Voici une tribune libre rédigée par Claude Molly-Mitton, président de l’USF, l’association des utilisateurs francophones des solutions SAP.
Nous vivons aujourd’hui au rythme de la frénésie digitale ! Une innovation en chasse une autre, et l’accélération de la vitesse d’adoption des nouvelles technologies questionne sur les limites de cette (r)évolution continue. Voyons simplement : alors qu’il aura fallu près de 40 ans à la radio ou 13 ans à la télévision pour atteindre 50 millions de clients, Internet n’aura mis que 4 petites années à s’imposer, Facebook 2 ans, l’iPhone 6 3 mois, et le jeu Angry Bird Space une poignée de semaines seulement ! Même s’il faut rester vigilant dans la comparaison, la pérennité de Angry Bird Space et de l’iPhone 6 n’étant pas la même que celle de la radio ! Bien entendu, ces innovations du « monde digital » provoquent de profonds bouleversements dans le « monde réel ». De nouveaux usages et de nouveaux comportements voient le jour en permanence, et induisent de repenser en grande partie le fonctionnement de notre Société comme de nos sociétés.
Sur le plan commercial, le consommateur se mue en « consomm’acteur ». Il veut interagir avec les marques, disposer de ses produits en temps réel et sur tous ses terminaux, imposant ainsi une réactivité et une flexibilité toujours plus grandes aux entreprises. Bienvenue dans l’ère de l’agilité et du Time-to-Market !
En parallèle, la révolution digitale au sein des organisations sonne le glas de la DSI souveraine, seule maitresse à bord d’outils informatiques complexes. Le temps est à la transformation digitale à marche forcée des organisations, sous la pression des nouvelles générations de « digital natives ». Pour preuve la généralisation du nouveau métier de Chief Digital Officer (CDO).
Tous « borgs » en 2025 !
« Toute résistance est inutile, vous serez assimilés ». Si cette célèbre phrase des « borgs » de Star Strek ravissait les amateurs de science-fiction dans les années 70, elle trouve un écho tout particulier aujourd’hui, au regard des progrès effectivement réalisés par les technologies. D’autant plus quand on sait que l’univers futuriste de Star Trek démarre précisément au XXIème siècle ! A l’instar de cette vision, des mouvements d’idées, comme le transhumanisme, vont d’ailleurs même jusqu’à affirmer, expertise scientifique à l’appui, que les technologies émergentes représentent, par la convergence des nanotechnologies, des biotechnologies, de l’intelligence artificielle et des sciences cognitives, une opportunité de changer notre nature humaine. Sans aller jusque-là, nous entrevoyons des évolutions et des bouleversements plus grands encore pour les années à venir, que ceux que nous avons connus ces 15 dernières années avec l’éclosion du digital. L’intelligence artificielle, par exemple, est en passe de permettre une automatisation des activités de services égale voire probablement supérieure à l’automatisation des produits qu’a connue l’industrie ces trente dernières années.
L’impression 3D, quant à elle, n’en n’est qu’à ses débuts, et pourrait bien révolutionner totalement le modèle de production industrielle, tout comme certains pans entiers de la médecine.
Des évolutions qui vont, à leur tour, avoir des conséquences majeures sur un sujet de réflexion stratégique pour l’USF : les systèmes d’information, qu’il va falloir entièrement repenser, tant au niveau des infrastructures matérielles et logicielles, que de leurs usages par les utilisateurs, et surtout, de leur rôle dans nos organisations.
Mais la rupture ne se prédit pas !
Certes, le changement est en cours, et il va continuer de s’accélérer. Aucun signe de ralentissement ! Nous le savons à titre individuel, et les organisations pour lesquelles nous travaillons le savent également. Malgré tout, la principale difficulté pour appréhender le monde digital de demain réside dans l’anticipation. Comment faire les bons choix technologiques et organisationnels, alors même que les usages évoluent en continu et de manière toujours plus rapide ? Comment se préparer aux transformations digitales futures, alors que les ruptures technologiques, qui, par essence, ne se prédisent pas, sont précisément celles qui ont l’impact le plus sérieux sur nos usages ?
A titre d’exemple, il est intéressant de se replonger 10 ans en arrière, et de voir comment nous imaginions alors 2015 : on sera surpris de constater que le cloud, véritable révolution du moment, n’était pas dans l’œil du Gartner et que le mot
« cloud computing » n’existait tout simplement pas encore**, alors même que le cabinet prédisait un grand avenir à des technologies qui n’ont à ce jour toujours pas décollé, comme par exemple le e-paper ou les paiements biométriques ! Heureusement, certaines prédictions se sont toutefois avérées plus justes.
Alors, après des années de (r)évolutions digitales, à quoi ressemblera donc notre « monde digitalisé » en 2025 ? Quelle sera la place du système d’information et des outils informatiques dans ce nouveau paradigme ? Quelle sera, plus précisément, l’architecture du système d’information type de 2025 et son modèle économique associé ? La question reste ouverte et les réponses pourront fluctuer au gré des prochaines innovations. Une chose est certaine : les grands acteurs IT tentent de s’y préparer au mieux, et SAP, observé de près par l’USF, n’échappe pas à la règle, si l’on en croit la rupture promise avec le lancement récent de sa dernière innovation majeure, baptisée « S/4 HANA ».
Claude Molly-Mitton, président de l’USF, l’association des utilisateurs francophones des solutions SAP
**Rapport du Gartner « Hype Cycle for Emerging Technologies », 2006