(AFP) – Le renforcement de la flexibilité au travail voulu par le gouvernement britannique est “autodestructeur” pour le Royaume-Uni, a dénoncé jeudi l’industriel et milliardaire britannique James Dyson, tandis que de nombreux employeurs du pays ont le plus grand mal à convaincre leurs salariés de revenir au bureau.
Le télétravail, qui s’est largement diffusé depuis la pandémie de Covid-19, “empêche la collaboration et la formation en face à face dont nous avons besoin pour développer de nouvelles technologies et maintenir notre compétitivité », a assuré le fondateur du groupe Dyson dans une tribune parue dans le quotidien The Times.
Le gouvernement britannique a annoncé lundi son intention d’augmenter la flexibilité au travail, notamment pour aider les salariés “à concilier leur travail et leur vie personnelle” en particulier ceux qui “s’occupent d’enfants ou de personnes vulnérables ». Selon la réforme portée par l’exécutif, les employés pourront demander plus facilement à avoir accès au télétravail, mais aussi à des emplois partagés entre plusieurs salariés ou avec des horaires flexibles. Les employeurs ne seront pas obligés d’accepter, mais ils auront l’obligation d’explorer les options disponibles avec leurs salariés.
“Il n’y a aucune raison de compliquer davantage la loi: les entreprises pour lesquelles le travail à domicile est adapté peuvent déjà le proposer si elles le souhaitent », affirme M. Dyson, deuxième fortune du Royaume-Uni, connu pour ses produits électroménagers et ses positions pro-Brexit.
Son soutien à la sortie de l’UE ne l’avait pas empêché d’annoncer le déplacement du siège social de son entreprise du Royaume-Uni vers Singapour en 2019, en arguant que son groupe dépendait beaucoup de l’Asie pour sa chaîne d’approvisionnement.
Retenir les talents les plus divers
Ces déclarations sont publiées alors que de nombreuses entreprises, en particulier dans le puissant secteur financier britannique, peinent à faire revenir leurs salariés dans leurs locaux. “Les dirigeants de nombreuses grandes entreprises demandent aux employés de venir au bureau un certain nombre de jours par semaine, (mais) dans la pratique, ils sont ignorés », selon une étude publiée fin novembre par la London School of Economics (LSE) et l’organisation Women in Banking and Finance (Femmes dans la banque et la finance).
“Les entreprises qui adoptent une approche “télétravail en priorité”(…) sont celles qui peuvent attirer et retenir les talents les plus divers, en particulier les femmes », relevait Grace Lordan, autrice de l’étude. Celles “qui exigent que leurs employés soient au bureau sans raison perdront » des compétences, selon Mme Lordan.