Au Forum International de la cybersécurité qui s’est tenu à Lille les 25 et 26 janvier, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a fait un discours offensif sur les problèmes de cybersécurité en mettant l’accent sur le terrorisme.
Pour le ministre, « Le combat contre le terrorisme se livre également dans le cyberespace. L’organisation DAESH se sert en effet d’Internet et des réseaux sociaux comme de puissants vecteurs de propagande et surtout de recrutement. » Il a rappelé que « la plupart des néo-djihadistes qui ont rejoint ou qui cherchent à rejoindre la Syrie ou l’Irak » se sont radicalisés sur Internet. Mais ce qui est inédit, c’est le croisement « entre deux phénomènes concomitants : une évolution stratégique d’une part – l’avènement d’un terrorisme de proximité qui recrute ses activistes dans les sociétés mêmes qu’il entend frapper – et une évolution technologique d’autre part, le développement à partir du milieu des années 2000 de l’Internet 2.0 qui permet la constitution de communautés numériques, lesquelles peuvent représenter autant de lieux où se structure l’identité des individus qui les fréquentent. » Et de lancer cette phrase choc : « Le néo-djihadisme, c’est la ceinture d’explosifs plus les réseaux sociaux. »
Entraver l’action et la diffusion de la propagande terroriste
La ministre a rappelé que l’année dernière, 1 000 demandes de retrait et de déréférencement ont été traitées et 283 blocages de sites ont été réalisés. Par ailleurs, il a indiqué que sur les 188 000 signalements reçus en 2015 par la plateforme PHAROS exploitée par les services de police et les unités de gendarmerie, près de 32 000 concernent des contenus de propagande ou d’apologie du terrorisme, dont une grande partie ont été reçus dans les jours qui ont suivi les attentats du mois de janvier.
Bernard Cazeneuve appelle à généraliser à l’échelle européenne les procédures mises en place et qui ont « déjà prouvé leur efficacité ». C’est ce qu’il appelle « l’Unité européenne de référencement de l’Internet », susceptible de décupler considérablement « notre force de frappe et faciliter ainsi notre travail de repérage, et le cas échéant de suppression, des contenus illicites sur Internet et sur les réseaux sociaux. »
Au-delà, Bernard Cazeneuve appelle à « la coopération des pouvoirs publics avec les acteurs de la société numérique dans laquelle nous vivons. » Il a mis en avant « l’aide précieuse » apportées par « les grand opérateurs de l’Internet » pendant les attentats de Paris.
Enfin, Bernard Cazeneuve s’est attardé sur « le plan de modernisation pour la sécurité » qui vise à « moderniser les moyens des forces de sécurité, mais aussi à proposer de nouveaux services numériques à nos concitoyens. Il représente un budget très conséquent : 108 millions d’euros investis sur trois ans, de 2015 à 2017 ». Le mnistre a cité deux défis majeurs, d’ores et déjà engagés.
Le premier concerne la mobilité des forces : il s’agit de doter les policiers et les gendarmes d’un outil sécurisé de mobilité opérationnelle, qui leur permette de disposer des informations nécessaires à l’accomplissement de leur mission et de conduire un certain nombre de procédures depuis le terrain. « L’expérimentation NEOGEND menée par la gendarmerie dans le département du Nord depuis le mois de septembre 2015, avec 1 000 équipements individuels de ce type, démontre la pertinence et l’efficacité du système », a indiqueéle ministre . Après une seconde phase d’expérimentation à plus large échelle dans le courant de cette année, plus de 60 000 équipements de mobilité opérationnelle auront été déployés, d’ici la fin 2017, sur l’ensemble du territoire.
Le second défi concerne l’utilisation d’outils décisionnels puor exploiter les grands volumes de données disponibles et accessibles, dans le cadre de l’open data notamment ou bien dans les systèmes d’information propres au ministère. Ce projet est mené par le pôle judiciaire de la gendarmerie nationale, et notamment par le service central du renseignement criminel.