencé sa transformation digitale voilà plusieurs années avec la dématérialisation des processus : les bulletins de paie en 2010 puis le lancement d’un portail web en 2011 et d’une app mobile pour les intérimaires en 2013. Mis en place depuis plus de cinq ans, les contrats et la signature électroniques sont aujourd’hui utilisés par plus de 80 % de ses intérimaires et de ses clients.
Des solutions pour les entreprises
En 2015, Randstad a développé Smart Data, une solution RH d’aide à la décision basée sur le Big Data. « Elle permet d’analyser les compétences disponibles sur un bassin d’emploi pour mieux faire coïncider la demande des entreprises avec les profils des candidats et aide les collectivités à affiner leurs politiques sur l’emploi », précise Christophe Montagnon, directeur de l’Organisation, des Systèmes d’information et de la Qualité (CIO) chez Randstad France.
2016 a vu naître Randstad Direct, une plateforme numérique disponible 24/24 dédiée aux TPE/PME. « Beaucoup moins consommatrices de travail temporaire que les plus grosses entités, ces cibles ont souvent des besoins de main d’œuvre ponctuels, déclare Christophe Montagnon. Randstad Direct leur permet de trouver instantanément le bon profil et même de contractualiser en ligne ».
Une des dernières innovations du groupe, Youplan, date de l’année dernière. Avec cette solution de planification en ligne des ressources, les entreprises qui gèrent de fortes volumétries d’intérimaires peuvent solliciter directement les candidats au sein d’un vivier de compétences dont la base de données a été préconstituée par les consultants de Randstad. « Ces transactions auparavant réalisées par téléphone par nos consultants étaient très chronophage et sans réelle valeur ajoutée », confie Christophe Montagnon. Le leitmotiv de Randstad : automatiser au maximum les processus récurrents et routiniers.
Un chatbot pour postuler
En phase pilote depuis un an dans douze départements, un chatbot nommé Randy compte déjà à son actif plus de 30 000 conversations. Randy est disponible sur le Facebook Messenger de Randstad et plus discrètement pour l’instant sur le site web de l’agence d’intérim. « Randy est là pour aider les intérimaires à candidater à un poste spécifique dans un bassin d’emploi ou à construire leur candidature spontanée, précise Christophe Montagnon. Pour le moment, le robot conversationnel est capable d’évaluer les profils sur 17 types de métiers, les plus générateurs de transactions ».
La construction des candidatures se fait au fur et à mesure de la conversation sans aucun formulaire à remplir ni CV à envoyer. « C’est beaucoup plus engageant que des formulaires à remplir, estime Christophe Montagnon. Beaucoup de feedback et d’informations sont aussi apportés par Randy lors des échanges ». Si un postulant ne correspond pas à l’un des métiers évalués aujourd’hui par le chatbot, celui-ci l’oriente malgré tout vers des annonces lui correspondant. « Chaque candidat a ainsi une réponse concrète et positive à la fin de la conversation ».
QCM métiers et jeux
Randy a été conçu en collaboration avec la startup française Illuin Technology. « Elle a bâti la couche technique qui nous a permis de construire l’outil conversationnel », précise le CIO. Le chatbot intègre des QCM métiers et des jeux conçus par la startup américaine Pymetrics, spécialisée dans les neurosciences appliquées au recrutement. « Grâce à ces jeux, les candidats découvrent une partie de leurs compétences cognitives et émotionnelles », explique-t-il. Pymetrics est l’une des startups dans lesquelles le fonds d’innovation de Randstad a investi au niveau international.
Les candidats conversent en moyenne 23 minutes avec Randy à chaque session. « Ce temps d’échange particulièrement élevé souligne l’engagement suscité par Randy, estime Christophe Montagnon. S’il était incapable d’instaurer un dialogue intéressant, les conversations ne seraient pas aussi longues ». Randstad mise sur une généralisation dans l’Hexagone à la fin du premier trimestre 2019 avec une quarantaine de métiers couverts, ainsi que sur une internationalisation progressive de son bot.
Auteur : Patricia Dreidemy