Où comment deux dirigeants d’une société ayant lancé une application innovante de transport se sont retrouvés en garde à vue…
A l’heure de la transformation numérique des entreprises, le mot fourre-tout « ubérisation » est devenu le préféré de tous les experts et intervenants des tables rondes, conférences et autres forums du domaine IT. Le mot qui s’est imposé petit à petit est formé sur Uber, nom de la société californienne fondée par Travis Kalanick et Garrett Camp en 2009 et qui se définit comme « une entreprise technologique qui développe et opère des applications mobiles de mise en contact d’utilisateurs avec des conducteurs réalisant des services de transport ». Tapez « Uber » dans le moteur de recherche Google, et vous tomberez sur des annonces du type : « Conduisez avec Uber – Jusqu’à 150 € / soirée ». Cliquez sur le lien proposé et si vous êtes un particulier d’au moins 21 ans, titulaire du permis de conduire depuis plus d’un an et d’une assurance personnelle pour votre véhicule, vous pourrez vous inscrire à UberPOP. A condition que votre voiture 4 portes soit âgée de moins de 10 ans et en excellent état, vous pourrez alors transporter des clients, sans être un professionnel du transport.
De quoi séduire les particuliers qui ont du mal à trouver un taxi, à Paris notamment, et qui a l’aide de leur application Uber sur leur mobile, peuvent commander en quelques minutes un véhicule pour les faire rentrer chez eux ou se rnedre à un rendez-vous. Mais de quoi mettre en colère les taxis – ils sont 55 000 en France – car ces chauffeurs particuliers, eux, n’ont pas de licence coûteuse à acquérir et ne paient pas de charges… Une concurrence déloyale selon les professionnels. De nombreux incidents entre chauffeurs Uber et taxis ont d’ailleurs eu lieu ces derniers jours à Marseille, Lyon ou encore Paris…
Une pression réglementaire qui s’accentue
Uber, dont l’expansion est mondiale, est critiqué dans de nombreux pays, jusqu’en Chine où ses bureaux à Canton et Chengdu ont été perquisitionnés par les autorités locales. En Hongrie, alors que les chauffeurs de taxi de Budapest se plaignent d’une forte baisse de leur chiffre d’affaire depuis l’entrée en service d’Uber l’an dernier, le gouvernement a annoncé la semaine dernière avoir adopté un décret qui limitera à partir de 2018 l’usage du service internet américain de covoiturage Uber aux taxis professionnels. « Le gouvernement ne veut pas s’opposer à des solutions innovantes » de mise en relation entre clients et prestataires, a déclaré le secrétaire d’Etat en charge du dossier, Janos Fonagy, soulignant que le service resterait autorisé, mais limité aux taxis dûment enregistrés. Des contrôles fiscaux contre les chauffeurs Uber et contre la filiale d’Uber hongroise ont aussi été mis en place. En Allemagne, la société est interdite d’exercer et, aux Pays-Bas, en Espagne et en France, elle fait l’objet de procédures judiciaires. Chez nous, alors qu’Uber s’est récemment lancé dans les métropoles françaises de Marseille, Strasbourg et Nantes, le parquet vient d’ailleurs d’indiquer que le directeur général d’Uber France, Thibaud Simphal, et son directeur pour l’Europe, Pierre-Dimitri Gore-Coty, après avoir été mis en garde à vous, seront jugés le 30 septembre en correctionnelle pour pratique commerciale trompeuse, complicité d’exercice illégal de la profession de taxi, et traitement de données informatiques illégal.
L’UE veut légiférer
Une polémique sur l’application de transport qui enfle de jour en jour…A tel point que l’Europe souhaite mettre au point un projet de régulation dès « cette année », selon la commissaire chargée du Marché intérieur et de l’industrie, Elzbieta Bienkowska. Questions d’imposition, question sur le droit du travail, droit d’informations du consommateur, etc…dans une interview accordée au Handelsblatt, le quotidien allemand des affaires, et repris par l’AFP, Elzbieta Bienkowska précise : « Dans le cas d’Uber, certains Etats de l’UE sont ouverts, d’autres se comportent de manière restrictive. Cela ne correspond pas au marché commun. Nous avons besoin de règles homogènes dans toute l’Europe. Une régulation appropriée devrait harmoniser les opportunités et les risques ». Un texte qui portent plus globalement sur les applications fonctionnant sur la mise en relation de particuliers ou travailleurs indépendants, comme Airbnb qui propose des hébergements chez l’habitant. Uber dénonce, lui, des atteintes au droit de la concurrence.