Accueil Business Conseil en ingénierie : Scalian, une croissance « exponentielle »

Conseil en ingénierie : Scalian, une croissance « exponentielle »

Johan Dumas, managing director de la division « Systèmes Numériques » de Scalian

Classé dans le Top 10 des sociétés de conseil en ingénierie en France, le groupe Scalian, qui emploie 5 500 salariés, dont 3 500 en France, annonce 1 700 postes à pourvoir dans l’Hexagone d’ici à fin 2024, et 600 à l’international, afin de poursuivre sa croissance qu’il qualifie d’exponentielle. Solutions Numériques s’est entretenu avec Johan Dumas, managing director de sa division « Systèmes Numériques ». 

 

Solutions Numériques A quoi est due cette croissance « exponentielle », alors que vous réalisez 520 millions d’euros de CA en 2023 et envisagez d’atteindre 1,5 milliard d’euros en 2028 ?

Johan Dumas – Elle est notamment liée à notre plan de croissance organique. Nous continuons à nous développer sur nos trois grands métiers. Le premier, nommé « Digital Systems Engineering », regroupe des compétences et des solutions dans le domaine de l’informatique, du digital et des systèmes embarqués. Le deuxième, « Performance des opérations » traite plutôt des métiers transverses chez nos clients : management de la qualité, management de projets, management de la supply chain, donc globalement tout ce qui concerne  la performance dans l’entreprise. Le troisième pilier, « Stratégie et transformation », a pour vocation d’accompagner la gouvernance chez notre clientèle sur des projets de transformation, de conseil en organisation et de conseil en stratégie. Il vient s’appuyer sur les experts des deux premiers pôles : experts techniques et ceux plutôt fonctionnels et  métiers.

Notre croissance est stimulée par les secteurs en développement comme l’industrie, avec en premier lieu l’aéronautique, le spatial et la défense, prédominants chez nous (ndlr : Scalian est né en 1989 à Toulouse). Notre croissance est également très forte dans les secteurs de la banque, de la finance, de l’assurance et du tertiaire.

Vous avez également connu une croissance par acquisitions en 2023

Notre plan de croissance, qui prévoit 15 000 collaborateurs en 2028, s’articule à 30 % autour de la croissance organique et à 70 % autour de la croissance externe. Ainsi, tout au début de l’année 2023, nous avons racheté quatre sociétés, que nous avons maintenant fini d’intégrer, et qui procèdent aussi à des recrutements. Il s’agit de l’entreprise HR Team, avec 1 000 consultants en France dans le domaine de l’IT, des cabinets de conseil français Noveane et Onefirst, et de la société indienne Yucca.

« Notre plan de croissance, qui prévoit 15 000 collaborateurs en 2028, s’articule à 30 % autour de la croissance organique et
à 70 % autour de la croissance externe
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Quels profils recrutez-vous, notamment en France, et à quel rythme ?

C’est le même schéma pour tous les pays où nous sommes présents (ndlr : 11 pays). Nous embauchons principalement pour la partie « Digital Systems » des développeurs applicatifs, des ingénieurs systèmes embarqués, des administrateurs systèmes et des profils technico-fonctionnels pour l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Pour le pôle « Performance des opérations », nous recherchons surtout des chefs de projet, des ingénieurs qualité, des acheteurs et des ingénieurs spécialisés sur les enjeux environnementaux.

Certains recrutements sont planifiés. Ils s’agit de profils récurrents, dont on est sûr qu’on aura besoin, et qu’on recrute toute l’année sans forcément savoir au moment où on signe le contrat avec le candidat sur quel projet il interviendra. Ils représentent 40 % de nos embauches. Pour le reste, ce sont des recrutements sur projets, répondant à un besoin très déterministe. 

Comment attirez-vous les talents sur un marché très tendu ?

Notre accord d’entreprise sur le télétravail offre la possibilité à nos collaborateurs de travailler à distance, chez eux, jusqu’à 50 % du temps, dans la mesure où leur mission le permet, bien évidemment. Nous les accompagnons avec tout l’environnement de travail nécessaire et le défraiement adéquat. En termes de mobilité douce, nous avons déployé une politique de participation aux frais de location de vélos électriques. Sur la parentalité, Scalian participe et abonde de manière très forte, pour certains collaborateurs, aux frais liés à des places en crèche, via des accords avec des réseaux de crèches.

Nous avons par ailleurs une politique de décentralisation des responsabilités. Nous nous appuyons de plus en plus sur des relais managériaux dans nos équipes de consultants. Ces consultants sont amenés, en parallèle de leurs missions, à exercer un rôle de management ou de chefferie de projet après avoir été formés et évalués pour ce faire.

Face à une concurrence exacerbée, comment retenez-vous les talents ?

Pendant plusieurs années, il a beaucoup été question des rémunérations, mais j’ai le sentiment que cette inflation des salaires se tasse quelque peu. Aujourd’hui, le choix primordial pour les ingénieurs en France est le projet sur lequel ils vont intervenir : typiquement les technologies, les langages sur lesquels ils vont travailler, et aussi les secteurs d’activité et les domaines d’application. Tout ce qui a trait à l’environnement, à l’amélioration continue et à la transition digitale au sens large fédère les équipes et donne envie aux ingénieurs de rester.

Nous avons également beaucoup travaillé sur les « parcours carrières » au sein du groupe, afin d’offrir de la mobilité géographique, ainsi que de la mobilité entre nos différentes divisions. Scalian propose également des parcours d’évolution au sein d’une même division, que ce soit sur des parcours techniques, de management ou d’expertise technique, avec tout un programme d’accompagnement, de formation et de certification, afin que nos consultants puissent se projeter sur des trajectoires de carrière dans le groupe à trois ou cinq ans.

“Nos consultants puissent se projeter sur des trajectoires de carrière dans le groupe à trois ou cinq ans.”

Quelles répercussions de l’arrivée de l’IA, et particulièrement de l’IA générative, dans le groupe Scalian ?

Nous n’avons pas vocation à remplacer nos forces vives par de l’intelligence artificielle, même si bien évidemment nous réfléchissons à optimiser certains sujets. Ce dont on se rend compte, c’est qu’aujourd’hui nos collaborateurs passent 80 % de leur temps à produire de la donnée et 20 % à l’analyser. Nous travaillons à inverser ce ratio et les outils d’IA vont permettre de gagner du temps sur la production de la donnée, afin qu’ils puissent consacrer leur intelligence humaine à plutôt analyser ces data et à élaborer des plans d’action.

Nous utilisons l’IA suivant deux axes : pour nos propres besoins liés à l’organisation en interne, avec un certain nombre de tests en cours, et pour nos clients. Nous mettons en place depuis septembre dernier un centre d’excellence mondial, une « Digital Factory » de 150 ingénieurs, qui permettra de définir les cas d’usage  sur lesquels déployer de l’IA chez nos clients et les solutions techniques concrètes à mettre en œuvre. Ce centre d’excellence est décentralisé : une partie des équipes se trouve en France, une autre en Espagne et une autre en Allemagne.  

 

 

Patricia Dreidemy